Les auxiliaires de police à quatre pattes, une longue histoire…
En 1845, pour la première fois en France des chiens ont été utilisés par la Préfecture de Police de Paris dans des missions de sauvetage des candidats au suicide dans la Seine et des personnes tombées malencontreusement dans le fleuve. Cette première tentative fut un échec et les chiens furent remplacés par l’installation sur les ponts parisiens de bouées de sauvetage.
En 1900 cependant, une nouvelle tentative est faite avec des chiens de race Terre Neuve qui furent intégrés à la brigade fluviale de Paris… nouvel échec qui entraîne l’abandon de cette expérimentation.
Le Préfet Louis Lépine en 1907, grand artisan de la modernisation de la police parisienne entre 1899 et 1913, décide de la création d’une unité de chiens de police en réponse à un rapport d’un Conseiller Municipal de la ville de Paris.
Dans la foulée, quelques équipes de chiens d’attaque et de défense sont affectées à Neuilly sur Seine pour faire face à la recrudescence des cambriolages dans ce secteur.
Les bons résultats obtenus par ces chiens encouragent l’administration à employer une Brigade canine pour assurer la sécurité des rues la nuit.
Durant la période courant de 1908 à 1917, plus de la moitié des commissariats de banlieue étaient dotés d’équipes cynophiles. Paris n’était pas en reste et comptait près de 300 chiens répartis dans divers arrondissements de la capitale.
En 1945, la gendarmerie crée un chenil central à Gramat qui prend pour devise « Toi, moi, pour eux »
Dès lors, les missions des chiens ne vont cesser de s’étendre avec diverses créations (liste non exhaustive) :
- 1970 création des premiers chiens d’avalanche Gendarmerie
- 1973 formation de chiens de recherche de stupéfiants
- 1976 premiers chiens d’assaut pour le GIGN
- 1978 Création des premières Unités Canines légères
- 1982 formation des chiens à la détection d’explosifs
- 1985 formation des équipes de la Police Aux Frontières (PAF) à la détection d’explosifs
Plus de 18 races de chiens employées par les services de gendarmerie et de police
Loin de l’image d’Epinal que l’on se fait du chien policier, souvent assimilé au Berger allemand ou au malinois, ce sont plusieurs races de chiens qui sont affectés à différentes missions dans les services de gendarmerie, de la douane et de la Police (sans compter les chiens croisés).
Du Berger belge, au berger Hollandais, du labrador retriever, en passant par le braque allemand et au bouvier des Flandres ce sont des dizaines de races de chiens qui sont employés en fonction de leur particularité, de leurs qualités intrinsèques, au sein des différents corps des forces de l’ordre.
Ces centaines de supplétifs assurent la sécurité de nos concitoyens avec dévouement sans attendre de reconnaissance, si ce n’est la douceur et la protection des maîtres aux cotés desquels ils travaillent en binôme.
Des animaux victimes du « devoir » ?
C’est par ces quelques mots que l’on apprenait la mort de Diesel envoyé en reconnaissance pour voir si l’immeuble où étaient retranchés les terroristes n’était pas piégé… Diesel ne reviendra pas, abattue lâchement par les terroristes retranchés dans l’appartement.
Mais Diesel n’est pas la première victime du « devoir » bon nombre de ses camarades canins sont tombés en opérations ou lors entraînements avant lui. Ces animaux héros, sont employés en première ligne, et sont très souvent les premières victimes de conflits humains qui ne les concernent pas.
Loin de moi, l’idée de réveiller la polémique qui avait agité les réseaux sociaux après la triste annonce du décès de Diesel, animal dévoué, qui avait par son sacrifice permit au bilan humain d’être moins lourd.
Mais il faut néanmoins rappeler qu’un animal est un être doué de sensibilité, que sa vie est précieuse et qu’il est grand temps de favoriser l’emploi de drones ou de tout autre équipement pour ne pas mettre en danger des animaux, dans des missions de maintien de l’ordre, lors d’opérations antiterroristes ou lors d’opérations contre des forcenés lourdement armés.
Les exemples de chiens ou chevaux tués ou blessés sont nombreux, comme par exemple le cas de FRAX, chien du Raid qui a vu sa mâchoire emportée par un tir de fusil de chasse, alors qu’il était envoyé en première ligne pour déloger un forcené retranché dans son domicile.
Les relations des chiens avec leur maître sont fusionnelles et une confiance absolue se noue entre les collègues humains et non-humains, si bien que les hommes du raids ou des autres équipes cynophiles sont particulièrement touchés lorsque l’un d’eux tombe en service ou est blessé.
Au sein de la police, les chiens des unités cynophiles sont tellement appréciés qu’ils peuvent être considérés comme des héros au même titre que les hommes. D’ailleurs, ils sont immatriculés comme tous les autres fonctionnaires, et peuvent être récompensés pour services rendus comme le rappelle l’auteur du livre « Profession : chien policier » le commissaire Richard Marlet.
Appréciés des policiers mais aussi craints et détestés par les délinquants qui n’hésitent pas à s’en prendre à eux en premier lieu, les chiens policiers se trouvent eux aussi menacés comme leurs collègues humains.
Dans certains pays, comme la Colombie, leur tête est mise à prix, tant leur efficacité fait mal aux narcotrafiquants, comme ce fut le cas pour Sombra, chienne qui officiait dans la brigade de stupéfiants dans la région de Turbo et qui permit l’arrestation de centaines d’individus et la saisie de plusieurs tonnes de cocaïne.
Limiter l’emploi des animaux, avant de les remplacer par les nouvelles technologies…
Si l’emploi des animaux est particulièrement apprécié par les unités d’élites, et ne sont employés qu’en dernier recours pour palier à l’impossibilité d’utilisation de moyens technologiques comme les capteurs vidéos ou sonores, il apparaît néanmoins nécessaire de libérer les animaux (chiens, chevaux) des missions de maintien de l’ordre, où ils sont les premières cibles des délinquants ou des éléments les plus radicaux lors des manifestations.
Les animaux, ne peuvent être considérés comme des forces défensives ou offensives, le stress qu’ils endurent durant ces missions de maintien de l’ordre est contraire à notre devoir de respect du bien-être de ces individus doués de conscience et de sensibilité.
Les soumettre à des situations d’extrême tensions où ils peuvent subir la violence, le stress les bruits, les comportements agressifs des manifestants ou des délinquants, ou encore les gaz lacrymogènes, les pétards et autres grenades de désencerclement sont incompatibles avec leur caractère d’êtres doués de sensibilité.
L’exemple du cheval de la brigade équestre de Marseille en est un cas récent, lorsque un voleur présumé de portable s’est mis à frapper et à poignarder le cheval des policiers venus l’interpeller.
Les conflits inter-humains doivent être réglés par les humains. Les animaux doivent être préservés de ces conflits qui ne les concernent pas. La gamme étendue qu’offre, les équipements de la police et les nouvelles technologies pour interpeller, dissuader ou repousser les individus les plus radicaux est assez vaste (drones, canons à eau, flash-ball, quads, motos etc) pour ne pas à avoir à rajouter la force, la loyauté et l’esprit de sacrifice des chiens.
Guillaume Prevel
Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste