ActualitésAnimaux domestiquesLa thérapie génique au secours du problème de stérilisation des chats errants ou libres ?

Guillaume Prevel16 juin 202333 min

« Pourquoi ne puis-je supporter l’idée qu’une bête souffre, au point de me relever la nuit, l’hiver, pour m’assurer que mon chat a bien sa tasse d’eau ? Pourquoi toutes les bêtes de la création sont-elles mes petites parentes, pourquoi leur idée seule m’emplit-elle de miséricorde, de tolérance et de tendresse? Pourquoi les bêtes sont-elles toutes de ma famille, comme les hommes, autant que les hommes ? » Emile Zola, extrait de « L’amour des bêtes » paru dans le journal Le Figaro, le 24 mars 1896

Qu’est-ce la thérapie génique ?

A l’origine la thérapie génique a été conçue pour suppléer un gène défectueux, dans le cas de maladie d’un seul gène malade (maladie monogénique). Mais au cours des dernières décennies, les progrès et l’évolution des connaissances a permis d’envisager d’autres stratégies d’utilisations comme le traitement de certains cancers. La thérapie génique consiste donc à introduire du matériel génétique dans les cellules pour soigner une maladie. Récemment un essai mené aux États-Unis a ouvert la voie à une autre utilisation, celle de la stérilisation des chats.

Une contraception féline révolutionnaire

Présentée le 6 juin par des chercheurs américains et canadiens dans la revue Nature Communications, l’innovation qui s’appuie sur la thérapie génique pour bloquer l’ovulation des femelles a été un succès. L’étude  réalisée sur 6 chattes présente l’avantage d’être moins invasive car l’intervention consiste en une simple injection qui pourrait à terme remplacer les actes chirurgicaux.

Cette méthode pourrait permettre d’envisager des actes de stérilisations à grande échelle, à moindre coût ce qui soulagerait grandement les budgets des associations et des municipalités qui prennent en charge ce problème.

Potentiellement, un couple de chats peut engendrer jusqu’à 20.000 descendants en 4 ans.

L’enjeu est de taille quand on connaît l’impact de ces excellents chasseurs sur la faune qu’ils côtoient et qu’ils déciment. En 2013, des chercheurs américains ont publié une étude dans Nature Communications, qui estimait que les chats en liberté tuaient entre 1,4 et 3,7 milliards d’oiseaux et entre 7 et 21 milliards de petits mammifères par an rien qu’aux Etats-Unis.

Un impact sur la biodiversité mais également sur les finances publiques

On estime à 11 millions de chats errants en France (selon un rapport de l’association One Voice), beaucoup de ces animaux vivent dans des conditions difficiles et se retrouvent en refuges, dans des fourrières où ils finissent par être euthanasiés.

La lutte contre la misère féline doit être une priorité des pouvoirs publiques car les nombreuses associations qui interviennent sont épuisées par les opérations de trappages et asphyxiées économiquement par le coût élevé des opérations de stérilisations des chats mâles ou femelles.

Il y a quelques années la fondation 30 millions d’amis révélait que pour stériliser 15 000 chats les sommes réglées chez le vétérinaire s’élevaient à près d’un million d’euros.

La thérapie génique on le voit, permettrait de gagner du temps et d’envisager des stérilisations à plus grandes échelles que ce qui se fait actuellement. L’impact financier de ces opérations de stérilisations couteuses et chronophages serait fortement diminué et permettrait aux divers acteurs engagés dans cette lutte de dégager du temps et de l’argent pour d’autres opérations en faveur du bien-être animal, mais aussi pour lutter contre le déclin de la biodiversité.


Guillaume Prevel
Guillaume Prevel
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Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste

3 commentaires

  • Rimbert

    19 juin 2023 à 14h37

    Je ne suis pas assez renseignée pour savoir si cette thérapie génique de stérilisation n’est pas sans conséquence sur la santé des chattes par effets secondaires…
    Je me fais aussi la réflexion que cette recherche a été faite pour bloquer l’ovulation des femelles… Pourquoi toujours les femelles et ne pas chercher à supprimer la fabrication de spermatozoïdes chez les mâles par ex ou autre…

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  • Cuvelier

    19 juin 2023 à 8h04

    En effet cela promet d’être une belle avancée ! En espérant que le coût de l’injection soit raisonnable …?
    Est ce que cette inhibition de l’ovulation est irréversible ou est ce qu’il faut refaire l’injection comme un rappel de vaccin ?
    Dans tout les cas si cette solution remplace la chirurgie et permet moins de traumatisme au chat, il faut néanmoins continuer à les trapper, les surveiller, et éviter l’arrivée de nouveaux venus !
    La responsabilisation des maitres et la sensibilisation de tous les citoyens à l’errance et à la prolifération féline reste un incontournable.
    Merci aux communes qui prennent en charge le problème, aux associations de se démener quotidiennement …

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  • Mme PIETTE MAZEMAN

    18 juin 2023 à 14h10

    Je suis outrée de ce projet de massacre organisé par les chasseurs contre les animaux sauvages de type rongeur ou autre pour soi-disant réguler la population …
    C’est une honte pour notre pays la France 🇫🇷 qui mériterait des politiques plus en phase avec nos concitoyens .. la protection animale et la biodiversité n’existe pas malgré les propos tenus sur ces sujets …
    Je rejoins les associations qui heureusement défendent les animaux et la biodiversité, j’ai le sentiment d’avoir été trompée depuis des années, ça suffit…
    Le philosophe disait “révoltez vous” c’est toujours vrai.
    Mes Salutations,
    Michèle Bohee née Piette Mazeman

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