ActualitésAnimaux sauvagesPlan loup : un échec programmé

One Voice6 juillet 202316 min

À la suite de l’annonce de la baisse du nombre de loups en France, la présentation du nouveau Plan National d’Actions 2024-2029 sur les loups et les activités d’élevage (plus connu sous le nom de « Plan Loup ») est reportée… One Voice pose la question : l’État serait-il en train de se rendre compte que non seulement les loups ne « prolifèrent » pas, contrairement à ce qu’éleveurs, chasseurs et certains élus tentent de faire croire (par ailleurs en contradiction totale avec la biologie des loups, qui ne se reproduisent qu’une fois par an et dont le taux de survie des louveteaux est d’environ 60 %), mais que cette stratégie d’abattage d’animaux classés vulnérables est contraire au statut d’espèce protégée dont ils bénéficient ?

Alors que l’échéance du Plan 2018-2023 est proche, les premiers constats qui peuvent en être tirés sont alarmants à tout niveau : baisse du nombre de loups mais augmentation des attaques sur les élevages. Cela prouve que les tirs létaux sont inefficaces – et même contre-productifs, comme nous l’avions déjà souligné à plusieurs reprises – et que l’accent doit être mis sur les mesures de protection, notamment pour les troupeaux de bovins qui bénéficient d’une exemption incompréhensible. Le problème des chiens en divagation doit par ailleurs être étudié sérieusement.

L’État fait abattre de plus en plus de loups puis s’étonne que leur population diminue

Alors même qu’aucune communication officielle de la part de l’État n’avait encore relayé l’information, les syndicats d’agriculteurs étaient déjà au courant depuis plusieurs jours et s’insurgeaient : le nombre de loups à la sortie de l’hiver 2022-2023 aurait diminué. 906 auraient été recensés, soit 15 de moins que l’année dernière à la même époque.

Alors que cela devrait ravir leurs détracteurs, les voilà – ô surprise – qui contestent le comptage, qui serait selon eux en deçà de la réalité. Les chiffres sont exacts uniquement quand cela arrange leur communication mensongère et délétère.

S’il ne s’agissait pas de la mise à mort de plusieurs dizaines de loups chaque année, la situation porterait presque à rire. L’État, qui a chaque année augmenté le quota à abattre (passant de 51 en 2018 à 174 pour 2023 !), se retrouve bien embarrassé maintenant qu’il constate que tuer toujours plus d’individus met en danger la survie d’une espèce entière, alors même qu’elle n’atteint pas encore un seuil plancher de loups suffisant à sa viabilité. Pourtant, déjà en 2020, nous alertions le gouvernement sur le ralentissement de la croissance de leur population en France.

La présentation du Plan Loup reportée

L’absence de réaction de l’administration et des politiques sur le sujet dénote certainement un embarras de la part du gouvernement, qui subit la pression du lobby agricole menant la danse.

Pris au piège de cette nouvelle dévoilée à quelques jours de la présentation des grands axes du plan 2024-2029, les décideurs seraient finalement convenus de repousser la communication au 4 septembre prochain. Là encore, aucune déclaration officielle : l’information est trouvée dans divers médias agricoles, dont le lobby a ses entrées au gouvernement…

Il est facile de déduire de ce report que les annonces qui devaient être faites le 3 juillet allaient certainement compromettre encore plus la survie des loups, en assouplissant les conditions des tirs ou en autorisant l’abattage d’un plus grand nombre d’entre eux. On imagine donc que les grandes lignes vont être revues dans l’urgence, pour tenter de justifier au mieux le maintien des tirs létaux sur une espèce protégée en déclin et qui a, de surcroît, déjà été exterminée en France une première fois.

D’ici là, et tant que ces tirs mortels seront en vigueur, One Voice continuera de veiller à ce que les conditions minimales d’autorisation des dérogations soient réunies. Systématiquement nous dénoncerons les abus et braconnages. Nous ne céderons rien. Nous appelons le public à signer notre pétition pour demander la fin de la persécution des loups.


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Il y a un commentaire

  • ouragan

    7 juillet 2023 à 17h14

    Premièrement tout les gens sensés et sachant utiliser leur libre arbitre savent que le nombre de loup est sous estimé.
    Deuxièmement, les associations de défense de l’environnement qui participent au comptage font “remonter” peu d’indice sous estimant ainsi le nombre total de loups. Le nombre de loups qui sera possible d’abattre sera automatiquement en diminution puisqu’il est un pourcentage (environ 18%) du nombre total.
    Troisièmement la plupart des correspondants ou agent sont militants chez ferus qui demande, je cite :
    “ne transmettez plus aucune de vos données à l’ONCFS et donc au gouvernement. Détruisez tous les indices de présence du loup (recouvrement des pistes de loup dans la neige, enlèvement des crottes trouvées sur les chemins etc.).” (cf. site Internet de FERUS).

    Par le passé on a déjà eu une magouille de ce genre : Chiffres officiels ONCFS:
    Fin 2011 = 250 (taux de croissance 25%) loups dans 13 départements pour 4913 victimes (8,5% de refus) soit 5354 constatés
    Fin 2012 = 250 (taux de croissance 25%) loups dans 15 départements pour 6021 victimes (8,5% de refus) soit 6667 constatés
    2013 = 250 (taux de croissance 20%) loups dans 22 départements pour 6195 victimes (9% de refus) soit 6786 constatés
    2014 = 301 (taux de croissance 16%) loups dans 31 départements pour 8226 victimes ( 9% de refus) soit 9033 constatés
    Voici ce que déclarait à l’époque le Monsieur loup de l’ONCFS (aujourd’hui OFB) Eric Marboutin en decembre 2012 “« Il se plaît en France, indique Eric Marboutin, responsable des études sur les loups et les lynx à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Aujourd’hui, on estime à 250 le nombre d’individus qui sont installés sur le territoire français. Ce chiffre progresse d’environ 25 % par an. Biologiquement, l’espèce peut faire mieux, mais c’est davantage qu’en Espagne ou en Italie par exemple. »”

    Cherchez les erreurs!

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