“La cruauté envers les animaux et même déjà l’indifférence envers leur souffrance est à mon avis l’un des péchés les plus lourds de l’humanité. Il est la base de la perversité humaine. Si l’homme crée tant de souffrance, quel droit a-t-il de se plaindre de ses propres souffrances ?” Romain Rolland (1866-1944), écrivain français.
Alors que les festivités de la Saint Sylvestre sont de retours sur les Champs Elysées pour le plus grand bonheur des admirateurs de spectacles pyrotechniques après 2 ans d’absence, cet événement heureux pour les humains ne l’est malheureusement pas pour tout le monde, notamment pour les animaux.
Une pollution qui nous impacte tous, animaux humains et non humains
Les feux d’artifice actuels sont propulsés par de la poudre à canon haut dans le ciel, la poudre noire qui sert de combustible est constituée de charbon, de soufre, de nitrate de potassium et d’agents oxydants, comme le perchlorate de potassium. Ils sont aussi constitués de nombreuses particules métalliques qui donnent aux feux d’artifice leurs couleurs vives et éclatantes (Lithium, Cuivre et autres). La poudre noire en se consumant dans l’air rejette une importante quantité de CO2, néfaste pour la planète et notre santé. Chaque couleur de feu d’artifice correspond à une substance chimique, le baryum et le cuivre donneront du vert, l’aluminium ou le magnésium du blanc, le rubidium du violet, le lithium du rouge etc.
Le feu d’artifice tiré chaque 14 Juillet à Paris génèrerait à lui seul près de 15 tonnes de C02 des suites de la combustion des 30 tonnes de poudre noire utilisées pour propulser dans l’air les engins pyrotechniques.
Tous ces composants chimiques restent en suspension dans l’air plusieurs heures, air que nous sommes susceptibles bien évidemment de respirer dans l’insouciance de ce moment féérique, sans imaginer les problèmes de santé induits par toutes ces particules fines qui ont un impact sur les affections respiratoires, et qui peuvent augmenter les risques chez les asthmatiques et les personnes cardiaques. En retombant du ciel, toutes ces particules polluantes se déposent naturellement sur les sols et dans l’eau, eau qui reprendra ensuite le cycle bien connu que nous avons tous appris à l’école, après avoir pollué le milieu aquatique, sans que l’on s’inquiète du dommage fait aux poissons de la Seine…
Les animaux liminaires et domestiques souffrent et parfois meurent du bruit de ces explosions. Les explosions des feux d’artifice génèrent une pollution sonore qui effraient de nombreux animaux qui possèdent une ouïe beaucoup plus fine que celle des êtres humains. Les détonations des feux d’artifice sont particulièrement pénibles et peuvent endommager gravement leur audition. Les explosions peuvent émettre des sons pouvant monter jusqu’à 190 décibels, à titre d’indication au-delà de 75 à 80 décibels les bruits deviennent dangereux pour l’oreille humaine. Les bruits causés par les feux d’artifice effraient les animaux et peuvent provoquer des réactions phobiques chez nombre d’entre eux qui deviendront plus sujet à la panique à la suite de ces expositions stressantes.
Une augmentation du nombre de disparitions d’animaux de compagnie est constatée après le tir de feux d’artifice
L’année dernière à Rome, malgré l’interdiction faite par la municipalité de tirer des feux d’artifice en raison de la pandémie, de nombreux habitants ont fêté le passage à la nouvelle année en tirant des fusées pyrotechniques à usage personnel. Le lendemain matin, de nombreux cadavres d’oiseaux ont été découverts sur le sol de la capitale italienne.
Beaucoup seraient morts en heurtant des fenêtres ou des lignes électriques pris de panique et désorientés par les explosions. Le bruit des pétards peut provoquer de la tachycardie chez les oiseaux, lesquels sont susceptibles de mourir de peur par arrêt cardiaque…
Les chiens eux peuvent entendre les sons jusqu’à 60 000 Hz, tandis que l’être humain ne peuvent rien entendre au-dessus de 20 000 Hz, ce qui ne représente qu’un tiers de la capacité canine. Les chiens montrent des signes d’angoisse extrême car ils sont incapables d’échapper aux sons alors produits lors de ces événements festifs.
