Bien-être animalActualitésHenry-Jean Servat : Nice deviendra « la capitale européenne du bien-être animal »

Amandine Zirah21 décembre 20207 min

Grand amoureux des animaux, Henry-Jean Servat a donné un véritable tournant à sa carrière professionnelle en devenant, il y a un moins d’un an, conseiller municipal en charge de la protection animale à Nice. L’écrivain et journaliste est revenu sur son parcours et ses engagements.

Vous avez choisi la ville de Nice comme terrain d’actions pour défendre la cause animale. Quelles mesures avez-vous pu mettre en place depuis le début de votre mandat et quelles sont celles à l’étude ?

J’ai accepté de venir à Nice uniquement pour m’occuper des animaux car la détresse animale me bouleverse et je veux y remédier. J’ai donc commencé par demander l’autorisation d’accès à tous les animaux dans les transports en commun. Je souhaite faire plaisir aux propriétaires d’animaux car moi-même j’en suis fou mais je suis prudent. Un accident est vite arrivé. Nous effectuerons un test pendant six mois. Les chiens devront obligatoirement porter une muselière de type Baskerville. Les petits pourront être portés dans des sacs.

Autre bonne nouvelle, les chiens pourront désormais profiter et circuler librement dans la majorité des espaces verts de la ville de Nice, 155 au total. La plupart d’entre eux sont équipés de fontaines à eau, de poubelles et de distributeurs de sacs à déjection canine. Certains ont même des aires d’ébats et des espaces d’agility. Il y aura également une deuxième plage pour les animaux, devant l’hôpital Lenval et peut-être bientôt des animaux au bureau. J’aimerais lancer le « Pets at work ». Nous commencerons prochainement à la Mairie après consultation des syndicats et des autorités concernées.

J’ai aussi fait le souhait, en suivant l’initiative de la ville de Montpellier, de permettre aux propriétaires de déclarer officiellement leurs animaux sur un site Internet. Grâce à ce système, nous connaîtrons leur domiciliation et nous pourrons intervenir si besoin. Enfin, je tiens à stopper la prolifération des chats. La ville a conclu une Convention avec 30 Millions d’Amis pour qu’ils soient stérilisés. Depuis le 1er janvier, 350 l’ont été. Cette démarche devrait être étendue à la Métropole.

Selon une étude de « 30 millions d’amis » publiée en juillet dernier, Nice se classe dans le top 5 des villes amies des chiens. A quand le label « Ville amie des animaux » ?

J’espère le plus rapidement possible, c’est mon objectif. Je me suis engagé pour que Nice devienne la capitale européenne du bien-être animal. Pour le moment, c’est parfait, je ne peux rêver mieux. Christian Estrosi a été favorable à toutes mes propositions. En revanche, au sein du Conseil municipal, certaines personnes ont des idées opposées aux miennes, notamment sur le foie gras et la corrida. J’espère qu’ils en reviendront.

C’est essentiel de mettre en place des mesures en faveur du bien-être animal car à Nice, une personne sur deux a un animal de compagnie. En revanche, les propriétaires doivent faire preuve de civisme et avoir des réflexes citoyens : il y a 700 points de distribution de sacs et pelles pour déjections canines.

Une campagne a d’ailleurs été engagée pour s’opposer à l’incivilité. Nous avons mis en place un numéro « Propreté », décliné aussi en application mobile afin de pouvoir signaler une déjection sur la voie publique. Les amoureux des animaux, comme moi, doivent faire en sorte que ceux qui ne les aiment pas ne les détestent pas.

Vous parrainez l’association Terpta qui a pour objectif de réunir maîtres et animaux dans les maisons de retraite. Comment a été accueillie l’idée et où en est-on aujourd’hui ?

L’association Terpta, dont je suis le parrain et Brigitte Bardot la marraine, a besoin de financement. Des réunions ont été organisées avec cinq élus de la ville pour préparer le projet mais c’est compliqué et long à mettre en place, notamment en raison du manque de subventions. Nous avons avancé malgré tout. J’ai contacté l’Institut Pompidou de Nice, le CCAS, plusieurs hôpitaux et associations afin d’envisager l’avenir. De son côté, Terpta a fait appel à des architectes pour qu’ils puissent dessiner les plans d’aménagement des prochaines structures animalières au sein de l’Institut Pompidou à Nice.

