On les pensait définitivement enterrées, mais le gouvernement a sorti la pelle pour leur donner une seconde chance. Depuis 2018, des dizaines de décisions de justice nous ont donné raison, et ont permis d’éviter le massacre de centaines de milliers d’oiseaux. Mais le gouvernement ne recule devant rien pour faire plaisir aux chasseurs. Sous couvert « d’expérimentations scientifiques » (qui ne feront en aucun cas avancer la science, seulement la chasse), il a décidé d’ouvrir la voie au retour des matoles, des pantes et des tenderies dans nos campagnes. Alors que les vanneaux huppés, les pluviers dorés ou encore les alouettes des champs passent déjà leur vie à éviter les tirs, nous ferons tout pour que ces arrêtés soient annulés, et que ces chasses cruelles restent le vestige d’un passé révolu.
La première audience a été fixée au 26 octobre. One Voice y défendra ces oiseaux ainsi que ceux qui seront inévitablement pris dans les pièges, car de fait, ceux-ci ne sont pas sélectifs.
Au nom de la « tradition », une souffrance insupportable pour les animaux
Un chasseur-piégeur attrape une petite alouette des champs, qui se débat, lui accroche une cordelette autour de la patte ou de l’aile et l’enferme dans une cage avant d’aller se cacher. Puis il tire sur la corde. La douleur fait hurler l’alouette, qui cherche à s’enfuir, mais elle est prise au piège. Entendant ses cris, des dizaines de ses congénères – et d’autres espèces – volent à son secours. C’est à ce moment-là que le piège se referme : des filets tombent de part et d’autre, les piégeant tous, sans distinction. Les individus sélectionnés sont ensuite tués un à un, méthodiquement, et qu’importe si d’autres sont blessés dans la manœuvre…
Au nom de la « tradition », les chasses à la glu, aux matoles, aux pantes ou aux tenderies étaient encore autorisées jusqu’à récemment. Mais c’était compter sans notre action (et celle de la LPO, avec qui nous avons mené combat en parallèle, avec deux visions complémentaires) : depuis 2021, One Voice a obtenu une décision de la Cour de justice de l’Union européenne suivie par des dizaines de décisions du Conseil d’État, qui nous ont toutes donné raison : ces chasses sont tout simplement contraires à la directive « Oiseaux ». Si la chasse à la glu n’est plus qu’un triste souvenir, pour les autres techniques, le gouvernement s’acharne et le combat juridique continue. En octobre 2022, le Conseil d’État suspendait en urgence la chasse des alouettes des champs aux pantes et aux matoles dans le sud-ouest. Nous en attendons le jugement au fond. Et en mai dernier, il imposait même au gouvernement d’abroger les arrêtés de 1989 qui autorisaient le principe même de ces chasses.
Mais le ministre est manifestement prêt à tout pour faire plaisir à ce lobby, et n’hésite pas à balayer d’un revers de main les décisions de justice de la plus haute autorité administrative du pays pour lui permettre de tuer des animaux.
Les chasseurs, ces « scientifiques » bien connus, à la fois juges et partie !
Pour permettre la mise à mort de plusieurs milliers d’oiseaux en plus, le gouvernement a ou va lancer, dans cinq départements, une « expérimentation » afin de démontrer que ces modes de chasse seraient sélectifs. Et ce alors même que, concernant la chasse aux pantes et matoles, le Conseil d’État a d’ores et déjà tranché la question. Et bien évidemment, ces expérimentations seront menées par… les fédérations départementales des chasseurs. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, n’est-ce pas ! Et on se targue d’être de grands scientifiques avec ça…
Nul besoin d’être un spécialiste pour bien voir que ces expériences n’ont de scientifique que le nom. Menées par les chasseurs et pour les chasseurs, cette mascarade a un seul objectif : ouvrir la voie au retour des pantes, des tenderies et des matoles. Dans les Ardennes, ce ne sont pas moins de 500 vanneaux huppés qui vont être ainsi capturés, et 15 pluviers dorés. Dans le Lot-et-Garonne, 1000 alouettes des champs vont finir dans les filets et les cages. Trois autres départements (Gironde, Landes et Pyrénées-Atlantiques) doivent encore publier leurs arrêtés. Nous prévoyons de les attaquer également.
Ils s’abriteront derrière la « science », ils diront que les oiseaux ne seront pas tués et invoqueront la « tradition ». Mais peu importe : contre ces modes de chasse barbares, nous porterons toujours la voix des animaux et de 83 % des Français qui souhaitent que ces pratiques disparaissent (sondage Ipsos/One Voice 2022). Nous attaquons ces arrêtés, et serons au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne le 26 octobre à 11 h 30 (pour les Ardennes).
Mise à jour :
Tous les arrêtés préfectoraux prévus sur les expérimentations des chasses traditionnelles en 2023 ont été publiés, et tous les référés suspension et recours au fond de One Voice envoyés aux tribunaux administratifs correspondants également.
En plus de l’audience déjà prévue et annoncée (ci-dessous) le 26 octobre à Châlons-en-Champagne, une autre s’est ajoutée au calendrier, et aura lieu à Bordeaux pour le Lot-et-Garonne le 27 octobre.
Il est probable que ce même tribunal administratif audience le recours concernant la Gironde le même jour, mais restera à confirmer. Le TA de Pau quant à lui, n’a pour l’heure pas fixé de date d’audience non plus concernant nos requêtes pour les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Photo : ©One-Voice