Les chiens vivant en ville souffrent de symptômes négatifs liés à l’explosion de pétards. Il est courant qu’ils se figent, tremblent ou tentent violemment de s’échapper ou de se cacher. D’autres signes plus intenses peuvent également apparaitre, tels que de la salivation excessive, de la tachycardie, des vocalisations intenses, la miction ou défécation, une activité accrue, une hyper vigilance et des troubles gastro-intestinaux. Tous ces signes indiquent un grand stress. La réaction des chiens au bruit des feux d’artifice est comparable au stress post-traumatique chez les humains. On estime que la moitié des chiens ont une réaction de peur significative en présence des bruits de feux d’artifice.
Les effets des feux d’artifice sur les chats même s’ils sont moins visibles, présentent des réactions similaires à celles des chiens. Ils ont la même réaction de fuite, de volonté de se cacher ou de s’échapper. Cependant, et sans rapport avec l’étendue de leur peur, ils sont davantage susceptibles de souffrir de la toxicité des particules.
Des alternatives existent pour lancer des feux d’artifice non toxiques, silencieux et respectueux de la faune. Pour protéger la faune, des experts recommandent une interdiction générale des feux d’artifice qui représentent un cataclysme pour l’avifaune. Des solutions existent néanmoins pour éviter le stress causé par le bruit. Des feux d’artifice moins bruyants ou silencieux à bruit contenu ont été conçus afin d’éviter les nuisances sonores, en étouffant l’explosion au moment de la détonation.
Au Canada la ville de Banff est l’une des premières à avoir organisé un feu d’artifice silencieux pour célébrer le Jour de la Confédération le 1er juillet 2019. La ville de Bordeaux a tiré un feu d’artifice moins nocif excluant le plastique et l’aluminium dans les contenants et emballages des feux constitué de carton pour limiter les pollutions dans la Garonne. Le plomb et le chlorate ont été remplacés par d’autres produits moins polluants. A Disneyworld, en Californie, il est utilisé de l’air compressé pour lancer les feux d’artifices afin de réduire le taux de particules polluantes dans l’air.
Une Startup nommé Rammaxx a développé des fusées électriques utilisant des ampoules multicolores qui peuvent être récupérées à la fin du spectacle, constituées d’une tige d’une quinzaine de centimètres avec deux petites pales accrochées à l’extrémité. La fusée est propulsée en silence à près de 70 mètres de hauteur et redescend en s’illuminant d’un jeu de couleurs programmé en amont. Ce nouveau spectacle son et lumière, non polluant, sécurisé par des capteurs qui calculent la trajectoire et la réajustent pour faire revenir l’engin d’où il est parti, n’impacte ni l’environnement ni la faune, car il ne fait aucun bruit pouvant effrayer les animaux et les enfants, et ne dégage pas d’odeurs ni de fumées toxiques et polluantes.
Afin d’éviter toutes les conséquences néfastes des feux d’artifice utilisés encore de nos jours, les municipalités qui souhaitent organiser des festivités lors des fêtes de fin d’année ou pour célébrer le 14 juillet, doivent penser et réfléchir à des spectacles n’induisant aucune nuisance aux animaux, ni pollution pour l’environnement. Les contrats passés avec les sociétés d’artificiers doivent à présent intégrer les effets nocifs sur la faune et sur l’environnement afin que ce spectacle féérique, le soit véritablement, sans dommages aux autres habitants de cette planète et afin d’obliger ces sociétés à innover pour le bien de tous. Ne pas nuire aux autres doit devenir la norme et non plus l’exception.
Guillaume Prevel
Conseiller régional Ile-de-France du Parti animaliste
Correspondant des Hauts de Seine du Parti animaliste