Dès la page 9 du livre d’Arno, nous pouvons lire : « A travers ce journal transparait donc l’amour pour mes parents et celui pour les animaux ». Lorsque votre fils va sur le terrain des liens qui vous unissent, il place les animaux en première position. Tout au long du journal, Arno met l’accent sur le fait que vous avez toujours eu des animaux et que ces derniers sont placés avant vos enfants. Ainsi même votre fils a considéré votre wistiti comme étant sa première sœur. Où les situez-vous ?
Les animaux ne sont pas placés avant nos enfants qui sont toujours une priorité absolue; mais les animaux sont plus fragiles que les enfants : ils ne comprennent pas toujours les situations auxquelles ils sont confrontés et, en fait, il faut s’occuper d’eux quotidiennement sur les plans physique et affectif. Si l’on veut vraiment être heureux avec les enfants et les animaux, il faut passer beaucoup de temps avec les uns et les autres. Les animaux sont aussi sensibles que les êtres humains; ou bien on les aime et on les respecte ou bien on les considère comme des êtres inférieurs qui enjolivent la vie. Pour nous vivre avec un animal est fusionnel.
La paix entre les hommes et la paix avec les animaux vont-ils de pair ?
En temps de paix entre les hommes, le bien-être animal progresse. Je ne sais pas ce que signifie “la paix avec les animaux” : s’il s’agit de ne plus tuer les animaux pour se nourrir, ce n’est pas pour demain.
Arno souhaite faire évoluer positivement le droit animalier, en quelque sorte le réparer… Peut-on faire un parallèle entre votre volonté de réparer le passé et la volonté de votre fils de réparer la vision du droit animalier ?
Ce qui s’est passé durant la Shoah est irréparable : un 1/3 du peuple juif assassiné. J’ai contribué à restituer aux victimes leur identité, à retrouver les visages des enfants déportés; à découvrir les documents organisant ou documentant la Shoah. Beate et moi avons toujours lutté contre l’antisémitisme là où les Juifs étaient persécutés : en Iran, en Syrie, au Liban, dans les pays de l’Est. Arno, en contribuant à modifier le droit animalier, améliorera le sort des animaux. Il se peut que cela soit peine perdue pour les espèces sauvages tant la démographie humaine explose et on peut légitimement se demander quelle place auront alors les animaux pour vivre en liberté.
Etes-vous du même avis qu’Arno lorsqu’il écrit : « Pour les animaux d’élevage, il n’y a pas de dieu comme il n’y avait pas de dieu pour les familles juives impitoyablement assassinées pendant la Shoah » ?
Tout à fait du même avis.
Est-il possible de faire un parallèle entre les migrants et les chats errants, quant au désarroi que procure de telles situations ? (p.111)
Les chats errants cherchent inconsciemment un foyer où s’installer et vivre paisiblement, les migrants cherchent un pays où travailler et / ou envoyer de l’argent à leur famille ou à les faire venir auprès d’eux. En tous cas chats errants et migrants essaient d’éviter fourrières et forces de police. Des styles de vie un peu comparables…
A lire les différents propos d’Arno, la bienveillance doit dépasser le cadre humain en englobant tous les êtres vivants. Qu’en pensez-vous ? De plus, doit-on se soucier du regard des autres lorsque l’on agit avec bienveillance ?
Toutes les espèces animales sont des trésors même si elles s’entretuent. Sauf en cas d’intérêt général (épidémie) ou de légitime défense, la bienveillance des humains envers les animaux devrait être la règle (ne plus traiter de “vache” quelqu’un de méchant, la vache étant le plus pacifique des animaux et le plus généreux pour l’homme)
Y- a-t-il plus d’humanité chez les animaux que chez nous ?
Certainement pas plus d’humanité mais plus d’innocence.
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Savoir Animal
La rédaction - Savoir Animal