ActualitésAnimaux sauvagesLe rat ce mal aimé que nous devrions adorer

Guillaume Prevel2 novembre 2020154 min

« Tout comme l’homme, les animaux ressentent le plaisir et la douleur, le bonheur et le malheur » 

Charles DARWIN

Le poids de l’histoire, le poids des rumeurs et quelques vérités…

Qualifié de nuisible, il dégoute, il effraie, et cristallise sur lui depuis les grandes épidémies de peste, des peurs irraisonnées, des haines et des déchainements de violence.

Pourtant, rendre responsable le rat de la peste bubonique est une injustice, car ce dernier en était la première victime par l’intermédiaire de puces infectées. Ces dernières abandonnant leur hôte mort, et ne trouvant pas d’autres rongeurs ou petits animaux se rabattaient alors sur l’homme, qui à son tour succombait à ce mal affreux.

De nos jours, le rat des greniers, réservoir de la maladie a presque totalement disparu des villes depuis la création des égouts, mais son cousin le surmulot ou plus communément appelé « rat d’égout » continue de porter la croix et les mythes qui collaient à la peau de son frère de souffrance.

Les rumeurs sont tenaces et malgré l’invention d’un vaccin par l’institut Pasteur et le fait que la puce du surmulot ne soit pas porteuse de la bactérie Yersinia pestis, comme celle qui contaminait son cousin le rat noir, les peurs se transmettent encore dans l’inconscient et par ignorance de génération en génération.

Concernant la Leptospirose, cette maladie d’origine bactérienne (Leptospira interrogans), le rat en est effectivement l’un des réservoirs parmi beaucoup d’autres, comme les bovins, les  chevaux, les cochons, les chiens qui excrètent eux aussi la bactérie par leurs urines. Cette bactérie se maintient ensuite dans les milieux extérieurs humides (eau douce, sols boueux) dont le rat, excellent nageur est le locataire.

Souvent bénigne chez l’homme, elle infecte cependant gravement plus de 1 million de personnes dans le monde entraînant dans les cas les plus sévères la mort pour 5 à 20% des malades. Certaines professions (agriculteurs, éleveurs, égoutiers, éboueurs) et certaines pratiques de loisirs nautiques (baignade, canoe, Kayak etc) ou encore la chasse et la pêche sont particulièrement à risque.

En France, un vaccin monovalent, est proposé aux travailleurs exposés pour les égoutiers et les éboueurs. Un vaccin multivalent existe aussi pour les chiens et est particulièrement utilisé. Néanmoins, le risque de contracter cette maladie reste faible pour le citoyen lambda.

Le rat, un auxiliaire de l’environnement et un lanceur d’alerte

Le rat nuisible ? Quoi qu’il en soit, il n’est pas classé comme tel par la préfecture…et que dire alors des services qu’il rend à la collectivité ? Rien qu’à Paris d’après le WWF, c’est près de 800 tonnes qui seraient éliminés par ce petit animal capable d’ingurgiter l’équivalent de 10% de son poids par jour. A lui seul, le rat brun, élimine près de 10 kilos de déchets par individu et par an que l’homme produit. Que se passerait-il, si nous écoutions les partisans de son éradication, les égouts seraient-ils suffisamment entretenus ? On est en droit de se poser la question, au regard de la mauvaise gestion des déchets dans de nombreuses communes.

De plus, le rat brun est une sentinelle, qui indique des problèmes dans le sous-sol de nos villes comme la montée des eaux ou les fuites de gaz. Ses remontées en surface ne sont jamais anodines, si l’on excepte celles où notre ami part faire ses courses dans la masse de détritus que nous générons et jetons au sol.

La solution ne se trouve pas dans son élimination

Des légendes urbaines indiquent qu’il y aurait autant de rats que de Parisiens, cependant aucune étude n’a évaluée le nombre exact du petit muridé. Pour certains experts, ils seraient près de 4 millions.

Le simple fait de voir des rats en surface n’est pourtant pas un indicateur d’une éventuelle prolifération, mais plutôt un signe de perturbation de son territoire. Par exemple, l’importance et la multiplication des travaux sur Paris font que les rats sont dérangés et remontent en surface. L’état de saleté de nos rues et de nos jardins est aussi une source d’attrait pour ce petit gourmand qui se nourrit de nos déchets.

Les rats sont des animaux territoriaux qui s’autorégulent selon la disponibilité de nourriture, il est donc important que le civisme l’emporte sur le barbarisme de son éradication.

Car comme bien souvent, les édiles locaux réagissent sous la pression médiatique et mettent en place, souvent à la suite de vidéos devenues virales sur la toile, des campagnes de dératisation coûteuses, cruelles et inutiles. Ces dernières se sont multipliées à l’approche des élections municipales de 2020. Le rat était devenu dans beaucoup de communes, et malgré lui, un enjeu de campagne, autant que la propreté des rues.

Si beaucoup d’actions vont dans le bon sens, comme la mise en place de poubelles spéciales, de campagne de sensibilisation à la propreté et d’opérations de verbalisation à l’encontre des contrevenants qui jettent leur nourriture par terre. Il reste néanmoins le problème de l’empoisonnement des rats qui en plus d’être cruel, ne répond en rien au casse-tête de la saleté des rues.

Des villes comme New-York expérimentent depuis quelques années des méthodes contraceptives (Contrapest) dont la molécule utilisée, le Vinylcyclohexene, n’agit, selon l’entreprise qui la produit, que sur les cellules des rats et n’affecte pas les autres animaux, ni les humains. Cette piste moins cruelle devrait être étudiée par nos municipalités afin d’envisager d’autres solutions que l’empoisonnement.

En conclusion, cette lutte barbare et sans fin qui se joue dans nos villes ne montre aucun résultat pérenne et ressemble bien trop souvent à des opérations de communication où le rat est présenté comme un ennemi générateur d’un potentiel risque sanitaire, alors que le principal problème réside encore et toujours dans notre comportement.

Guillaume Prevel
Guillaume Prevel
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Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste

15 commentaires

  • Olga bugni livolsi

    17 novembre 2020 à 21h26

    Je suis très touchée par tous les commentaires positifs que j’ai lus ca fait chaud au cœur ca fait 19 ans que j’ai des rats, 130 en tout,et sauvé 3 sauvages merci aussi à ce militant du parti animaliste.

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  • Gerda Roggeman (Alias KlaRA Desgaspards)

    17 novembre 2020 à 16h10

    Un animal intelligent que je connais bien maintenant. J’en ai eu 17, mais pas des sauvages, des domestiques. Et c’est grâce à eux que je me suis intéressé aux rats sauvages.

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    • Samantha

      18 novembre 2020 à 0h26

      L année dernière j en ai eu une cinquantaine actuellement plus que 10 et j adore tellement ses petits animaux ☺️☺️☺️

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  • Flori

    16 novembre 2020 à 8h47

    J ai nourris les rats qui étaient chez moi pendant des moi ils adorent le pains au lait .des locataires presques parfaits .ils ne m ont jamais fait de dégâts dans les habits ne touchaient aucune autre nourriture que celle que je leur donnais .je pouvais laisser traînais pain etc rien et a la fin même plus de caca ni de pipi ils étaient énorme mais respectueux sauf pour le bruit la nuit il laissaient dormir commençait a 5 h du matin quand je me levais .mais ils savait pas que le dimanche ça existaient

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  • Allouche

    7 novembre 2020 à 15h32

    Les rats sont intelligents et reflechissent. Moi aussi j’en ai qui viennent dans mon jardin mais pourquoi tuer quand il existe des pièges trappe qui les prend d’ailleurs ils sont vite complètement angoissés quand enfermés et cherchent issue il faut vite les relacher dans la nature ou ne genent personne et nettoient. Le seul problème est du à leur intelligence car qd un rat s’est fait attraper il communiquent car les autres n’y vont plus. Je les ai vus fair ele tour du piège et j’ai meme retrouvé plusieurs fois le piège ouvert et rien dedans donc ont su ouvrie en montant dessus.

