ConsommationActualités Souveraineté alimentaire : la réduction de la viande, l’angle mort des débats

L214 Ethique & Animaux8 décembre 20256 min

Lors de son discours d’inauguration des « conférences de la souveraineté alimentaire » aujourd’hui à Rungis, la ministre Annie Genevard n’a pas évoqué une seule fois la place de la viande et des produits animaux dans le système agricole et alimentaire. Pourtant, la France ne pourra pas être souveraine sans une stratégie de réduction, à l’image de celle proposée par L214 avec le Sauvetage du siècle.

Le « Grand réveil alimentaire » n’a malheureusement pas permis de remettre en question la place de la viande et des produits animaux dans le système agricole et alimentaire français. Dans son discours d’inauguration des « conférences de la souveraineté alimentaire », Annie Genevard n’a pas accordé un mot à cette question pourtant incontournable pour atteindre la souveraineté alimentaire du pays.

Or, un système agricole et alimentaire centré sur l’élevage, comme c’est le cas en France, est par essence fragile et dépendant :

  • dépendant des importations d’aliments pour les animaux, notamment les fourrages en provenance d’Amérique du Sud,
  • dépendant des engrais azotés importés, qui représentent 80 % des engrais utilisés en France (Rapport du gouvernement, 2024),
  • vulnérable aux chocs climatiques qui affectent les rendements, en France comme de l’autre côté du globe,
  • vulnérable aux tensions diplomatiques entre pays, par exemple avec la Russie, dont la France et l’Europe restent pourtant dépendantes pour le gaz utilisé pour les engrais azotés.

L’alimentation moyenne des Français nécessite 3,3 fois plus de terres qu’une alimentation végétale (ADEME, 2021). A l’heure où 60 % des surfaces agricoles françaises sont déjà dédiées à l’alimentation animale (I4CE, 2023), il est urgent de reconnaître la nécessité de réduire la place de l’élevage dans notre système agricole et de faire évoluer la consommation de viande et produits animaux. C’est une condition indispensable pour reconquérir la souveraineté alimentaire de la France.

Réduire la place de la viande est une condition sine qua non pour atteindre la souveraineté alimentaire de la France. L214 l’a déjà souligné dans une note de position en 2024 lorsqu’elle a été sollicitée pour une commission d’enquête nationale sur la souveraineté alimentaire, et continue aujourd’hui de rappeler l’urgence de faire de cette réduction un pilier des politiques agricoles et alimentaires. 

Alors que 65 % des Français estiment que réduire de moitié le nombre d’animaux tués pour l’alimentation est un objectif pertinent et souhaitable, il appartient désormais aux élus de faire preuve de volonté politique. Cet objectif de réduction est au cœur de la campagne Le Sauvetage du siècle portée par L214. Véritable plan de transformation du système agricole et alimentaire, cette campagne propose aux maires, députés et eurodéputés des leviers concrets de réduction pour renforcer la souveraineté alimentaire pour le pays.

Pour Arthur Bonneville, chargé d’affaires publiques de L214 : «Le discours d’Annie Genevard ne marque malheureusement pas la prise de conscience si nécessaire concernant la responsabilité de l’élevage et la consommation de produits animaux dans la vulnérabilité alimentaire de la France. Les futurs groupes de travail des conférences de la souveraineté alimentaire doivent impérativement intégrer cette question pour que la réduction de la place de l’élevage, et donc du nombre d’animaux tués pour l’alimentation française, fasse partie de la stratégie décennale qui sera présentée à l’issue de ce cycle de conférences. »


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