Culture contemporaineActualitésQuestions à Camille Brunel, Ces jeunes qui défendent les animaux

Savoir Animal4 mars 20246 min

Camille Brunel, écrivain, a rencontré des jeunes qui ont pour volonté de faire avancer la cause animale. On ne peut qu’être admiratif de leur fougue et de leur droiture en matière animalière. Ce livre est paru aux éditions de La Martinière

A la base, c’est une commande ! Fin 2022, j’ai reçu un coup de fil de Marie Bluteau, éditrice à la Martinière Jeunesse, et responsable également de la collection « ALT » – vous savez, ces petits fascicules blancs et colorés, dans lequel on retrouve notamment Peut-on aimer les animaux et les manger de Guillaume Meurice. Bref, Marie Bluteau avait publié un ouvrage intitulé Ces jeunes qui changent le monde, de Julieta Piñeda & Pierre Ducrozet, et elle envisageait une suite spécifiquement axée autour des jeunes animalistes. J’avais carte blanche.

Ceci étant, j’ai bientôt 38 ans – c’est-à-dire l’âge où l’on se rend compte que des personnes que l’on considère beaucoup plus jeunes que soi… Sont déjà adultes aussi ! J’ai donc tenu à mettre en avant cette nouvelle vague de l’animalisme qui n’est déjà plus la mienne. Les fondamentaux, eux, n’ont pas bougé, le monde étant encore effroyablement spéciste dans son ensemble. Parler de la jeunesse, c’est aussi une façon de montrer que c’est une lutte continue, et qu’il est fondamental d’y former les jeunes générations, très curieuses de ces questions.

Ce livre, c’est une façon de transmettre les bases de l’animalisme, toutes les justifications qui en font un combat légitime et urgent, de les transmettre aux jeunes, avec des jeunes… mais le livre s’adresse à tout le monde évidemment. Le public m’a simplement amené à être le plus pédagogique possible ; mais la pédagogie s’adresse aux adultes aussi. C’est un vrai petit manuel de l’animalisme d’aujourd’hui, un panorama.

Oui, j’en suis convaincu ! Ce n’est pas évident tous les jours, mais au moins sur la question animale, je pense que la société avance dans le bon sens. Même notre gouvernement, qui grignote les lois défendant les humains, a plutôt tendance à étendre les droits accordés aux animaux (je pense par exemple à l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques, à l’abolition des élevages de visons, aux delphinariums lentement poussés vers la fermeture…).

Surtout, la société est beaucoup plus en avance que le gouvernement sur la question animale, et c’est particulièrement encourageant. Les jeunes gardent pour eux, au fil de leurs révoltes adolescentes, l’attachement aux bêtes que l’on apprenait aux autres générations à laisser derrière elles en vieillissant. La cause écologiste, la cause féministe, et beaucoup d’autres, s’articulent chez ces jeunes animalistes qui voient dans leur combat une façon d’éduquer leurs prédécesseurs sur Terre. C’est encore une histoire de pédagogie !

C’est l’effet Greta Thunberg : on a longtemps cru que « c’est avoir tort que d’avoir raison trop tôt » (c’est de Yourcenar !), mais aujourd’hui, la Gen Z ne rougit pas à l’idée que les Millenials, les Boomers & Cie aient besoin qu’on leur remette les points sur les i. Et quand on voit l’état de la planète, difficile de leur donner tort.

L’idéalisme de ces jeunes, nés entre 1997 et 2013, est nourri aux nouvelles technologies, et à la culture de l’information continue. Ils et elles grandissent avec un smartphone dans la main ou un ordinateur connecté dans leur chambre, et la possibilité de s’informer. Je pense à l’une de mes héroïnes qui raconte avoir simplement googlé dans sa chambre, un soir de procrastination peut-être, le mot « abattoirs »…

Ils sont non seulement l’avenir de la protection parce que factuellement, ce seront elles et eux les députés de demain, au Parlement européen, voire à l’Assemblée Nationale, mais leur manière de faire est un modèle. Et par là j’entends : leur rectitude et leur exigence morale. Leur courage, bien sûr. Et aussi cette façon de trouver évidente la lutte, par exemple, contre les abattoirs. Lorsqu’on a grandi à l’époque des barbecues décomplexés et des pots même pas catalytiques, il peut arriver qu’on se demande si l’on exagère pas en réclamant l’abolition des abattoirs. Les Gen Z sont droits dans leurs bottes. De vrais exemples.

Oh non pas du tout. Paola, héroïne du chapitre 8 consacré à la corrida, a même insisté pour que je précise qu’elle s’engageait également contre les cirques, les zoos, les delphinariums… Elle est de tous les combats ! Mais j’aimais bien donner l’impression d’un chapitre par personnage et par spécialité – cela donne un petit côté Avengers qui n’est pas pour me déplaire. Ou Justice League, je ne suis pas sectaire !

Mais dès lors que l’on s’intéresse à l’antispécisme, il est rare de s’engager pour les animaux en favorisant certaines espèces plutôt que d’autres. Les deux chapitres de la fin correspondent à deux chercheuses et un chercheur, qui ont fatalement leur spécialité, mais l’écrasante majorité des personnes dont je dresse le portrait sont véganes (peut-être même toutes : je n’ai pas posé la question à tout le monde !), ce qui en dit long sur l’étendue de leur empathie.

Quant aux jeunes de Darwin Forever, qui sont l’occasion de parler des abandons d’animaux domestiques, ils vivent près d’Antibes et sont très mobilisés également contre le Marineland et pour la protection des milieux marins. Et puis Alice – chapitre sur l’alimentation – fait partie du Campus Animaliste, l’organisation de jeunesse du Parti, ce qui recoupe avec le chapitre sur la politique…

Trois chapitres du livre se passent hors de France, et j’en suis très très fier : le troisième chapitre, portrait d’Andrew qui lutte contre le braconnage et le traffic, se passe sur Bornéo ; le neuvième, sur Maeva & Alida, cétologue et membre de l’association Cétamada, se passe à Madagascar ; le dixième chapitre, consacré à Fatou, étudiante en ornithologie, se passe au Sénégal. J’avais à cœur de montrer, comme avec mon roman Ecatepec, paru quelques mois plus tôt aux éditions Alma, que l’animalisme n’est pas une lubie d’Occidentaux comme on voudrait nous le faire croire. La sensibilité aux animaux est universelle, a fortiori chez les plus jeunes. Car il s’agit avant tout d’une sensibilité pour la justice.

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