ConsommationActualitésAïd : des moutons transportés dans des coffres de voitures

L214 Ethique & Animaux4 août 202225 min

Services vétérinaires absents : L214 porte plainte

Des moutons paniqués, pattes avant ligotées, transportés dans des brouettes puis chargés avec maladresse dans des coffres de voitures pour être abattus clandestinement pendant l’Aïd el-Kébir* : c’est le ballet incessant dont ont été témoins les enquêteurs de L214 à la bergerie de la Société ovine Flandres Artois (SOFA) à Deûlémont. Des dizaines de moutons ont été vendus et remis à des particuliers, en toute illégalité.
Face aux carences des services de l’État, qui n’ont rien fait malgré l’alerte donnée par L214, l’association porte plainte contre la SOFA pour mauvais traitements et pour le délit de complicité d’abattage illicite d’animaux hors d’un établissement agréé auprès du procureur de la République du tribunal judiciaire de Dunkerque.

Site internet et pétition interpellant le préfet du Nord et le ministre de l’Agriculture

Pour la fête de l’Aïd, les élevages sont autorisés à vendre des moutons aux particuliers, mais en aucun cas à les laisser repartir avec : légalement, les clients peuvent réserver un mouton, qui doit être étiqueté (au nom de l’acheteur), transporté puis tué dans un abattoir agréé le jour de l’Aïd ; les clients viennent ensuite récupérer la carcasse du mouton.

Il est en effet illégal de remettre des animaux vivants à des particuliers avant l’Aïd, cela afin d’éviter un transport inadapté, des abattages clandestins et une mise à mort laborieuse et douloureuse des animaux, avec du matériel inapproprié (comme des couteaux de cuisine) ou sans immobilisation ferme des moutons. Comme chaque année, un arrêté a d’ailleurs été publié le 14 juin 2022 : il stipule qu’entre le 4 et le 14 juillet 2022, le transport d’ovins et de caprins par les particuliers était interdit.

La préfecture du Nord rappelle que « le recours à l’abattage, hors abattoir, est illicite et est un délit réprimé par une peine allant jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. De plus, il fait encourir des risques sanitaires aux consommateurs, car la viande et les abats consommés ne seront pas issus de carcasses d’animaux confirmés propres à la consommation par les services vétérinaires de la DDPP. En outre, il présente des risques au regard de la santé animale et de la protection de l’environnement. »

En fournissant des moutons aux particuliers, la SOFA est en situation de complicité concernant le délit d’abattage clandestin.

Malgré l’alerte lancée aux services vétérinaires du Nord par L214, aucune action n’a été entreprise pour faire cesser ces infractions patentes à la réglementation, et L214 n’a reçu aucune réponse à son signalement.

En diffusant ces images, L214 souhaite rendre publiques des pratiques inacceptables, dénoncées depuis des années par les associations de protection animale. Si les associations sont parvenues à faire interdire l’abattage rituel en dehors d’un abattoir agréé, force est de constater que les autorités continuent de faillir sérieusement à leur obligation de contrôle.

Il est pourtant facile pour les services vétérinaires d’identifier les infractions et leurs auteurs puisque la SOFA est tenue de notifier tous les mouvements d’ovins dans la base de données nationale Ovinfos.

L214 réclame qu’une enquête soit menée pour déterminer le nombre de moutons vendus par la SOFA et transportés illégalement. La veille de l’Aïd, plus d’une trentaine de chargements ont pu être filmés (images remises à la justice).

Aïd el-Kébir : il existe une alternative au sacrifice

Chaque année, la mise à mort de centaines de milliers de moutons au moment de la fête de l’Aïd entraîne inévitablement des souffrances, aggravées par les infractions massives à la réglementation et par l’abattage sans étourdissement préalable des animaux.

Pour les musulmans, il est possible de remplacer le sacrifice d’un mouton par un don à une œuvre de charité. Soheib Bencheikh, ancien grand mufti de Marseille, estime que l’effusion du sang n’est pas une exigence absolue. Considérant que le sacrifice de l’Aïd el-Kébir n’est ni un pilier de l’Islam, ni une obligation religieuse comparable à la prière, Soheib Bencheikh estime qu’il est possible de substituer au sacrifice du mouton « un don fait dans un pays où les habitants ne mangent pas à leur faim » ; ce qui est selon lui « plus conforme à l’esprit de partage que comporte cette pratique ».

Deux abattoirs agréés dans le Nord

Le Nord-Pas-de-Calais regrouperait de 5 à 7 % des musulmans et musulmanes de France, soit 350 000 personnes.
En 2022, deux abattoirs étaient agréés pour le département du Nord : l’abattoir de la SOFA à Bailleul et l’abattoir la Douaisienne d’abattage à Douai. Les années précédentes, des abattoirs temporaires avaient également été mis en place pour la fête de l’Aïd el-Kébir.

* Les images ont été tournées le vendredi 8 juillet, veille de l’Aïd el-Kébir.


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2 commentaires

  • France

    5 août 2022 à 21h23

    C’est vraiment inadmissible que on laisse faire sa dans notre pays,les animaux sont pas des objets où on en fait n’importe quoi,ce son des hêtres vivant, ils ont le droit de vivre.Sa devrait être contrôlée de plus près et abattu par un professionnel.je n’aime pas du tout sa, et si on leurs ferais pareil.

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  • Guiborat

    4 août 2022 à 16h53

    Je suis contre cette barbarie.

    Répondre

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