Les balades en forêt, en montagne ou sur le littoral sont parfois l’occasion d’observer les animaux sauvages de près ou de loin. Aussi belles soient-elles, ces rencontres peuvent aussi être sources d’inquiétude lorsqu’il s’agit d’animaux en détresse. Alors que faire dans ce cas de figure ? Qui appeler ? « Savoir-Animal » fait le point.
Les escapades en pleine nature sont pour beaucoup sources d’évasion et permettent bien souvent d’avoir un contact privilégié avec les animaux sauvages. De même qu’ils peuvent croiser notre route au quotidien en milieu urbain au détour d’une route ou en périphérie d’une ville. S’ils sont pour la plupart en peine santé, certains peuvent aussi sembler blessés, des situations qui proviennent généralement des accidents de la route, de la chasse, d’empoisonnements, de pièges ou encore de collisions contre des vitrages ou des câbles électriques.
Face à cette réalité, certains continuent leur route, d’autres tentent de porter secours. Dès lors, certaines questions se posent et beaucoup ne s’y retrouvent pas entre les centres de faune sauvage, les associations et les vétérinaires. Une grande confusion existe. La majorité des particuliers ne sait ni où se rendre ni comment ces établissements fonctionnent. Alors pour soigner l’animal dans les meilleurs délais et éviter de perdre du temps, une mise au point s’impose.
Centres de faune sauvage :
Deux types de centres de soins existent : les centres professionnels et les centres d’agrément, les plus courants. Ils ont le même mode de fonctionnement à une différence près. Les premiers embauchent des salariés tandis que les seconds travaillent uniquement avec des bénévoles.
Seuls autorisés à la détention de la faune sauvage, ces centres ont pour mission d’apporter les premiers soins aux animaux blessés. Ainsi, comme le rappelle à « Savoir-Animal » Manuel de Aguirre, le Président de l’association Erinaceus France, un particulier doit appeler en premier lieu le centre de sauvegarde le plus proche s’il croise un animal en détresse. L’objectif est de discuter avec le « découvreur » pour évaluer la situation de l’animal. Dès lors, le capacitaire (personne responsable du centre et détenteur d’un certificat de capacité, NDLR) statue sur la marche à suivre. « Il doit faire le moins d’allers-retours possibles pour éviter de souffrir ».
Dans le cas où l’animal ne présente pas de graves blessures
Si la situation s’impose, l’animal est transporté dans un centre de sauvegarde où il sera observé. A noter que les animaux recueillis y sont uniquement « en transit ». Une fois rétablis, ils sont relâchés dans leur milieu naturel. « Nous effectuons le travail des infirmières. On s’occupe d’eux, on nettoie leurs blessures et leur apporte des soins si nécessaire. Nous connaissons l’espèce parfaitement, bien mieux que les vétérinaires. Malgré tout, ils sont les seuls à pouvoir prescrire des médicaments sur ordonnance, faire des injections ou anesthésier un animal. Le certificat de capacité n’autorise pas la pratique de la médecine vétérinaire », a-t-il expliqué tout en rappelant les règles régissant le transport d’espèces sauvages.
« Pour éviter d’éventuels désagréments, il est vivement recommandé de contacter au préalable l’établissement. En cas de contrôle routier, c’est compliqué. C’est une situation très délicate car les autorités ne peuvent pas être sûres que vous l’emmenez vraiment dans un centre ou chez un vétérinaire ».
Dans le cas où l’animal se trouve dans une situation critique
Le capacitaire demande au « découvreur » de se rendre directement chez un vétérinaire. Les centres de soins travaillent généralement en étroite collaboration avec des professionnels de santé qui connaissent les espèces qu’ils sont autorisés à détenir et à soigner.
Vétérinaires
Les vétérinaires ont des missions qui leur sont propres. Ils sont les seuls à pouvoir réaliser des actes médicaux et chirurgicaux sur des animaux sauvages mais aussi les seuls à décider de la mise en place d’un traitement et de sa durée. Le devenir des animaux blessés dépend donc de leur diagnostic.
Après analyse de la situation (radiographie, anesthésie, intervention si plaies, administration de médicaments), ils doivent statuer sur leur sort et juger de leur capacité à survivre. S’ils peuvent être sauvés, ils devront obligatoirement être acheminés vers un centre de sauvegarde une fois leur état stabilisé. Là-bas, les capacitaires procèderont aux soins nécessaires et à leur remise en liberté dès que possible. Dans le cas inverse, ils seront euthanasiés afin de leur éviter une mort lente et douloureuse.
A noter que les vétérinaires sont soumis à diverses démarches règlementaires consécutives à leur prise en charge. Si l’animal sauvage a directement été amené à la clinique, les professionnels de santé doivent faire remplir une déclaration de dépôt au « découvreur » avant de prévenir la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations) ou le service départemental de l’OFB (Office français de la biodiversité). S’il s’agit de gibiers, les vétérinaires peuvent également prévenir la DDT (Direction Départementale des Territoires). Enfin, il est de leur devoir de communiquer avec le centre de sauvegarde le plus proche ou le mieux à même de prendre en charge l’animal.
En revanche, ce travail administratif n’est parfois pas nécessaire. Lorsque les vétérinaires travaillent déjà avec un ou plusieurs centres, ces derniers prennent en charge l’animal dès qu’il arrive à la clinique et s’occupent des papiers le concernant.
Associations
Au total, quatre types d’associations existent dont celles avec agrément. Elles soutiennent les centres de faune sauvage en récoltant des fonds pour les faire vivre comme, par exemple, l’association Faune Alfort avec le ChuV-FS (ex-Cedaf) ou Erinaceus France avec le centre de soins du même nom. « L’association essaye de contacter les particuliers, les pouvoirs publics et les entreprises pour trouver des dons », a expliqué Manuel de Aguirre tout en rappelant que les centres de sauvegarde de la faune sauvage n’étaient pas aidés financièrement par le gouvernement. C’est pourquoi les associations et les centres de soins d’agrément s’unissent et vont de pair.
« Au moment d’effectuer la démarche d’ouverture de l’établissement à la Préfecture, nous sommes contraints d’être en lien avec une association. C’est obligatoire. L’État nous aide mais d’une autre façon. Grâce à lui, nous sommes reconnus organismes d’intérêt général. Les dons au profit des associations ouvrent donc droit à une réduction d’impôt sur le revenu et c’est non négligeable ».
En parallèle, les associations peuvent aussi faire de l’information et, contrairement aux centres de soins, recevoir du public et des bénévoles. S’ils le souhaitent, ces derniers ont la possibilité d’apporter leur aide au sein des centres de sauvegarde mais doivent être assurés. Pour cela, les capacitaires doivent louer les locaux à l’association avec laquelle ils sont en lien. « Tout cela permet aux autorités de savoir qui travaille et qui ne travaillent pas dans les centres, il y a plus de transparence. Nous avons besoin des bénévoles pour effectuer diverses tâches. Pour nous c’est vital. En tant que capacitaire, je ne peux pas m’occuper de tout », a-t-il déclaré.
Ravi de les avoir à ses côtés pour faire vivre le centre, Manuel de Aguirre a également tenu à dénoncer certaines pratiques dont il est le témoin au quotidien. Pour lui, certaines associations, non associées à des centres, « ne connaissent rien aux animaux qu’ils disent protéger ». « Ils donnent des conseils sur les réseaux sociaux mais la plupart sont faux. Ça triche et ça ment. Ils n’ont aucune connaissance de l’animal ni de la loi et ce type de comportement encourage souvent la détention de la faune sauvage. Certaines vivent grâce aux familles d’accueil. Elles récupèrent les animaux, ne les soignent pas, les transmettent à des particuliers et leur font payer une cotisation. Les familles d’accueil se multiplient et ce n’est pas bon », a-t-il regretté.
Selon lui, le gouvernement devrait davantage contrôler les groupes présents sur les réseaux sociaux afin d’éviter certaines dérives. Du côté de la législation, la capture et la détention d’animaux sauvages par les particuliers sont interdites. La sanction peut atteindre jusqu’à six mois d’emprisonnement et 9.000 euros d’amende.
Liens utiles
L’Annuaire des centres par région et par espèce : https://erinaceus.fr/documents/Annuaire_des_centres_de_soins.pdf
DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations)
UFCS (Union Française des Centres de Sauvegarde de la faune sauvage)
OFB (Office Français de la Biodiversité)
Amandine Zirah
Rédactrice freelance
Il y a un commentaire
DELAVIGNE
15 janvier 2021 à 23h35
Bonjour. Comment serait-il possible de favoriser la venue de hérisson et favoriser son acclimatation
MERCI Cordialement