“Pourquoi dévoiler sa vie, parler de soi, de son art, raconter ses histoires ? Quelle importance cela peut-il avoir ? Qui s’intéresse à la vie d’une inconnue ?
Simplement pour qu’on comprenne qu’un être normalement équilibré, artiste, sans complexe, peut changer de vie, délaissant ses habitudes, son confort, sacrifier ce pour quoi il a lutté toute sa vie, accepter des contraintes parfois lourdes pour se vouer à la cause de la défense animale”.
(1922-2009), artiste peintre, poétesse et bienfaitrice des animaux.
Il se trouve des personnes en ce monde qui ont un cœur si grand qu’elles peuvent recueillir dans leur foyer toute la misère du monde. Nadia Fontenaille fut de ce genre de personne, dont l’empathie exacerbée poussait à l’action et au sacrifice de sa propre vie pour venir en aide aux plus faibles.
Nadia Fontenaille, la bienfaitrice des Oiseaux
Nadia Fontenaille est née et a vécu toute sa vie à Châtillon (Hauts-de-Seine), artiste peintre et poétesse, épouse du résistant Guy-Félix Fontenaille (1892-1985), elle était surtout connue pour son amour des oiseaux en particulier et des animaux en général, qu’elle recueillait à toute heure du jour ou de la nuit, afin de les soigner avec l’aide de son voisin, qui n’était autre que le vétérinaire à qui elle louait la maison qui jouxtait sa propre demeure.
La naissance de la Société Protectrice des Oiseaux de Ville (SPOV) n’est pas encore d’actualité à cette époque et se fera par une de ces rencontres que le destin place sur notre chemin. Cette rencontre sera l’amorce qui fera naître ce beau projet après de longues discussions avec une jeune professeur de la Sorbonne, qui trouvera l’aide nécessaire dans ses relations pour concrétiser les longues discussions sur la misère des pigeons et les moyens de leur venir en aide, afin de les traduire en actes concrets.
Nadia Fontenaille convaincue, les démarches pour créer la SPOV lancées, et voilà que la fée des oiseaux, se lance dans des travaux pour transformer sa maison en clinique pour les oiseaux. Les aménagements sont coûteux, et la grande Dame n’hésitera pas à vendre tout ce qu’elle possède afin de concrétiser son projet d’assurer des soins aux animaux malades, estropiés ou blessés.
La maison qu’elle louait au vétérinaire est vendue à ce dernier, puis elle se sépare de ses meubles, les objets de valeur dont elle avait hérité de sa mère. Tout ce qu’elle possédait y passe, tant son amour des oiseaux est grand.
L’association, la Société Protectrice des Oiseaux de Ville (SPOV) voit officiellement le jour en 1988 et rapidement des volières sont installées dans le jardin afin d’accueillir les oiseaux estropiés qui ne pourront plus être remis en liberté. Les soins aux oiseaux et autres animaux ne vont plus cesser et le combat de Nadia Fontenaille pour les graines contraceptives et les pigeonniers continuera, même après sa mort, le 14 Octobre 2009.
Le premier pigeonnier contraceptif de France voit le jour à Châtillon
Dans les années 90, Mme Fontenaille interpelle les administrations et autres organismes décisionnels pour mettre un terme aux pratiques de l’époque qui consistaient à placer les pigeons capturés dans des coffres privés d’aération ou une pompe faisait le vide d’air afin de les euthanasier, ce qui entrainait une mort lente et cruelle durant laquelle les poumons des pigeons éclataient et les viscères se déchiraient.
Les gazages au CO2 (dioxyde de carbone) sont encore pratiqués par certaines communes qui renouvèlent des contrats avec des sociétés pratiquant la capture et l’euthanasie des pigeons. Quand elles ne font pas appel aux chasseurs pour faire des économies, au mépris du danger pour ses administrés, comme ce fut le cas à Charroux dans la Vienne au mois de février dernier.
Ses propositions pour favoriser des solutions non létales, comme celle de disposer de graines anticonceptionnelles, afin de limiter les naissances se heurtèrent à la lourdeur administrative et à l’indifférence politique.
La seconde proposition de Nadia Fontenaille, verra le jour sous la forme de pigeonniers dits « contraceptifs » dans le Parc Henri Matisse de Châtillon en 1995, une première en France.
En 2003, après de longues discussions avec la Mairie de Paris, le premier pigeonnier de la capitale est inauguré par Bertrand Delanoë, dans le 14 ème arrondissement.
D’autres ont vu le jour depuis en France et doivent leur création à cette combattante acharnée de la cause animale.
Le principe du pigeonnier est simple, la première couvée est préservée pour fidéliser les couples de pigeons. Puis lors des pontes suivantes, on empêche le développement de l’embryon en secouant manuellement les œufs, qui sont ensuite laissés sur place afin que les femelles continuent à les couver sans se rendre compte que l’œuf n’est pas viable.
Moins onéreux que les techniques de capture avec filets ou par effarouchement qui ne règlent pas le problème, les pigeonniers contraceptifs permettent de limiter la taille des colonies d’oiseaux et de maintenir une population stable dans les villes ou quartiers où ils sont installés.
Une idée simple, sans souffrance et qui ne demandait que de la volonté politique, pour en finir avec les captures qui mènent aux gazages barbares.
Une solution humaine qui devrait être privilégiée dans toutes les communes de France pour résoudre les éventuels problèmes de salubrité publique.
Souvenirs personnels
De Madame Fontenaille, je garde le souvenir d’une personne entièrement dévouée à cette mission à laquelle elle se donna jusqu’à son dernier souffle. Je me souviens des appels que je lui passais depuis mon lieu de travail au square Georges Brassens dans le 15ème arrondissement de Paris, lorsque je lui disais avoir récupéré des canetons, des canards blessés par la cruauté humaine ou encore lorsque je récupérais des hérissons infestés de tiques. Son écoute et sa recherche continuelle de solution parmi son réseau de bénévoles a permis de sauver beaucoup des animaux que j’avais mis en sécurité grâce à ses conseils avisés.
Le « départ » de Mme Fontenaille n’a pas mis un terme au dévouement de cette merveilleuse équipe qui continue d’accueillir dans des conditions difficiles, des milliers d’animaux blessés ou de petits oiseaux tombés du nid.
Renata a remplacé Mme Fontenaille et l’équipe de salariés et de bénévoles de l’association accueillent dans l’infirmerie en moyenne près de 300 oiseaux, et 600 autres sont présents dans les volières du jardin en attente de retrouver la liberté. L’engagement de cette équipe dévouée poursuit le beau projet de Nadia Fontenaille et lui rend le plus bel hommage que la dame aux oiseaux pouvait espérer : la poursuite de la plus belle de ses œuvres.
Un incendie d’une partie des locaux en fin d’année 2020, a fragilisé cette association qui manque de moyens face à l’ampleur immense de la tâche.
Ses difficultés actuelles accentuées par la crise du Covid 19, me poussent à faire un appel au don plus vif qu’à l’accoutumée, car il y a urgence à venir en aide à cette association qui fait tant de bien pour la cause animale, depuis tant d’années et qui a besoin de notre concours pour relancer ses activités dans les meilleures conditions d’accueil pour nos amis ailés.
https://www.facebook.com/SPOVnadiafontenaille/
https://oiseauxdesvillescom.wordpress.com/
Guillaume Prevel
Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste