Le 28 novembre 2023, le ministère de l’Écologie a court-circuité l’expertise indépendante que nous avions obtenue en justice en envoyant ses propres vétérinaires à Marineland. One Voice a eu accès aux rapports rédigés par lesdits professionnels. Le vétérinaire spécialiste (lui) des orques en captivité, David Perpiñàn, est pour le moins étonné du contenu de ces documents.
Le gouvernement a envoyé ses experts pile le jour où devait être organisée la réunion avec ceux nommés par le juge, nous obligeant à la reporter. Elle est aujourd’hui fixée au 19 janvier, mais les orques seront-elles encore sur place ? En attendant, les vétérinaires dépêchés à Marineland par le ministère de l’Écologie ont conclu que Wikie, Inouk et Keijo étaient en bonne santé et que l’état des bassins, la qualité de l’eau et les conditions de captivité étaient impeccables.
Mais puisqu’on vous dit que les orques vont bien…
Les rapports des deux vétérinaires choisis par le ministère sont tellement en accord que, dans leurs textes, on retrouve aussi les mêmes fautes de frappe. Et non seulement ceux-ci n’ont pas jugé nécessaire d’observer Wikie, Inouk et Keijo pendant plus de deux heures en tout et pour tout (par comparaison, David Perpiñàn a passé deux journées entières au bord des bassins fin septembre et fait des observations nouvelles jusqu’à la fin de la seconde), mais il ne leur a pas non plus semblé bon de consulter les suivis médicaux antérieurs à 2023.
Forcés de reconnaître l’usure extrême des dents dont souffre Wikie, les comptes rendus minimisent la souffrance de ces géants des mers et se contorsionnent pour arriver à la conclusion qu’ils sont en pleine forme. Malgré la douleur continue d’Inouk, malgré les traitements lourds et récurrents qui doivent lui être administrés… Les vétérinaires sont sereins : d’après eux, Inouk prend des médicaments, donc il va bien.
Quant à Keijo, il a perdu 10 % de son poids (plus de 220 kilos) entre sa 9e et sa 10e année. Pour un adolescent en pleine croissance, quoi de plus normal qu’un tel amaigrissement ?
… d’ailleurs l’industrie de la captivité est d’accord
Les textes des vétérinaires ne citent aucun article scientifique, mais s’appuient sur les données fournies par le lobby de la captivité (l’Association of Zoos and Aquariums, l’European Association of Zoos and Aquaria et l’European Association for Aquatic Mammals), dont les recommandations ne reposent sur… rien. Wikie, Inouk et Keijo peuvent bien patauger dans une eau pouvant atteindre 21°C alors même que les températures ne dépassent pas 11°C dans les eaux où ont été capturés leurs parents, aucun problème !
Sans rapport d’autopsie pour Moana, les vétérinaires parient que sa famille ne risque rien.
Et qu’importe que la cause de la mort de Moana soit toujours inconnue plus de quarante jours après les faits – un délai jamais vu dans les delphinariums -, la conclusion des rapports est formelle : aucun facteur de risque lié à son décès ne peut constituer une menace pour les survivantes. Ah bon ? On avait compris que les conclusions de l’autopsie n’étaient pas encore connues.
Le tapis rouge est donc déroulé pour le départ imminent des orques vers le Japon. Il ne manque plus qu’un petit coup de tampon et voilà la consultation de l’autorité scientifique compétente validant l’exfiltration…
« La loi « contre la maltraitance animale » de 2021 permet aux delphinariums qui mènent des programmes de recherche scientifique de continuer à posséder des cétacés. Or ces programmes existent, ils ont toujours été une condition sine qua non de l’autorisation de détenir ces animaux. Cette loi donne l’illusion que Marineland ne peut les garder au-delà de 2026. Le parc utilise ce faux prétexte pour vendre au pire des réseaux cette famille orque si unique. Et le ministère de l’Écologie serait capable de dire qu’il a tout fait pour aider les dauphins et les orques nés en France et dont il avait la responsabilité. » Muriel Arnal, présidente de One Voice
Pour empêcher le transfert de Wikie, Inouk et Keijo vers des bassins en Asie, nous appelons le public à signer et/ou partager notre pétition et écrire à la secrétaire d’État chargée de la biodiversité ainsi qu’à ses députés. Le combat continue !
Photo : ©One Voice
3 commentaires
Dorothee Roessinger
5 janvier 2024 à 16h11
Non au transfert ! Non à l’exploitation des animaux pour le plaisir des humains ! Respectons la vie de tous les êtres vivants sur la planète. Nous ne sommes que des invités sur Terre.
Ferre
5 janvier 2024 à 7h58
Non au transfert ! Non à l’exploitation des animaux sauvages pour le plaisir des humains ! Respectons la vie de tous les êtres vivants sur la planète, car il en est de sa propre survie !
Morin
4 janvier 2024 à 22h08
Sauver ces animaux, c’est sauver l’humanité.