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  • Nik

    5 novembre 2020 à 9h08

    En general on deteste ce qu on ne connait pas.
    J ai renseigne a propos des serpents et obtenu une bonne ecoute a force de patience.
    J ai aussi appris a apprecier pour les bienfaits caches qu ils offrent : les cafards, les larves de moiches (et pariculierements celles d hermetia illucens), les fourmis, les rats aussi.

    C est tellement magique de plonger dans l incomprehension et d en retirer le pourquoi…

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  • Beaugrand

    3 novembre 2020 à 21h39

    Que penser des rats en campagne qui se multiplient à en envahir les habitations ?
    Je vis entourés de champs céréaliers….a côté d’un silo…avec une forêt et 1 hectare de terrain…. je ne jette pas de detritus mais possèdent des chiens ( qui cohabitent avec les rats)…. j ai tout tenter ! Pas de nourritures à portée a par les gamelles des chiens…. les boites electrique soit disant répulsives…. tout ! Je n ai d’autre choix que le poison car entre leur déjections et le fait quils attaquent les vieux murs pour entrer dans la maison je ne sais plus quoi faire !… si vous avez une solution ?????

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    • 6lvie

      3 novembre 2020 à 23h44

      La seule solution, les attraper avec des nasses et les déplacer dans des forêts éloignées de toute habitation. C’est ce que je fais personnellement et ça fonctionne bien.

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      • Yann

        4 novembre 2020 à 11h53

        C’est exactement ce que je fais et cela fonctionne très bien depuis 3 ans
        Pas de meurtre juste une délocalisations

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    • Flori

      16 novembre 2020 à 8h41

      Mon oncle met du verre pile et le mélange au plâtre quand il rebouché.les rats ne s aventurent pas trop ils sont hémophiles

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  • jo benchetrit

    3 novembre 2020 à 13h20

    Merci pour cet article qui devrait etre lu par le monde entier.Pauves rats ,ce qu’ils endurent à cause des hommes est incroyable!

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    • ANNE BRETEL

      3 novembre 2020 à 18h27

      Ces animaux sont très utiles :un adjoint de la Mairie de Paris nous a dit ( fin 2018 ) dans sa conférence sur les rats”Pourquoi engendrent ils le dégoût “) qu’ils permettent de réduire les quantités d’ordures++++ et qu’il n’y avait eu qu’un ou deux cas de leptospirose parmi les égoutiers en 2017 .Il a expliqué que de nombreuses commissions se tiennent à la Mairie au sujet de la conduite à tenir vis à vis de ces animaux si méprisés ( —->l’ignorance, qui empêche le développement de l’empathie et de la curiosité)
      Peut être est ce vous? Arrivée en retard je n’ai pas eu connaissance de votre nom.
      J’aimerai constituer un groupe de travail sur la gestion du rat dans les communes ( avec des collègues du Parti Animaliste ) .J’étais candidate dans une équipe d’opposition municipale pour créer une délégation de PA à la mairie de Maisons-Laffitte (78600) mais le Maire sortant a été réelu ( ne voue aucun intérêt aux animaux ) et empêche les conseillers municipaux de s’exprimer en CM !!!!!

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      • Prevel

        3 novembre 2020 à 19h56

        Non ce n’etait pas moi Anne mais nous sommes nombreux à vouloir réhabiliter ce petit animal martyrisé par l’ignorance des décideurs politiques.

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      • Caron

        3 novembre 2020 à 22h38

        Merci pour votre temoignage.
        Je souhaiterais etre informee de votre action.
        Ci apres mon e mail pour newletter etc. Conference.

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    • Prevel

      3 novembre 2020 à 19h53

      Merci pour ce gentil commentaire jo

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