On se demandait encore il y a peu ce que la France pouvait bien avoir contre ses oiseaux, et contre les corvidés en particulier. Le feuilleton continue… Cette fois, ce sont les choucas des tours qui sont la cible de la préfecture du Morbihan. Le préfet vient d’autoriser le massacre de 1800 de ces oiseaux pourtant issus d’une espèce protégée, du 26 avril à la mi-décembre 2022. Et il se ménage la possibilité de porter ce plafond à 3000 individus ! One Voice demande l’annulation et la suspension en urgence de cet arrêté. L’audience en référé est prévue le 25 mai à 10h au tribunal administratif de Rennes.
Comme d’habitude – on croirait les arrêtés préfectoraux copiés-collés les uns sur les autres quels que soient les départements -, les motifs invoqués sont des « dégâts importants aux cultures ». Pourtant, ces dégâts sont en forte baisse par rapport à l’année dernière, et rien n’indique que les choucas des tours en sont les responsables. Pour appuyer ces arguments, nous avons une étude à opposer à la préfecture.
Changer les pratiques agricoles, mieux connaître les espèces et trouver des alternatives aux tueries
Dans cette étude, deux éléments sont également soulignés.
D’une part, la nécessité de trouver des solutions alternatives à l’abattage d’animaux. La pertinence de cette « solution » devant être remise en cause (plusieurs études ont en effet mis en évidence le caractère inefficace voire contreproductif de ces hécatombes générées par les humains). D’autre part, qu’il est indispensable de mieux connaître l’espèce pour apporter des réponses de lutte contre les dégâts éventuels, avant qu’ils aient lieu.
Elle mentionne également plusieurs possibilités d’évolution des pratiques agricoles.
Un allié de taille
Ces éléments sont repris par le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) qui a rendu un avis défavorable à propos de cet arrêté. Nous ne sommes donc pas seuls à soutenir ce point de vue.
Détourner l’étude dans son intérêt : la fin pour justifier les moyens ?
La préfecture invoque uniquement l’estimation des populations dans le département figurant dans cette étude de mars 2022 pour justifier le plafond de 1800 oiseaux alors que l’étude indique clairement que cette estimation ne peut pas servir de base pour définir un quota de « prélèvement » !
Les oisillons risquent l’agonie !
Par ailleurs, ces destructions vont intervenir en pleine période de nidification et d’élevage des petits. On rappelle que selon la Cour de justice de l’Union européenne, le bien-être animal doit être pris en compte par l’autorité qui accorde la dérogation… donc par la préfecture. En effet, dans le cadre de ces « destructions » à tir, les choucas qui ne seront pas tués sur le coup pourront agoniser, de même que les petits dont les parents seront tués qui seront condamnés à mourir de faim.
Toutes ces raisons nous ont amenés à demander la suspension en urgence de cet arrêté qui autorise un abattage massif et imminent de milliers d’oiseaux issus – qui plus est ! – d’une espèce protégée et porte une atteinte grave à leur bien-être ! Nous demandons également l’annulation de cet arrêté via un recours au fond qui sera jugé ultérieurement. Le juge des référés a fixé la date de l’audience au 25 mai au tribunal administratif de Rennes.
Photo © : hedera.baltica – CC BY-SA 2.0
2 commentaires
Moret
16 mai 2022 à 10h58
Si il y a une loi qui les protège comment ce mayeur ose t il l’a renier, il est hors la loi? Les sociétés protectrices ont la justice pour eux.j’espere que les juges leur donneront raison, courage
Ansquer
16 mai 2022 à 9h09
Pourquoi toujours vouloir déloger, tuer toutes les Vies Animales. Les gens ne supportent plus rien, alors que ce sont eux qui s’installent sur leurs territoires. Stop aux tueries des Choucas et autres Animaux….