Le 5 février, vous organisez la 5e édition de la Journée mondiale des intelligences animales, un thème dont on parle de plus en plus souvent, pourquoi ?

C’est en effet un sujet qui prend de l’ampleur et il faut s’en réjouir. Après des siècles à avoir considéré l’homme au-dessus de tous les autres animaux qui étaient bêtes, sales, violents, nous sommes en train de comprendre les intuitions géniales de Charles Darwin. Il disait que dès qu’il y a du vivant, il y a de l’intelligence. Il a étudié de nombreux animaux, même méprisés comme les vers de terre qui le passionnaient. Aujourd’hui les progrès de la science et de la technologie – les puces miniatures, les drones, l’informatique avec le parage des savoir etc. – nous permettent d’observer et d’étudier beaucoup mieux le monde animal qui est un domaine incroyables de stratégies, de collaborations, d’associations et d’intelligence. Pour survivre, il faut s’adapter et être malin. Parfois même beaucoup plus que les humains. Quand j’ai découvert ce domaine de recherche fascinant, j’ai voulu porter la parole de tous ces experts que l’on voit et que l’on entend trop peu auprès du grand public. J’ai donc créé deux évènements, l’Université d’été de l’animal en Bretagne fin août et la Journée mondiale des intelligences animales début février à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris. Des journées de conférences, d’échanges avec des spécialistes. Et puis un site (l’animal et l’homme) et une chaîne youtube (Les intelligences animales) pour écouter des interviews et lire des infos sur les talents souvent méconnus des animaux, des éléphants aux pigeons en passant par les orques ou les écureuils. Enfin, les textes de ces conférences sont réunis dans des livres, publiés chaque année. Ce domaine est particulièrement dynamique, des études sont publiés chaque semaine, et exaltant dans une époque assez déprimé. Les animaux nous apportent une grâce, une sagesse, des leçons de vie et un nouveau regard sur le monde, ne serait-ce qu’en nous montrant qu’ils partagent de nombreuses choses avec nous.

C’est d’ailleurs le sujet de la première intervention de la journée du 5 février

Absolument, nous commencerons avec l’éthologue Jessica Serra qui nous parlera de « la bête en nous » -et des nombreux points communs que nous avons avec les animaux qui, comme nous, souffrent, cherchent le bonheur, développent des stratégies, ont des vies de famille, sont des parents attentifs etc.

L’après-midi sera axée en particulier sur le chat

En effet, un animal particulièrement aimé. Mais ça n’a pas toujours été le cas, bien au contraire. L’historien Eric Baratay nous montrera à quel point cet animal symbolise nos erreurs de jugement. Martyrisé et méprisé au 18^ème siècle, il est aujourd’hui adulé et chouchouté, souvent de façon excessive. Mais comme tous les autres animaux, ils s’adaptent. Et nos relations avec eux changent en fonction des époques et des modes. Le travail d’Eric Baratay permet de réfléchir à nos rapports qui ne sont pas toujours sains avec les animaux. Rapports de servitude, de domination, d’adoration. L’animal est souvent celui qui sert notre égo. Or cet excès d’égo engendre beaucoup de souffrance animale dont nous ne sommes pas toujours conscient et j’y consacre une chapitre dans mon dernier livre sur « Mon année 0 souffrance animale « (Leduc). Ces problèmes relationnels existent aussi entre humains. Et le 5 février, nous aurons le témoignage bouleversant de Michèle Bourton, martyrisée par sa mère et sauvée par des chats errants avec qui elle dormait dans la cave, qui l’ont aimée, protégée et aidé à supporter sa souffrance. Son histoire est incroyable car elle a rencontré un « bon génie » qui a pu l’adopter et lui a offert une vie normale. Elle est devenue chanteuse puis enseignante et a créé l’école Candide où des chats en liberté se baladent de classes en classes pour sécuriser et aider les élèves.

Vous parlez d’amitié entre des enfants et des chats, on parlera aussi d’une drôle d’amitié entre un loup et un lion

C’est en effet l’histoire du film « Le loup et le lion » sur l’amitié improbable entre deux prédateurs qui vont vivre ensemble par accident alors que normalement ils ne se rencontrent pas dans la nature. Son réalisateur, Gilles de Maistre, nous racontera le tournage incroyable de ce film car cette amitié a fini par exister dans la réalité. Les acteurs, des loups et des lions, ont été élevés ensemble, ont partagé des moments forts et sont réellement devenus inséparables. Les lions par exemple ont appris à jouer comme leurs copains loups en creusant des trous ! Ce film est une jolie histoire mais avec un fond militant contre la maltraitance animale notamment dans les cirques

Justement votre parrain est André-Joseph Bouglione

C’est un grand bonheur qu’il soit présent car son action est importante avec la loi sur la maltraitance animale qui interdit les animaux sauvages dans les cirques itinérants d’ici 2028. André-Joseph Bouglione a été un des acteurs importants de cette évolution car avec sa femme Sandrine, ils ont dompté des fauves pendant des années jusqu’à leur prise de conscience en 2015 . Et tels des lanceurs d’alerte, ils ont eu le courage de renoncer à cette forme de spectacle, en se mettant à dos tout le milieu et leur famille pour militer et prôner un cirque sans animaux. Ils viennent de lancer leur éco-cirque 100% humain dont les animaux sont des hologrammes. Il nous expliquera sa démarche et comment on peut aimer le cirque tout en respectant une éthique. Et vivre tous ensemble dans le respect.

La journée est gratuite, retransmise en direct sur la chaine Youtube de la Cité des Sciences et de l’industrie, toutes les informations et le programme sur : www.lanimaletlhomme.com

Yolaine de la Bigne, Fondatrice de l’Université d’été de l’animal, et de la Journée mondiale des intelligences animales

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