C’est bien connu : les chèvres sont des animaux particulièrement malfaisants, qui représentent un danger immense pour la sécurité publique. Fort de ce constat, le maire de Melles (31) a choisi une solution radicale… et illégale : autoriser les chasseurs à tuer un groupe de chèvres abandonnées dans les hauteurs du village. Et ce alors même que de nombreuses alternatives existent. Bien entendu, ce sont toujours les mêmes qui payent l’addition : les animaux. One Voice a attaqué cet arrêté en référé devant le tribunal administratif de Toulouse. L’audience a eu lieu le 28 novembre 2023 à 10 heures. Verdict rendu : chèvres et One Voice ont mis la municipalité échec et mat.
Le 1er décembre, le juge du tribunal administratif de Toulouse nous a donné raison et a suspendu l’arrêté du maire autorisant la mise à mort de plusieurs dizaines de chèvres. Pour lui, les dégradations sur des murs en pierre et les rayures sur la carrosserie d’un véhicule sont mineures et l’imputabilité aux “caprins divagants” n’est nullement établie. Cette mise à mort n’est donc ni nécessaire, ni adaptée, ni proportionnée.
Une grande victoire pour tous ces animaux qui ne tomberont pas sous les balles des chasseurs. Et un message très clair envoyé aux maires : tuer des animaux ne constitue pas une solution, il est grand temps d’apprendre à cohabiter avec les autres êtres vivants !
Les chèvres, ces animaux si féroces
Il y a quelques semaines, la maire d’une commune des Alpes-Maritimes recevait une information glaçante : quatre chèvres avaient eu la mauvaise idée de… faire tomber quelques cailloux sur des terrains de tennis. Ni une ni deux, l’édile autorisait leur mise à mort. Bilan : 4 animaux tués. Nous avons dénoncé cette situation mais, décidément, les chèvres ont bon dos. À Melles, c’est près d’une centaine d’entre elles dont l’abattage avait été ordonné, pour des motifs ridicules.
La loi autorise le maire à prendre des mesures pour remédier à la présence d’animaux «féroces et malfaisants ». C’est bien connu, les chèvres sont des animaux assoiffés de sang qui causent des dégâts absolument majeurs un peu partout en France. Difficile de rester sérieux devant une telle absurdité…
Un massacre autorisé pourtant doublement illégal
Pourquoi ne pas avoir cherché d’alternatives ? Rappelons-le, le maire dispose de pouvoirs importants pour gérer la présence d’animaux errants. À en croire l’arrêté, aucune solution n’aurait été envisageable car les chèvres évolueraient dans une zone non accessible aux véhicules. Et ce alors même qu’il leur est justement reproché de causer des dégâts… aux véhicules. Comprenne qui pourra.
Une fois de plus, la réalité est bien loin de ce qui est avancé par la commune. Il s’agissait ni plus ni moins d’offrir des cibles faciles aux chasseurs. En temps normal, les battues administratives sont confiées à des « lieutenants de louveterie », bras armés de l’État contre les animaux. Mais, à Melles, le massacre a été confié aux tireurs du coin. Cerise sur le gâteau, cette opération aurait eu lieu… pendant toute la saison. Il faut bien faire durer le plaisir.
Pour les dizaines de chèvres et de boucs qui étaient sur le point d’être les énièmes victimes de ce loisir cruel, et alors même que 60 % des Français considèrent que la chasse est inefficace pour lutter contre les supposés dégâts causés par les animaux, nous avons attaqué et fait suspendre cet arrêté en urgence devant le tribunal administratif de Toulouse, où nous avons porté leur voix lors de l’audience du 28 novembre dernier.
Photo : © Melles Collectif Preservons Melles
Il y a un commentaire
mathilde
4 décembre 2023 à 12h28
Bravo à vous et merci pour toutes vos actiuons. Que sont devenues les chèvres ?