Photos : Michel POURNY
Le devoir le plus élevé de l’homme est de soustraire les animaux à la cruauté.
Emile Zola
Les députés débattent actuellement sur la proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale. Mardi 26 janvier 2021, une manifestation organisée par le Parti Animaliste, rassemblant plus d’une centaine de militants animalistes, d’élus, et de députés est venue rappeler aux représentants de la Nation que ce sujet ne pouvait pas être traité à la légère comme ce fut le cas en octobre 2020, lors de la première présentation de la proposition de loi sur les animaux. Cette dernière portée à la tribune de l’Assemblée Nationale par le député Cédric Villani (Ecologie, Démocratie, Solidarité) avait été torpillée, examinée rapidement à la suite d’un long débat sur le renforcement du droit à l’interruption volontaire de grossesse. Le texte de la proposition parlementaire de loi sur les animaux n’avait pu être débattu que durant deux petites heures, de 22H à minuit et se solda par un échec.
L’attente des Français est immense sur les sujets touchant à la cause animale, comme nous le rappellent régulièrement les sondages d’opinion sur ces questions, les députés en ont conscience et un nouvel échec serait mal venu à l’approche des prochaines élections.
Un texte vidé de sujets « clivants »
Les mesures qui seront examinées dans cette proposition de loi durant toute cette semaine, ne porteront pas sur les sujets considérés comme « sensibles » par les élu(e)s de la majorité. La position de Loic Dombreval et d’Aurore Bergé, députés LREM , est claire, il faut faire consensus, comme l’a rappelé la députée au micro de FranceInfo :
« Je n’ai pas peur d’un vote chasseur, mais il faut un consensus pour inscrire un texte à l’ordre du jour »
Le rapporteur général de la proposition de loi, Loic Dombreval justifie lui aussi dans le journal L’opinion, l’absence de mesures sur la chasse, l’élevage intensif et la corrida :
« Malheureusement, le sujet de l’animal est tout de suite passionnel et manque de raison. Si on ajoute la chasse, la corrida et l’élevage en débats, on ne se comprend pas, on se hurle dessus et à la fin, il n’y a rien qui bouge. C’est un texte limité et cintré. Mais une bonne loi est une loi votée. »
Pour Hélène Thouy, co-fondatrice et co-présidente du Parti Animaliste, qui répondait aux questions de Franceinfo, s’il est recevable de rechercher des compromis, il ne devrait pas y avoir d’obstructions au sein de l’Assemblée Nationale :
« Que certains sujets soient clivants, plus difficiles à faire avancer, c’est une évidence. Mais sur les sujets qui sont majoritairement bien accueillis pas les citoyens, il ne devrait pas y avoir ce blocage. »
Une avancée certes, mais encore insuffisante pour certaines associations
Pour les associations, le compte n’est d’ores et déjà pas là, pour Brigitte Gothière, porte-parole et directrice de L214, présente lors de la manifestation du 26 janvier 2021 organisée par le Parti Animaliste , on « passe à côté du sujet » et « le combat continue » même si elle prend positivement les rares mesures qui vont dans le bon sens :
« Prenons les avancées qui vont être proposées, bien sûr, il faut que cela avance, pour les delphinariums, pour les animaux de compagnie, pour les animaux qui sont détenus dans les cirques aujourd’hui, mais ce n’est absolument pas suffisant. Nous ne comptons pas nous taire, nous ne comptons pas lâcher, on va continuer, et si ce n’est pas dans les jours qui viennent, qu’il y a des décisions de prises, on sent qu’on avance clairement. Les citoyens, les citoyennes, le demandent, nous sommes toutes et tous déterminés à faire avancer la question animale. »
Du côté de Paris Animaux Zoopolis même sentiment d’un rendez-vous déjà raté, sa présidente Amandine Sansivens, dénonçait lors du rassemblement de la Place Edouard Herriot, les 3 amendements déposés en « catimini » par le gouvernement :
« On a un gouvernement qui veut revoir à la baisse, les petites avancées obtenues en commission des affaires économiques, le ministère de l’écologie est en train de faire pression sur les députés de la majorité, pour supprimer la date butoir d’interdiction des animaux dans les cirques, s’il n’y a pas de date butoir, il n’y aura pas d’interdiction. Le ministère souhaite également ne pas interdire tous les animaux sauvages dans les spectacles, cela veut dire que ce gouvernement nous prépare une interdiction partielle qui ne dit pas son nom. Barbara Pompili a fait des annonces où elle laissait entendre clairement que tous les animaux sauvages seraient concernés, et là, en catimini, ils nous préparent un amendement qui interdira « certains » animaux sauvages. Quels animaux sauvages continueront à être asservis ? [ …] Aujourd’hui, nous exigeons, l’interdiction de tous les animaux dans les spectacles et de tous les spectacles avec animaux, nous appelons tous les parlementaires, de tous les partis à se mobiliser et à faire barrage aux trois amendements scandaleux déposés par le gouvernement. »
Le texte présenté durant toute cette semaine paraitra insuffisant pour bon nombre de défenseurs de la cause animale. L’absence d’articles sur la chasse, l’élevage intensif et la corrida nous laisse à tous, un goût amer. Néanmoins les avancées qui sortiront de ce texte permettront de faire reculer la souffrance animale sur certains sujets qui intéressent les défenseurs de la cause animale. Et rien que pour cela, ce texte aura le mérite d’exister et de changer certaines choses.
https://parti-animaliste.fr/programme
https://www.l214.com/agir/sur-les-causes/
https://zoopolis.fr/petition-pour-que-decathlon-cesse-de-vendre-des-poissons/
Guillaume Prevel
Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste