ActualitésAnimaux sauvagesInterview de Marc Giraud

Savoir Animal9 décembre 202124 min

Voici deux livres militants, complémentaires et éclairants, qui comportent une signature commune. Savoir Animal a donc demandé à Marc Giraud, journaliste et Porte-parole de l’ASPAS, de nous expliquer le contenu de ces deux ouvrages, et nous dire ce qu’ils peuvent apporter à la défense de la cause animale.

Qu’avez-vous voulu dénoncer dans ce premier livre « Qui veut la peau des écolos » ? La situation est-elle si grave que ça ?

Oh oui ! C’est un livre de lanceurs d’alerte. Des pressions de plus en plus fortes s’exercent contre les écologistes, au point que nous pouvons nous demander si nous sommes encore en démocratie. Pressions financières, juridiques, administratives, médiatiques… sans parler des violences sur le terrain, le naturaliste que je suis en sait quelque chose. Des éleveurs anti-loups et des chasseurs ont organisé une manif hostile sous les portes mêmes de notre siège dans la Drôme, avec la bénédiction du préfet ! D’autres associations ont carrément vu leurs locaux saccagés, et les auteurs, identifiables, n’ont jamais été poursuivis.

À l’ASPAS nous avons proposé le #OSEZPARLER pour recueillir des témoignages sur les violences exercées par des chasseurs, et vous n’imaginez pas le nombre d’exactions dont sont victimes les ruraux. Injures et menaces armes à la main, balles qui sifflent d’un peu trop près, chats, chiens, chèvres ou chevaux abattus, etc., parfois avec le soutien du maire ! Quant aux associations de protection, elles voient souvent leurs subventions supprimées (au bénéfice des chasseurs chez Laurent Wauquiez ou Xavier Bertrand), elles doivent licencier et c’est autant d’actions d’intérêt public qui sont empêchées. Les mouvements citoyens représentent un contre-pouvoir, et le pouvoir n’aime pas ça…

Ce livre, que nous avons co-écrit avec Danièle Boone, une collègue JNE (Journalistes-Écrivains pour la nature et l’écologie), entend révéler la réalité sur ce bashing des écologistes à tous les niveaux. Nous rappelons que l’on tue presque un activiste par jour dans le monde. En France nous n’en sommes pas là, mais souvenons-nous de l’affaire du Rainbow Warrior, ce navire de Greenpeace saboté sur une décision d’État : un photographe y a laissé la vie, et ça aurait pu être pire. Le jeune botaniste Rémi Fraisse, lui, a été tué par une grenade pendant une manifestation contre un barrage à Sivens, et Jérôme Laronze, éleveur harcelé par les pressions administratives, a fini abattu par un gendarme. Nous ne sommes pas dans le léger.

En quoi l’écolobashing menace-t-il la démocratie ?

Les écologistes ont « le tort d’avoir raison ». Ils sont une cible privilégiée des lobbies, car ils gênent leur course effrénée au profit. Donc on les étouffe, ce qui est le contraire d’une démarche démocratique. Morgan Large, une journaliste bretonne que nous citons, a vu sa voiture sabotée, et aurait pu y perdre la vie : elle a osé s’attaquer au lobby agro-industriel. Avec la création en 2019 de la cellule Déméter par l’État, en partenariat avec la FNSEA « contre l’agribashing », les lanceurs d’alerte ont de plus en plus de mal à montrer ce qui se passe dans les abattoirs, par exemple. L214 est directement visée : on criminalise les activistes pour mieux les museler. La liberté d’informer, comme celle de manifester, est menacée.

La manipulation psychologique de masse par des technologies de plus en plus intrusives et obligatoires, « l’infobésité » qui masque l’essentiel en nous saturant d’informations superficielles dans les médias dominants, l’inversion générale des valeurs à laquelle nous assistons aujourd’hui, tout ça est inquiétant. Mais il faut le savoir et le regarder en face pour pouvoir le combattre.

Justement, le deuxième livre, le « Guide pratique de l’écoguerrier », donne des armes pour agir ?

Exactement ! Nous sommes accablés par le poids des lobbies et l’inertie des politiques, et on nous demande souvent : « Mais qu’est-ce que je peux faire, moi, à mon petit niveau ? ». Cette super enquête de la journaliste Catherine Levesque (JNE également) répond à la question. Elle nous révèle qu’il existe une variété incroyable de possibilités d’actions, et qu’elles marchent. Tant de personnes ont ouvert des voies de luttes originales et efficaces, c’est galvanisant ! Quel que soit le domaine qui vous intéresse, de la cause animale au nucléaire en passant par les finances ou l’agriculture, un large éventail d’actions nous est présenté. Et de la simple adhésion à une association jusqu’à la désobéissance civile, chaque niveau d’implication est indiqué, ainsi que ses chances d’efficacité, voire les risques encourus quand il y en a. Comme ça vous savez tout !

Ce sont des livres atypiques pour un naturaliste

Oui, mais nous les avons réalisés à plusieurs ! Habituellement je publie sur les animaux et la nature, mais il y a une logique, car je suis un militant actif, et j’ai conscience de l’urgence de la situation : l’heure est à l’action. Grâce au travail de Danièle et de Catherine, voici donc deux outils pour aider chacun à faire sa part, et contribuer à faire avancer le monde.

À lire :

Qui veut la peau des écolos, enquête sur les dessous de l’écolobashing, Danièle Boone et Marc Giraud, éditions Double Ponctuation 2021.

Guide pratique de l’écoguerrier, Catherine Levesque, direction Marc Giraud, illustrations Robbert, Delachaux et Niestlé 2021.

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La rédaction - Savoir Animal

2 commentaires

  • corbel stephane

    10 décembre 2021 à 4h09

    no surrender !

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  • corbel stephane

    10 décembre 2021 à 4h07

    ne nous laissons pas faire ! ! et comme le disait pendant la dernière guerre mondiale SIR WINSTON CHURCHILL “ne jamais capituler jamais jamais jamais !

    Répondre

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