Animaux non domestiquesActualitésCirque Tony Zavatta : pour les animaux « domestiques » ou sauvages, les mêmes souffrances

One Voice5 juin 20257 min

Après avoir reçu plusieurs signalements en avril témoignant notamment de l’état très inquiétant d’un chameau du Cirque Tony Zavatta (production Gougeon) et diligenté des enquêteurs sur place en mai, One Voice a déposé une plainte pour mauvais traitements  classée quasiment aussitôt, ce qui est une honte. Ces pratiques sur des animaux considérés comme domestiques pourront continuer encore longtemps car ils ne sont pas concernés par l’interdiction légale visant les cirques itinérants prévue en décembre 2028. Pourtant, leurs douleurs étant les mêmes, nous les défendons aussi.

Le 7 mai dernier, nous diffusions des images d’un lanceur d’alerte montrant un chameau détenu par le Cirque Tony Zavatta alors installé à Luçon. Contraint à quelque trois mètres de chaîne pour seul rayon de mouvement, sans eau ni abri, avec des bosses en très mauvais état, il remue sur place, présentant un comportement anormal et stéréotypé, signe clair de mal-être chez les animaux captifs. Mais il n’est pas le seul concerné par des conditions de détention délétères dans ce cirque.

Quelques jours plus tard, à La Chaize-le-Vicomte, nous filmions ce même camélidé, toujours à l’attache. Faute de liberté de mouvement suffisante, il piétine sans but pendant des heures, comme perdu dans un mirage où il traverserait de vastes contrées, comme sa nature l’y prédestinait, ou tourne autour de son piquet, reproduisant ad nauseam son numéro de dressage. Par moments, il explose, se débat, tente désespérément de se libérer.

Un peu plus loin, un autre, juvénile, s’agite, visiblement pris de crises nerveuses. Plein d’énergie propre à son âge, il préférerait certainement bondir et gambader, mais cela lui est impossible en l’état, sa cage improvisée ne faisant pas deux fois sa taille. Ses seules stimulations possibles : lécher un cordon noué ou mordiller un panneau d’affichage, accrochés à l’une des grilles de sa prison.

Autour de lui, sur ce terrain en chantier, des lamas, poneys et dromadaires, parqués dans des conditions scandaleusement similaires. Ces autres compagnons sont également enchaînés très court, cantonnés parmi des stocks de matériaux ou le long d’un chemin accessible à n’importe qui. Quand certains de ces captifs ont le « luxe » d’avoir un seau de ménage en guise de point d’eau, leur lien, dont la longueur est décidée par les circassiens, les empêche systématiquement d’aller s’y abreuver !

One Voice a déposé plainte le 16 mai pour mauvais traitements sur animaux commis par des professionnels, ce qui constitue une circonstance aggravante. Nous avons en plus demandé un contrôle en urgence par les autorités locales du patron du Cirque Tony Zavatta, l’un des membres de l’inénarrable famille Gougeon.

Ce n’est pas la première fois (tant s’en faut !) que les frères et cousins, également à la tête des Cirques Italiano, Idéal et Nouveau Cirque Triomphe — la liste n’est pas exhaustive —, se retrouvent concernés par nos plaintes. Parmi les plus récentes affaires en date, nous avons déjà fait condamner ceux du Cirque de Paris pour des sévices exercés sur Jon ainsi que sur Patty, Céleste, Marly et Hannah.

Donnant suite à notre alerte, la préfecture de Vendée nous a répondu, nous assurant de leur « vigilance à ce sujet ». Si nous sommes agréablement surpris que la gendarmerie et la police municipale aient été dépêchées sur place pour des « vérifications administratives et une inspection des animaux », nous regrettons qu’aucun service institutionnel formé à analyser les comportements animaux n’ait été également mobilisé pour effectuer des observations éthologiques. Quelles ont été ainsi les actions correctives immédiates ordonnées sur place ? Un contrôle vétérinaire ? La saisie des camélidés en mauvais état de santé ? Non, il a simplement été demandé d’augmenter la longueur de leurs attaches !

Comble de la situation, tout en classant parallèlement notre plainte sans suite, les représentants de l’État confirment le comportement stéréotypé de certains captifs. Pire, cette souffrance est banalisée en invoquant leur fatale destinée vouée à « l’exploitation du cirque ». Un aveu de moyens humains insuffisants et de complaisance des institutions envers des pratiques de maltraitance dans les cirques. La détresse réelle de ces individus sentients est annihilée par une législation lacunaire.

Même si notre plainte n’a pas abouti cette fois, nous ne céderons pas !

Rappelons que ces êtres vivants sont, aux yeux de la législation en date du 30 novembre 2021, considérés comme domestiques et ne seront donc pas concernés par l’interdiction à venir du 1er décembre 2028. Tant de belles ambitions avaient germé, et voilà que cette loi rate ses objectifs initiaux, laisse la place à diverses interprétations à la défaveur des premiers concernés, dont beaucoup continueront à être dressés, exploités… ou d’autres tout simplement oubliés comme ici, par absence de contrôles de manière générale ou qui n’en ont clairement que le nom. Pendant ce temps, les circassiens, eux, seront même indemnisés avec l’argent public pour continuer à soumettre encore et encore des individus sentients !

Une seule solution s’impose : l’interdiction totale des animaux dans les cirques. Nous appelons le public à signer notre pétition pour nous aider à faire évoluer la loi.

Photo : ©One Voice


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