Premier maillon de la chaîne de l’élevage intensif des poulets de chair
L214 dévoile de nouvelles images tournées dans l’EARL du Pré de Limel, située sur la commune de Ploërmel dans le Morbihan. Cette exploitation détient 7 000 poules et coqs reproducteurs. Les œufs de cet élevage sont expédiés au couvoir Josset, spécialisé dans la production de poussins pour les élevages intensifs de poulets de chair.
L’EARL du Pré de Limel projette d’étendre son activité. La préfecture vient d’autoriser cette extension. Ce sont plus de 30 000 poules et coqs reproducteurs qui seront enfermés dans 3 bâtiments attenants d’ici 2022.
Les images montrent des animaux dans un état misérable.
L214 dépose un recours auprès du tribunal administratif pour contester la décision de la préfecture et dépose une plainte pour mauvais traitements envers les animaux.
→ Voir l’enquête et la pétition
Un projet démentiel à 1,8 million d’euros
Actuellement, l’élevage est constitué de deux bâtiments, un en fonctionnement enfermant 7 000 poules et coqs, et un bâtiment neuf qui entrera en production d’ici la fin de l’année et enfermera 13 000 poules et coqs. La construction d’un troisième bâtiment, d’une capacité de 13 000 poules et coqs également, est prévue pour 2022.
Au moment du tournage des images (août 2021), les poules étaient âgées d’un an et un mois et produisaient 4 000 œufs par jour, soit environ 30 000 œufs par semaine. Le couvoir Josset, qui récupère les œufs de cet élevage, appartient au groupe BD France créé par les groupes agro-industriels Belgabroed (belge) et DanHatch (danois). Le couvoir Josset produit 1 100 000 poussins par semaine, et BD France produit un quart des poussins de chair sur le marché français de l’élevage intensif !
Sans apport personnel, l’éleveuse doit emprunter 1,8 million d’euros, prenant ainsi tous les risques, alors qu’elle est totalement dépendante du groupe BD France.
Des animaux volontairement affamés
Les images montrent des poules et coqs très fortement déplumés*. Arrivés dans l’élevage à l’âge de 6 mois, ils vont y rester pendant un an, sans jamais avoir accès à l’extérieur, à une densité de 9 oiseaux par m2. Le sol de l’élevage est constitué de caillebotis en plastique et d’une litière qui n’est jamais changée durant leur cycle de vie. Âgés de moins de deux ans, épuisés, ils seront envoyés à l’abattoir.
La souche de poulet utilisée dans cet élevage est le poulet ROSS 308. C’est une souche qui a été sélectionnée pour grossir très vite (2 kg en 40 jours, soit 4 fois plus vite qu’en 1950) et qui est utilisée dans les élevages intensifs (qui représentent 83 % de la production française). Devant être maintenus en vie plus longtemps que les poulets élevés pour la viande, les reproducteurs sont nourris avec des rations limitées, comprises entre 20 % et 50 % de ce qu’ils mangeraient s’ils avaient un libre accès à la nourriture. Les poules et les coqs reproducteurs souffrent donc de la faim de manière chronique**, et sont de fait stressés et frustrés en permanence.
Un congélateur stocké dans une pièce attenante à l’élevage est rempli de poules et coqs morts dans l’élevage.
L214 porte plainte auprès du procureur de Vannes pour mauvais traitements envers les animaux commis par un professionnel (article L215-11 du Code rural).
Une pétition pour dire non à l’installation de nouveaux élevages intensifs en France est ouverte.
Pour Sébastien Arsac, porte-parole de L214 : « Au bout d’un an à peine, les poules et coqs reproducteurs de l’EARL du Pré de Limel sont dans un état misérable. Constamment affamés, fortement déplumés, ils seront envoyés à l’abattoir dans quelques semaines. Cette exploitation agricole fait partie du premier maillon de la chaîne de l’élevage intensif. Elle fournit le couvoir Josset où naissent chaque semaine plus d’un million de poussins qui sont envoyés dans les élevages intensifs du Grand Ouest français. Ce projet d’extension est une absurdité absolue. L’urgence est de sortir de l’élevage intensif et non pas de le développer et le faire perdurer. »
Mobilisation de L214 à Vannes ce jeudi 16 septembre
Ce jeudi, les bénévoles de l’association L214 mèneront une action place des Lices à Vannes, de 12 h 15 à 13 h 45, afin d’informer les passants et de les inviter à signer la pétition adressée au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, au ministre de la Transition écologique et aux parlementaires.
* Le déplumage extrême des poules peut venir de plusieurs causes : un espace insuffisant, la présence de parasites, une température non adaptée, le sur-cochage (on parle de cochage lorsque le coq monte sur la poule), l’espace à la mangeoire insuffisant, une alimentation carencée, une mauvaise qualité de la litière, etc. Plus d’information dans l’article « Gestion du plumage chez les poules pondeuses de type chair : un guide pratique ».
** Extrait du rapport d’expertise Douleurs animales réalisé par l’INRA à la demande du ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (p. 51) : « Les oiseaux présentent des réactions comportementales et physiologiques intenses (activation de l’axe corticotrope et du système ortho-sympathique) dans des situations effrayantes, ou encore de frustration alimentaire ou de séparation sociale. »
Un moratoire sur l’élevage intensif
Aujourd’hui en France, 80 % des animaux d’élevage abattus sont détenus dans des exploitations agricoles intensives. Ils sont confinés dans des bâtiments fermés sans accès au plein air, et vivent dans une promiscuité extrême.
La cause animale constitue désormais un des enjeux de société majeurs. 88 % des Français se disent opposés à l’élevage intensif.
L214 demande la mise en place d’un moratoire sur ce mode d’élevage, suspendant immédiatement les nouvelles constructions et extensions d’élevages intensifs. L’association soutient et accompagne les opposants pour agir localement contre les projets d’élevages intensifs.
→ Découvrir notre site sur les oppositions aux projets d’élevages intensifs
Consommation de viande et élevage intensif
L’impact négatif de notre surconsommation de viande sur l’environnement, la santé publique ou le partage des ressources n’est plus à démontrer. Sortir de l’élevage intensif implique nécessairement une diminution forte de la consommation de produits animaux.
L214 demande un programme volontariste pour développer une végétalisation d’ampleur de l’alimentation en restauration collective publique ou privée.
→ Voir notre site « L’impact de la viande sur les humains, les animaux et l’environnement »
→ Voir notre site « Appel contre l’élevage intensif »
→ Voir notre site « Vegan Pratique »
L’élevage intensif des poulets en France
Aujourd’hui, en France, 83 % des 800 millions de poulets élevés pour leur chair sont détenus dans des élevages intensifs. Croissance accélérée, environnement insalubre, enfermement, densités élevées, sélection génétique, nombreux et graves problèmes de santé, c’est le sort qui leur est réservé. Ramassés brutalement à 35 jours environ, ils sont ensuite tués à l’abattoir.
→ Lire notre dossier « La vie des poulets élevés pour la viande »
Photo © L214
Il y a un commentaire
Burn
17 septembre 2021 à 13h05
Bonjour il faut que ce massacre esse. Je suis menbre de L214 respect pour l’assos. Les clients ont aussi une responsabilite dans la mesure ou ils achetent ces animaux. Je propose de faire un journal mensuel pour montrer la réalité des abattoirs, des elevaces. Pour que les gens comprennent.