L’association organise ce samedi une mobilisation record pour convaincre le n° 1 du poulet
À l’occasion de la plus large mobilisation jamais organisée par l’association, L214 dénonce les mensonges de la marque Le Gaulois en ce qui concerne la viande de poulets de sa démarche « Oui, c’est bon ! ». La dernière enquête de l’association L214 dévoilait en effet des images issues d’un élevage situé à Moncé-en-Saosnois dans la Sarthe et mis en avant sur le site Le Gaulois pour son implication dans la démarche « Oui, c’est bon ! », qui prétend « préserv[er] le bien-être animal » et garantir une alimentation sans OGM : les images montrent que les promesses de la marque sont mensongères.
L214 porte plainte pour tromperie du consommateur sur les conditions d’élevage et l’utilisation d’OGM
La marque Le Gaulois ment quand elle prétend « s’adapte[r] aux spécificités de chaque espèce », « préserv[er] le bien-être animal, la santé des volailles et l’environnement » et garantir une alimentation sans OGM pour sa démarche « Oui, c’est bon ! ».
En effet, les images de la dernière enquête de L214 dans un élevage Le Gaulois « Oui, c’est bon ! » montrent des conditions de vie sordides pour les poulets :
- les animaux sont entassés à un niveau de densité supérieur à 30 kg/m2, une limite au-delà de laquelle les études scientifiques indiquent que la densité conduit systématiquement à des problèmes graves de bien-être pour les poulets (exemple : rapport du Comité scientifique de la Commission européenne) ;
- les poulets sont issus d’une race à croissance ultrarapide, appelée Ross 308. Cette race a été créée par une sélection génétique intensive pour que les oiseaux grossissent le plus vite possible, ici en 38 jours, soit près de 4 fois plus vite qu’en 1950 (rapport de la Commission européenne, p. 6). Cette croissance ultrarapide des muscles est la cause d’importants problèmes de santé pour les poulets : leur squelette n’arrive plus à supporter le poids de leur corps et leurs organes vitaux sont comprimés, entraînant des difficultés cardiaques et respiratoires.
Ces pratiques sont incompatibles avec le bien-être des animaux, contrairement à ce que prétend Le Gaulois.
Le groupe LDC*, auquel la marque appartient, refuse d’ailleurs de s’engager sur les critères du European Chicken Commitment. Races de poulets à croissance moins rapide, lumière naturelle et intensité lumineuse minimale, baisse des densités dans les élevages, enrichissement du milieu de vie, abandon de l’accrochage des poulets encore conscients à l’abattoir : les mesures de cette demande, portée par une trentaine d’associations en Europe, sont pourtant un strict minimum.
Par ailleurs, des documents présents dans l’élevage indiquent que le soja OGM est un composant majeur dans l’alimentation des poulets, alors même que Le Gaulois promet une alimentation sans OGM en ce qui concerne la démarche « Oui, c’est bon ! ». Cette promesse est d’ailleurs particulièrement mise en avant sur les packagings des produits « Oui, c’est bon ! » (exemples de produits vendus chez Auchan, Système U, Franprix, Cora, Carrefour…).
Le couple d’éleveurs était mis en avant sur le site de la marque Le Gaulois pour la démarche « Oui, c’est bon ! ». Mais au lendemain de la diffusion de l’enquête de L214 (le 22 février dernier), la page avait disparu…
Dans leur témoignage, les éleveurs indiquaient également « apporter un maximum de confort [aux poulets] avec des ballots de paille, des pierres à picorer, de la musique (depuis longtemps) et la lumière naturelle bien sûr ! ». Pourtant, les images d’enquête indiquent qu’il n’y a ni ballots de paille, ni pierres à picorer dans le bâtiment d’élevage : les oiseaux sont donc privés de toute possibilité d’exprimer certains comportements naturels essentiels comme se percher ou picorer. Là encore, Le Gaulois ment aux consommateurs.
Au-delà de la plainte déjà déposée pour mauvais traitements, L214 porte aujourd’hui plainte contre Le Gaulois et le groupe LDC pour tromperie du consommateur, et alerte les services de l’État.
Une mobilisation record : des actions devant les supermarchés dans 40 villes en France
Le samedi 19 mars, dans 40 villes en France, des actions auront lieu aux abords de supermarchés qui distribuent les produits Le Gaulois. Munis d’une banderole « Le Gaulois vous ment », de panneaux montrant la réalité des conditions d’élevage de la marque et de tracts, les bénévoles iront au-devant des passants afin de les informer des mensonges de la marque Le Gaulois.
À Paris, Lille, Lyon, Marseille et Bordeaux, une campagne d’affichage dénoncera également la communication mensongère de Le Gaulois.
Cette mobilisation est la plus grande jamais organisée par L214.
L214 appelle les consommateurs à signer une pétition adressée au groupe LDC, qui détient la marque Le Gaulois, sur le site dédié legaulois.stopcruaute.com.
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214 : « Non seulement la marque Le Gaulois et le groupe LDC refusent de prendre les engagements minimaux demandés par une trentaine d’associations européennes de protection des animaux en ce qui concerne les conditions d’élevage et d’abattage des poulets, mais en plus ils mentent aux consommateurs en prétendant préserver le bien-être animal et respecter des critères qu’ils ne mettent pas en place, notamment en ce qui concerne l’alimentation OGM. C’est honteux, il n’y a pas d’autre mot. Le Gaulois et le groupe LDC essaient de se donner une image vertueuse, mais ce n’est encore une fois que de la poudre aux yeux ! Il est urgent que le N° 1 du poulet s’engage à respecter à minima les critères du European Chicken Commitment pour toutes ses marques. »
Un éleveur dénonce Le Gaulois et le groupe LDC
Dans l’enquête diffusée par L214 le 22 février dernier, un ancien éleveur de volailles commente les images filmées dans un élevage de poulets « Oui, c’est bon ! » situé à Moncé-en-Saosnois. Il dénonce une injonction de la part des groupes leaders sur le marché de la viande de poulets en France, comme le groupe LDC*, à pratiquer de l’élevage intensif plutôt que des pratiques qu’il considère comme raisonnées :
« L’éleveur aujourd’hui est un esclave. Il ne décide rien du tout. Il ne décide pas la souche, il ne décide pas l’aliment. Il ne décide rien du tout. Il ne décide même pas son prix. Il est condamné à travailler et produire au maximum. »
Les images de l’élevage montrent l’enfer vécu par ces animaux : densités extrêmes, aucun accès à l’extérieur, sélection génétique intensive visant à accélérer leur croissance… Les poulets souffrent de maladies et de problèmes musculo-squelettiques entraînant des boiteries, des fractures, des arrêts cardiaques et d’autres problèmes de santé. Certains agonisent, d’autres sont déjà morts depuis plusieurs jours : leurs cadavres se décomposent. La benne d’équarrissage est remplie de poulets en état de décomposition avancée.
Au sujet de la démarche « Oui, c’est bon ! », l’éleveur de métier ajoute : « J’ai bien entendu parler de “Oui c’est bon !”. Quand je vais dans des commerces, des grandes surfaces, je vois. Il y a même la photo de l’éleveur. C’est super ! Apparemment, dans la barquette, ça doit être super bon… Mais les gens sont dans l’inconscience. C’est de l’élevage intensif. »
→ Voir l’enquête Le Gaulois : un éleveur dénonce
LDC et ses marques Maître CoQ et Le Gaulois déjà épinglés sur les poulets dans le passé
En 2018, L214 avait déjà diffusé des images d’un élevage Maître CoQ du groupe LDC servant de lieu de formation pour des étudiants en BTS Productions animales. Ces images montraient déjà les conditions de vie déplorables des poulets élevés pour la marque.
→ Voir l’enquête Maître CoQ de 2018
En mai 2021, L214 a lancé une campagne d’information publique pour demander au groupe LDC de s’engager à respecter les critères du European Chicken Commitment, soutenus par une trentaine d’associations européennes.
→ Lire le communiqué de presse de la campagne lancée en mai 2021 à destination du groupe LDC
En juillet 2021, l’actrice Julie Depardieu présentait les images d’une enquête de L214 dans un élevage Maître CoQ utilisant la souche de poulet Ross 308 à croissance rapide.
→ Voir l’enquête Maître CoQ de juillet 2021
En novembre 2021, L214 dévoilait une enquête filmée dans un immense complexe d’élevage à Saint-Saturnin-du-Limet (Mayenne). Il s’agit du plus grand élevage de France (à notre connaissance) : plus de 2 millions de poulets de souche Ross 308 y sont élevés chaque année dans 8 bâtiments. Les images montrent des animaux mourants, d’autres atteints de stéréotypies (gestes répétitifs dus à l’ennui) ou de fractures. Certains poulets, trop chétifs, n’arrivent pas à atteindre les abreuvoirs.
→ Voir l’enquête Le Gaulois de novembre 2021
Ces enquêtes successives apportent à chaque fois de nouvelles preuves de la souffrance des poulets élevés pour les marques du groupe LDC.
L214 dénonce fermement le refus du plus grand producteur français de prendre un engagement sur les critères minimums du European Chicken Commitment (ECC) de façon à réduire les souffrances des animaux.
→ Voir les critères du European Chicken Commitment (ECC)
→ Voir la liste des entreprises engagées sur l’ECC
* Numéro 1 français de la volaille et un des leaders européens, le groupe LDC travaille sous contrat avec des éleveurs en leur fournissant l’expertise, la logistique, l’alimentation pour mener leur élevage. LDC est également propriétaire des abattoirs et des usines de transformation qui fournissent en viande de poulets leurs marques ainsi que celles de nombreux autres acteurs de l’agroalimentaire. Les marques du groupe LDC détiennent à elles seules 40 % du marché français de la volaille.