L214 dévoile aujourd’hui dans une nouvelle vidéo les témoignages des riverains de l’élevage intensif de 30 000 poulets de Bressolles dans l’Allier. Nuisances olfactives et sonores, saleté, détérioration de la qualité de l’air et déni de démocratie, les habitants de la commune témoignent de leur détresse et de leur combat depuis plus de 5 ans.
À l’instar des habitants de Bressolles, L214 accompagne de nombreux collectifs mobilisés contre des projets d’élevages intensifs partout en France.
Malgré l’opposition majoritaire des Français à ce mode d’élevage concernant 80 % des animaux abattus dans l’Hexagone, de nombreux élevages intensifs continuent d’être installés aujourd’hui en France. L214 demande un moratoire et invite à signer sa pétition.
« Quand ça sent mauvais, ça sent mauvais dans tout le village »
Les témoignages rapportent que vivre à côté d’un élevage intensif, c’est d’abord devoir supporter les mauvaises odeurs.
Ces dernières deviennent parfois si insupportables que les résidents ne peuvent pas sortir de chez eux. Pour Thierry, riverain : « Ce sont des odeurs chimiques. On a l’impression que ça colle aux vêtements et à la peau. Le linge dehors s’imprègne de cette odeur. Si vous êtes dehors à ce moment-là, vous n’avez qu’une seule envie, c’est de rentrer et de bien fermer parce que si vous laissez les fenêtres ouvertes, ça rentre à l’intérieur des maisons. »
L’ammoniac qui se dégage des déjections animales est non seulement extrêmement malodorant mais aussi toxique et dangereux, notamment pour les personnes atteintes de troubles respiratoires comme Roger : « Des particules d’ammoniac sur quelqu’un comme moi, qui souffre d’asthme, c’est très destructeur. Quelqu’un qui ne sent plus une respiration correcte, le stress monte parce qu’il s’étouffe. Je n’exagère pas là, j’explique simplement les choses, et franchement, je n’ai pas envie de mourir, j’ai envie de vivre. »
Les conséquences de ce type d’élevage sur la santé sont également abordés via la problématique de l’antibiorésistance. Pour Michel : « Quand on confine un grand nombre d’animaux, quel que soit le type d’animal, on doit les traiter en leur donnant des antibiotiques. En mangeant la viande, on ingère les antibiotiques. Notre corps devient résistant. »
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« On se sent piégés par les autres nuisances aussi »
Mais les odeurs ne sont pas les seuls dommages subis par ces riverains. La poussière, le bruit, la pollution de l’eau et de l’air sont également difficiles à supporter selon les témoignages.
Thierry : « On a un dégagement de poussière tellement important, qu’elle se dépose partout. C’est aussi de la poussière qu’on respire. »
Gilles : « Le bruit est insupportable même la nuit quand le camion vient livrer les aliments pour les poulets. »
Les propriétaires habitant à proximité de l’élevage soulignent également la perte de valeur de leurs biens et les difficultés à vendre. Ils se sentent coincés et ne savent pas s’ils vont pouvoir vendre sans perdre tout leur investissement.
Audrey : « Tout le monde sait qu’à côté d’un élevage comme ça, il y a une perte foncière à la revente, c’est clair. »
« On n’est pas écoutés »
Les riverains de Bressolles ne se sentent ni compris, ni écoutés par les autorités. Les plaintes déposées envers la mairie ont été déboutées. La préfecture ne donne pas suite aux nombreuses sollicitations.
Roger : « On a fait un rassemblement de plus de 200 personnes devant la mairie pour demander des comptes, mais bon… » « On n’a jamais parlé des gens. On a parlé que technique. C’est là que ça ne va pas. »
Gilles : « Ce que je voudrais, c’est que Monsieur le Préfet ou Madame la Préfète viennent vivre chez moi pendant un an. Ils vivront à la campagne, ils verront ce que c’est. »
Pour Isabelle Fernandez, porte-parole de L214 : « Ces témoignages sont d’utilité publique. Les animaux sont les premiers touchés par la souffrance dans les élevages intensifs. Ces élevages sont aussi délétères pour l’environnement, pour les éleveurs eux-mêmes. On en parle rarement mais ils sont aussi source de nuisance pour les personnes qui vivent à proximité. La santé physique et morale des habitants devrait être une priorité pour chaque maire, chaque préfet.
