Parlez-nous de votre parcours s’il vous plaît Céline Gardel ?
Parlez-nous de votre parcours s’il vous plaît Céline Gardel ?
Originaire de Toulouse, j’ai eu la chance de profiter des charmes de la ville rose durant mes années « étudiant » à l’UT1, à 2 pas du Capitole ; où je vis encore aujourd’hui. Dans l’intervalle, j’ai visité la France au gré des mutations ..
Titulaire d’une maîtrise de droit intitulée « carrières judiciaires et sciences criminelles », j’ai été reçue au concours d’officier de Police en 2003. J’ai donc intégré l’ENSOP (Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Police) à cette époque au sein de la 8eme promotion.
En sortie d’école, l’été 2004, j’ai été affectée à la Police Aux Frontières du Haut Rhin (68), où je suis restée 7 ans dont les 2 dernières années au Service de la Police aux Frontières de l’aéroport de Bâle Mulhouse, qui a la spécificité d’être binational, au carrefour de la Suisse et de l’Allemagne, au cœur de la jolie région d’Alsace. Ce fût une expérience très riche.
Ensuite, j’ai eu l’opportunité et la chance d’intégrer l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales sis l’Ecole Militaire Paris 7, où j’étais détachée. En parallèle, grâce une VAE, j’ai intégré un master en bioéthique et psycho-traumatologie à l’université de médecine Descartes Paris 5.
Mon profil atypique et cette double casquette m’ont permis d’intégrer une création de poste au sein de la Direction des Ressources et des Compétences de la Police Nationale en qualité de chargée de mission du Sous-Directeur de l’Accompagnement et du Soutien des Agents de la Police.
J’étais notamment responsable de l’élaboration du « Guide santé et sécurité au travail » et par ailleurs en charge des « enquêtes dépaysées » que la SDASAP (Direction de l’action sociale et de l’accompagnement du personnel) effectue en cas de suicide de policier (99 enquêtes en 25 mois). C’était humainement riche, mais aussi très éprouvant.
En 2018, suite à une parenthèse consécutive à une blessure en service, je suis arrivée à l’Ecole Nationale d’Application de la Police Nationale où j’exerce encore aujourd’hui.
Vous êtes aujourd’hui présidente d’une association de protection animale Les 4 pattounes, qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?
En arrivant à Toulouse j’ai décidé de m’engager bénévolement auprès de la SPA. Rapidement, j’ai été dirigée vers le pôle « enquêtes de maltraitance ». Il y a un volume important de signalements et c’est aussi une délinquance très spécifique. J’apporte ainsi ma petite pierre à l’édifice et je me sens réellement utile ici, je n’ai jamais pu « décrocher ».
Nos collègues n’ont pas vraiment le temps de s’investir sur cette thématique qui nécessite des connaissances précises. Le champ est laissé libre aux associations de protection animale. C’est un monde de passionnés, aux intentions louables mais leurs réponses ne sont pas toujours adaptées.
J’ai pris l’habitude de passer voir les collègues du département pour échanger sur les signalements. Petit à petit, on a créé un groupe d’échanges pour faciliter la communication et ainsi gagner en efficience dans la prise en compte de ces signalements.
Nous nous sommes entourés de partenaires d’horizons riches et variés, au carrefour de la cause animale : vétérinaires, avocats spécialisés en droit animalier, gendarmes, pompiers, Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, éducateurs canins et enfin le procureur de la République de Saint-Gaudens s’est joint à nous.
En mai 2019, j’ai fondé l’association Les 4 pattounes dont je suis la présidente. Je voulais quelque chose d’innovant.
Quels sont les actions de votre association ?
L’Association Les 4 pattounes s’organise autour de 4 piliers :
- Financer : en proposant des évènements (concerts, collectes, jeux concours etc..) pour récolter des fonds destinés à aider les animaux en refuges : financement de soins, achats alimentaires par exemple,
- Promouvoir les adoptions en présentant notamment les animaux à adopter sur notre site internet,
- Sensibiliser les jeunes générations sur les abandons et la protection animale par le biais de partenariats avec des écoles ou collèges,
- Lutter contre la maltraitance grâce à notre maillage de forces de l’ordre bénévoles impliqué sur le Grand Toulouse. Ce réseau se compose actuellement de policiers nationaux, policiers municipaux et des gendarmes. Mais il comprend également des vétérinaires du conseil de l’ordre, des avocats spécialisés en droit animalier, des magistrats dont un procureur, des députés, l’ école vétérinaire de Toulouse pour ce qui concerne notamment les NAC (nouveaux animaux de compagnie), la Mairie de Toulouse, la DREAL et des éducateurs canins.
Comment peut-on former et sensibiliser davantage les forces de l’ordre sur ces sujets ?
Le manque de formation est en effet un réel frein à la prise en compte de cette délinquance spécifique. Malheureusement, nous sommes les champions d’Europe des abandons. On en compte au moins 200 000 par an et très peu d’auteurs sont poursuivis.
J’ai donc eu à cœur de partager une boîte à outils destinée à répondre à la diversité des signalements, puis nous avons travaillé à la réalisation d’une mallette pédagogique.
Cette dernière a bien sûr été proposée aux autres associations du 31, mais également aux différents maillons institutionnels tels que des magistrats, policiers, policiers municipaux et gendarmes sur Saint Gaudens ; ou encore la police municipale de Toulouse et aux élèves cadets de la République de la ville.
