La campagne électorale pour les élections des Chambres d’agriculture débute ce mardi 7 janvier 2025. Plus de 2,2 millions de professionnels du secteur agricole sont appelés à élire leurs représentants, qui joueront un rôle déterminant dans la défense de leurs intérêts et l’orientation des politiques agricoles. Ces élections sont cruciales, car elles influencent la représentativité des syndicats agricoles et déterminent une partie de leurs financements publics annuels.
À cette occasion, L214 dévoile une série documentaire inédite consacrée au plus grand groupement agricole français : La FNSEA, syndicat de l’agriculture intensive.
À l’aide d’images d’archives, d’interviews d’éleveurs et de synthèses graphiques, les épisodes explorent de multiples facettes de ce syndicat faiseur de ministres. Il met en lumière sa restructuration de l’agriculture, ses conflits d’intérêts, mais aussi les conséquences désastreuses de son action pour les éleveurs, l’environnement et les animaux.
Trois épisodes pour révéler un empire tentaculaire
Épisode 1 : un syndicat au lourd bilan
Le documentaire explore l’histoire et l’impact de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), créée en 1946 dans un contexte de reconstruction post-Seconde Guerre mondiale. Afin de moderniser et industrialiser l’agriculture, la FNSEA a favorisé des transformations radicales : remembrement des parcelles, adoption d’un modèle intensif et suppression des petites exploitations.
Avec 28 millions d’hectares de terres agricoles et un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros pour la filière élevage, le secteur semble prospère.
Et pourtant, le bilan est catastrophique. Les éleveurs sont endettés. Chaque année, 1,2 milliard d’animaux élevés en France sont abattus, dont 80 % proviennent d’élevages intensifs sans accès à l’extérieur. L’élevage contribue massivement aux émissions de gaz à effet de serre, faisant du secteur agricole la deuxième cause du réchauffement climatique en France.
L’épisode pointe du doigt l’influence politique écrasante de la FNSEA, véritable lobby, et questionne les alternatives possibles.
Épisode 2 : le malaise des éleveurs
« Les gens ne veulent pas reconnaître qu’ils se sont fait piéger, ils ne veulent pas reconnaître qu’ils font 70 h et qu’ils gagnent moins que le voisin qui est salarié. » Philippe Grégoire, éleveur.
L’épisode met en lumière les difficultés des agriculteurs, notamment les éleveurs, considérés comme les parents pauvres de l’agriculture. Des témoignages poignants révèlent l’ampleur de la crise, entre suicides, revenus dérisoires, et surcharge de travail.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- Le revenu moyen d’un agriculteur en France est de 834 euros par mois.
- En 2016, 529 agriculteurs se sont suicidés (un taux de suicide parmi les plus élevés en France) et, en 2021, 2 485 agriculteurs ont fait une tentative de suicide.
- Les endettements sont colossaux : 257 100 euros en moyenne pour les éleveurs de « volailles » et 431 400 euros pour les éleveurs de cochons.
Le documentaire explore la responsabilité de la FNSEA, qui pousse les éleveurs dans une spirale infernale d’agrandissement et de productivisme.
→ Voir l’épisode 2 (en ligne le 10 janvier 2025)
Épisode 3 : la mafia de l’agroalimentaire ?
L’épisode explore comment la FNSEA, bien qu’officiellement créée pour défendre les agriculteurs, agit avant tout pour soutenir les entreprises agroalimentaires mises en place et gérées par le syndicat. Elle exerce une influence hégémonique grâce à son réseau tentaculaire, contrôlant 97 des 102 chambres d’agriculture et disposant de nombreuses filiales spécialisées, chacune dirigée par des personnalités liées à ses intérêts économiques.
Les dirigeants de la FNSEA, tels qu’Arnaud Rousseau, cumulent des responsabilités au sein d’entreprises comme Avril, renforçant l’interdépendance entre le syndicat et l’industrie agroalimentaire.
Ces liens profitent principalement aux grandes coopératives céréalières, accentuant la dépendance des éleveurs à ce système.
L’épisode met également en lumière le lien entre la FNSEA et l’État, marqué par une relation de proximité, parfois qualifiée de partenariat privilégié, qui influence fortement les politiques agricoles en France.
« Jusqu’en 81, elle (la FNSEA) a été parfaitement hégémonique. Elle était le seul vrai interlocuteur du pouvoir politique et en particulier on disait jusque-là que le président de la FNSEA était une sorte de vice-ministre de l’agriculture. » Isabelle Boussard, historienne, politologue et ingénieure.
→ Voir l’épisode 3 (en ligne le 12 janvier 2025)
Pour Sébastien Arsac, cofondateur et porte-parole de L214 : « Cette série montre comment la FNSEA, sous couvert de défendre les agriculteurs, a transformé l’agriculture en une machine à profit pour les grandes industries. Il est temps de remettre en question ce modèle destructeur pour les agriculteurs, les animaux et l’environnement. »