En autorisant l’implantation de ces élevages intensifs, ils poussent toujours plus loin ce ravage éthique, environnemental et social. Il est temps de tourner la page. Il est temps d’abandonner ce type d’élevage dont plus personne ne veut. Nous invitons toutes les personnes à signer notre pétition demandant un moratoire sur la question. »
Le projet du poulailler de Bressolles, rappel des faits
Fin 2017, un permis de construire a été accordé par le maire de Bressolles à son fils afin que ce dernier développe son projet d’élevage intensif de poulets. Ce projet impliquait l’élevage de 39 900 animaux en simultané soit 160 000 poulets et 12 000 dindes par an. Malgré une forte opposition, le projet a été autorisé par la préfète de l’Allier.
En mars 2018, compte tenu du silence de la préfecture et du maire de Bressolles, les associations de riverains Bressolles Bien Vivre, L214 et FNE 03 ont décidé de saisir le tribunal administratif de Clermont-Ferrand afin de contester la légalité de l’enregistrement du dossier.
Le 18 décembre 2018, le juge des référés du tribunal administratif de Clermont-Ferrand a donné raison aux associations en décidant de suspendre, en urgence, le projet d’exploitation. Et le 21 décembre 2020, les juges ont décidé d’annuler l’arrêté préfectoral autorisant la construction de cette exploitation.
En attendant, l’exploitant avait mis en place un élevage de 30 000 poulets, grâce à une procédure simplifiée (régime de la déclaration).
L’éleveur a fait appel de cette décision.
Après plus de 5 ans de procédure judiciaire, la Cour administrative d’appel de Lyon a rendu le 17 mai 2023 son arrêt. Les juges d’appel ont décidé d’annuler le jugement du tribunal administratif de Clermont-Ferrand.
L214, Bressolles Bien Vivre et FNE 03 ont saisi la cour de cassation pour contester cette décision.
2 commentaires
Gaston F.
19 septembre 2023 à 13h00
Ils s’imaginaient que la campagne était silencieuse, calme, idéale pour passer des jours loin de tout….
hé ben non, la campagne est active, des gens y travaillent, produisent des aliments, créent des emplois, ils travaillent tôt le matin jusqu’à tard.
Ce n’est pas un centre de repos, ni un village vacances. Vous voulez vivre à la campagne alors prenez le pack complet: le calme et le bruit, l’air frais et la poussière, etc.
Ce n’est pas aux riverains d’imposer un changement de la vie campagnarde, c’est à eux de s’adapter, mais la déconnection va de paire avec l’intolérance, l’égoïsme.
Roger, un article de “plein champ” parle d’un rassemblement de 30 personnes…pas 200!!
Artus
12 septembre 2023 à 17h18
Je suis contre bien entendu ce type d’élevage, ce sont des usines à viande où les animaux sont exploités dans des conditions de maltraitance !
Ce sont des bombes sanitaires prêtent à exploser, la mal bouffe dans toute sa splendeur !
S’il n’y avait que moi j’interdirai la vente de viande en barquette dans les supermarchés ! On règle le problème de pollution en plastique des emballages en même temps ! Il est vraiment URGENT de revoir le mode de consommation auquel on a habitué les gens et bien entendu revoir à la baisse la production ! La FNSEA est responsable et le gouvernement aussi, puisqu’il impose des quotas pour que les éleveurs touchent des subventions !
Le monde est géré par des hommes avides de pouvoir et d’argent.. tous des mégalos qui entraînent la planète et ses ressources vers un point de non retour !! A quand la fin de ces lobbies absurdes !! Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est pour nourrir la planète, ça c’est le discours que martèle les dirigeants pour mieux manipuler la population !!!