ActualitésPolitique & AnimauxEstocade de la justice à la novillada de Pérols

Guillaume Prevel17 mai 20235 min

« Torturer un taureau pour le plaisir, l’amusement, c’est plus que torturer un animal, c’est torturer une conscience. Tant qu’il y aura des êtres qui paieront pour voir une corrida, il y aura des guerres. »
Victor Hugo (1802-1885) poète, dramaturge, romancier français

Le retour annoncé d’une novillada pour l’été 2023, par Jean-Pierre Rico, maire de Pérols, comme une bravade aux anti-corridas, n’aura finalement pas lieu.

Une décision de justice remportée par les associations animalistes a mis un terme à l’espoir des édiles de la commune héraultaise de faire renaitre des pratiques archaïques et cruelles sur leur territoire.

Des mois de tensions et de manifestations

Depuis plusieurs mois, la tension était vive entre les aficionados et les anti-corridas, depuis que la mairie de Pérols avait décidé de relancer une novillada, une corrida opposant 6 jeunes taureaux à de jeunes toreros, dans les arènes municipales de la petite commune, sur proposition du club taurin local.

La majorité municipale souhaitait ainsi renouer avec la tauromachie espagnole sur un territoire qui n’avait plus connu de corrida depuis vingt ans.

Le maire de Pérols, Jean-Pierre Rico (Nouveau Centre), sûr de son fait annonçait déjà des ventes records pour cette novillada dans des arènes pouvant contenir 1700 spectateurs et prévoyait des mesures de sécurité pour “tenir à distance” les opposants à la corrida.

Tout cela était sans compter sur la forte mobilisation des associations animalistes et du Parti animaliste, bien décidés à faire valoir le droit sur cette décision du conseil municipal de Pérols.

Une victoire de la vie sur la mort

Cette journée du 16 mai 2023, restera dans les mémoires de tous les défenseurs de la cause animale, comme une grande et belle victoire de la vie sur la mort, de la lumière progressiste sur les traditions rétrogrades, cruelles et barbares qui continuent à se maintenir localement dans notre beau pays à cause de la volonté de législateurs complices, qui ont introduit des exceptions à la loi. Car oui aujourd’hui, le juge des référés a tranché en faveur des associations anti-corridas et a suspendu la délibération votée par le conseil municipal de Pérols autorisant une corrida le 15 juillet pendant la féria des étangs.

Le juge des référés du tribunal administratif de Montpellier, s’appuyant sur l’article 521 du Code pénal a considéré que la tenue d’une novillada à Pérols constituait un mauvais traitement volontaire envers des animaux pénalement réprimé par la loi, du fait de l’absence de tradition locale ininterrompue de courses taurines, rappelant au passage que la tradition ininterrompue ne pouvait être invoquée dans le cas des arènes de Pérols qui avaient vu la dernière corrida en 2003.

Le Crac Europe (Comité radicalement anti-corrida) représenté par l’avocate Hélène Thouy, co-présidente du Parti animaliste, savoure cette belle victoire, et se félicite de cette décision de justice : « Année après année, la tauromachie espagnole disparaît progressivement de nos régions du Sud, particulièrement dans les villages et petites villes. Il n’était pas concevable qu’une municipalité décide de ce retour en arrière après avoir arrêté sa tradition espagnole. Nous nous félicitons de cette décision du tribunal, elle devrait faire passer l’envie à d’autres organisateurs, nostalgiques d’un temps passé, de se remettre à tuer des animaux pour le plaisir. »

L’affaire n’est cependant pas terminée et sera jugée sur le fond dans plusieurs mois. La bataille juridique continue contre ceux qui ont voulu faire revenir la cruauté aux arènes de Pérols, car une autre association, l’alliance anti-corrida, également à l’origine de ce référé suspension, a assigné le club taurin de Pérols et la société PELIZ Organisation devant le tribunal judiciaire de Montpellier. L’audience de cette procédure est fixée à la date du 1 er juin 2023 et pourrait accentuer la déroute judiciaire de ceux qui voulaient relancer les actes de tortures sur les taureaux dans cette petite commune héraultaise.

Le Parti animaliste partie prenante de cette large mobilisation savoure cette victoire historique

Samedi 13 mai, quelques jours avant cette décision de justice historique, les militants et les élu(e)s du Parti animaliste, Véronique Sahun et Eddine Aritzegui, des élus locaux, nationaux et de la métropole de Montpellier de différents mouvements politiques avaient manifesté aux côtés de nombreuses associations, pour dénoncer le retour des corridas à Pérols.

(Le Crac Europe, l’Alliance Ethique, le Colbac, One voice, étaient présents à l’appel du Parti animaliste pour cette mobilisation anti-corrida dans les rues du village héraultais.)

Pour Eddine Aritzegui, élu du Parti animaliste à Montpellier, et auteur de la tribune réclamant une réforme de la Bouvine, qui avait mis en début d’année, le feu aux poudres, l’émotion est forte : “Cela fait des décennies que la jurisprudence n’était pas en notre faveur, et grâce à l’action intentée par le Comité radicalement anti-corrida (CRAC), contre la ville de Pérols, et grâce au plaidoyer de l’avocate qui représentait le CRAC, Hélène Thouy, qui est également notre coprésidente du Parti animaliste, on a gagné ! C’est un moment vraiment historique !”

Nul doute que la décision qui est tombée ce mardi 16 mai 2023 a dû ravir ces militants dévoués de la cause animale et que les “ corrida basta” qu’ils ont poussé lors de cette manifestation résonneront longtemps dans leur mémoire et dans leur cœur.

Reste à faire sauter le dernier verrou de l’article 521-1 du Code pénal qu’est l’alinéa 7 qui prévoit des dérogations à la règle valable sur la majorité de notre territoire et qui permet à quelques départements d’échapper à la loi qui réprime les actes de cruauté commis à l’encontre des animaux.

 Comment expliquer aux français(es) que ce qui est vrai à Paris, Nantes, Marseille ou Lyon n’est pas la règle commune qui s’applique à Nîmes, Arles, Bayonne, Dax ou encore Mont-de-Marsan ?

La France ne serait-elle pas totalement une et indivisible ? Le principe d’unité et d’indivisibilité censé garantir l’homogénéité des lois et des devoir sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultramarin, ne serait-il qu’un vain mot dès lors qu’il s’agit des lois censées protéger les animaux ? Le combat hélas, est loin d’être terminé…


Guillaume Prevel
Guillaume Prevel
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Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste

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