Dans une tentative de retour au calme en République démocratique du Congo (RDC), les gouvernements congolais et rwandais ont exigé d’un groupe rebelle qu’il se retire au mont Sabyinyo. Problème : il s’agit de l’habitat naturel des gorilles des montagnes, espèce endémique et fragilisée par les nombreux conflits qui secouent la région depuis des dizaines d’années. Aux côtés de notre partenaire sur place, l’ONG Innovation pour le Développement et la Protection de l’Environnement et de dizaines d’autres organisations, nous nous inquiétons du danger qui pèse sur la vie de ces grands primates. One Voice co-signe une lettre adressée aux autorités compétentes.
À la suite de la reprise des hostilités en 2022, la « coalition des organisations non gouvernementales de la société civile du secteur environnemental, des droits humains, fonciers et aménagement du territoire » avait déjà adressé une lettre aux présidents de la RDC et du Rwanda. Sur le territoire des gorilles des montagnes, au Sud du parc national des Virunga, à la frontière de l’Ouganda, du Rwanda et de la RDC, des combats ont lieu entre les forces armées congolaises et le groupe rebelle du M23.
Aujourd’hui, alors que les gouvernements des deux pays enjoignent aux rebelles de se replier sur ce même territoire, notre inquiétude est à son comble. Dans une nouvelle lettre aux autorités, en français, anglais et espagnol, nous nous joignons au collectif : nous redoutons que l’installation des combattants sur le territoire des gorilles des montagnes engendre une déforestation accrue et une pollution qui pourraient avoir de graves conséquences sur leur santé. À ces risques s’ajoutent ceux du braconnage et du trafic de bébés singes, ainsi que celui de la propagation de zoonoses entre les animaux et les humains. Enfin, le comportement des gorilles, traumatisés par les détonations d’armes de guerre et les mouvements migratoires qui se jouent sur leur territoire depuis des mois, pourrait être utilisé comme prétexte à un abattage systématique de ces êtres déjà si vulnérables. Nous ne pouvons laisser faire sans réagir !
Depuis l’engagement viscéral de la scientifique Dian Fossey en faveur de ces majestueux primates, nous savons que les gorilles des montagnes, loin de la mauvaise réputation qu’on leur a faite, sont des animaux intelligents, attachants, d’une grande tendresse, notamment entre membres d’une même famille, solidaires au sein de leur groupe et très joueurs. Nous savons aussi, depuis des dizaines d’années, que le braconnage et la déforestation fragilisent dangereusement leur population, déjà limitée à l’étroite zone géographique où ils évoluent encore en liberté, et c’est pour cette raison qu’une protection active de ces individus est toujours aussi essentielle.
Face au danger qui pèse sur la vie des gorilles des montagnes, et au risque que les derniers d’entre eux disparaissent sous nos yeux – et dans quelles conditions ?! -, One Voice a signé une lettre envoyée ce lundi 23 janvier, appelant à la protection de ces victimes malgré elles des conflits des humains.
Photo : droits réservés, avec l’aimable autorisation de Bantu Lukambo
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Dolores Dupont
25 janvier 2023 à 13h27
laissez vivre les gorilles en paix