Le 06 juillet dernier, nous sommes intervenus devant les élèves de la 259 ème promotion de gardiens de la paix de l’école de Toulouse.
La formation s’articule autour de trois axes : l’intervention face à un chien stressé ou dangereux, la réglementation des chiens de catégories et enfin le traitement des infractions liées aux atteintes à l’intégrité ou à la vie des animaux.
Afin qu’ elle soit dispensée au plus grand nombre, nous avons eu l’idée de mettre en place une e-formation. Elle a été mise en ligne lundi 28 juin dernier, en écho à la journée contre les abandons prévue le samedi 26 juin.
Pour y accéder gratuitement, il suffit de scanner directement le QR code de l’affiche, ou de se rendre sur notre site internet : www.les4pattounes.com
Nous la partageons avec l’ensemble des maillons impliqués, tel que les forces de l’ordre mais aussi l’ENM, les écoles d’avocats, les pompiers…
Nos collègues ont ainsi un accès libre au contenu, afin d’intervenir dans de meilleures conditions. Ainsi ils ne se retrouvent plus démunis contre ce type de délinquance. Il s’agit d’une boite à outils complète qui s’adresse aux effectifs de terrain. Des conseils sont dispensés par nos experts : le procureur de la République de Saint-Gaudens, des avocats, des éducateurs canins, une vétérinaire et également le coordonnateur régional des chiens de défense et d’intervention de la police nationale.
Il s’agit vraiment d’une formation pratique qui aborde des thèmes quotidiens rencontrés par les policiers : les chiens errants, les animaux abandonnés au soleil dans un véhicule, la vente à la sauvette, les ventes frauduleuses sur Le Bon Coin, l’abandon…
Je précise que cette formation est gratuite. À l’issue, nous proposons un quizz et délivrons un diplôme personnalisé.
Jusqu’au 15 septembre, nous avons organisé un jeu-concours et les gagnants remporteront une ballade avec des huskys pour quatre personnes ou une séance photo avec l’un de nos partenaires toulousain Factory 5.42
Est-ce-que votre cause a été entendue au sein de votre Administration ?
En 2022, un module largement inspiré de la e-formation, sera intégré à la formation initiale des gardiens de la paix et des policiers adjoints. C’est un réel pas en avant… Maintenant il faut avancer sur la formation continue pour répondre au besoin des collègues en poste.
Mon prochain « cheval de bataille » pour rester sur le registre animalier sera d’œuvrer pour une unité d’intervention spécialisée en protection animale, à l’instar de celle des mineurs, afin d’avoir les moyens d’ appliquer réellement l’arsenal législatif exponentiel en la matière, et ainsi poursuivre les auteurs de cruauté animale. Des échanges sont en cours avec la Direction Centrale de la Sécurité Publique, notamment sur une expérimentation locale.
Madame la Députée Corinne Vignon qui soutient fortement notre association est intervenue auprès du Premier Ministre et du Ministre de l’Intérieur en ce sens.
Votre association a énormément travaillé et un sacré chemin a déjà été parcouru en peu de temps, que peut – on vous souhaiter à l’avenir ?
Comme je l’évoquais plus haut, il y a 2 freins à la prise en compte de cette délinquance spécifique : la formation et les moyens d’intervention.
Je suis TRÈS heureuse que nos futurs collègues puissent bénéficier en formation initiale de ce module « protection animale », je remercie ici la sous-direction des méthodes et de l’appui et particulièrement le Commandant Echelon fonctionnel Eric Jauffred, convaincu et passionné, qui a largement facilité ce progrès.
Il s’agit donc maintenant d’obtenir concrètement les moyens d’intervention destinés à faire appliquer l’arsenal législatif exponentiel en faveur de la cause animale, conformes aux souhaits de nos concitoyens et à l’évolution de la société.
Le ministre de l’Intérieur saisi par Mme la Députée Corinne Vignon, a notamment demandé à la Direction Centrale de la Sécurité Publique de réfléchir à cette mise en œuvre. Nous avons fait des propositions et sommes dans l’attente d’échanges constructifs. A priori la Direction Départementale de la Sécurité Publique de la Haute Garonne 31 serait territoire d’expérimentation de cette Unité d’intervention spécialisée.
Tout reste à dessiner et c’est ce qui est génial ! : l’unité d’intervention spécialisée pourrait aussi être interministérielle, mixte avec des gendarmes voire des pompiers qui disposent déjà d’une unité de risque animalier pour les animaux en détresse ou en danger.
Je vous partage pour conclure, 2 de mes citations préférées :
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » – Mark Twain
« Toute vérité passe par 3 étapes, d’abord elle est ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue et enfin elle est acceptée comme une évidence » – Arthur Schopenhaueur
www.facebook.com/les4pattounes
Savoir Animal
La rédaction - Savoir Animal
Il y a un commentaire
Nathalie Dehan
9 août 2021 à 14h00
Bonjour Céline. Accepteriez-vous d’échanger dans le cadre de la mission Condition animale que je mène dans la Métropole de Lyon ?
Si Lalia Andamas en est d’accord, je souhaite que nous puissions échanger nos coordonnées ?
Merci,
Bravo pour Savoir Animal !
Bravo pour cette initiative pour les animaux. Cordialement Nathalie