D’autres situations préoccupantes méritent aussi une attention particulière, notamment lorsqu’une personne est alitée à son domicile et ne peut plus s’occuper de son animal. Nous sommes en train de mettre au point un système avec l’association « La Maison SPA de Nice » afin de prendre en charge ces animaux pendant le temps nécessaire.   

Une autre configuration existe, celle où des personnes malades, alitées à leur domicile, souhaitent adopter un animal. Au départ, les associations ont refusé de leur en confier mais j’ai souhaité le faire car les animaux ont un effet bénéfique sur leur humeur et leur éventuelle propension à guérir. Des bénévoles s’occuperont des promenades et des repas. Il y a beaucoup d’animaux qui attendent d’être adoptés, d’avoir une famille pour apporter du bonheur. Nous avons centralisé énormément de demandes de ce type. Un salon de l’adoption sera d’ailleurs bientôt organisé.

Dans un premier temps, nous souhaitons nous occuper de ces deux cas de figure. Puis, si la situation s’impose, nous organiserons leur départ à l’hôpital avec leurs animaux pour une durée limitée ou plus longue.

A Nice, des maraudes sont organisées pour nourrir les chiens des sans-abri et des personnes précaires. Comment les Niçois ont-ils réagi et pour quelles raisons cette initiative a-t-elle du mal à se généraliser dans les autres villes françaises ?

Nous les organisons une fois par semaine, le samedi, avec Angélique Jammes, la responsable de la maison SPA de Nice, Solidarité 06 et les bénévoles du 115. J’en suis très content et très fier. Des croquettes sont distribuées aux personnes les plus démunies afin qu’elles puissent nourrir leurs chiens. La mesure plaît beaucoup et va perdurer dans le temps. La première fois, les Niçois ont applaudi spontanément en y assistant. J’étais estomaqué. Ils y ont vu un acte de générosité, de don et de partage.

J’incite mes camarades élus à la protection animale dans les Conseils municipaux de différentes villes de France à se lancer. Il suffit de trouver de bonnes volontés. Mettre en place cette mesure a été d’une facilité déconcertante. Nous n’avons besoin de rien, nous avons seulement sollicité une petite subvention, 1000 euros de la mairie. Les bénévoles se chargent des maraudes et nous avons suffisamment de croquettes pour chiens et chats grâce aux dons.

Il y a même un surplus de croquettes pour chats que nous allons donner aux nourrisseuses. J’ai fait en sorte qu’elles puissent avoir des cartes officielles dans le cas d’éventuels désagréments. De plus, j’ai appelé le Président du Conseil de l’ordre des vétérinaires des Alpes-Maritimes car j’aurais souhaité que des vétérinaires volontaires nous accompagnent lors des visites mais je n’ai pas eu de réponse. En revanche, des vétérinaires retraités se sont proposés pour faire les maraudes avec nous et faire passer des visites de contrôles aux animaux. 

Votre longue amitié avec Brigitte Bardot vous a-t-elle poussé à vous engager en faveur des animaux ?

Je connais Brigitte Bardot depuis 1987. J’ai beaucoup voyagé avec elle. Nous sommes allés voir des fourrières, des chenils, des abattoirs, des endroits immondes à en vomir, notamment en Roumanie. J’étais estomaqué par cette femme que j’idolâtrais comme actrice. Grâce à elle, je suis devenu végétarien et je me suis engagé en faveur des animaux.

J’ai un très grand respect pour cette femme qui a mis son nom, son argent et sa beauté au service des animaux. Elle a parfois été excessive dans ses propos mais a toujours accepté les condamnations et n’a jamais fait appel. Je l’adore.

Lorsque j’étais jeune, j’étais con, j’étais un enfant gâté. Je vivais dans l’abondance, dans le luxe. Brigitte Bardot m’a fait connaître la détresse animale et j’en ai été bouleversé. L’idée de les faire souffrir, de les martyriser m’est incompréhensible. Je ne demande pas qu’on les aime mais simplement qu’on leur foute la paix.

Le Carnaval de Nice a été officiellement annulé en raison de la situation sanitaire. Quel message la ville de Nice souhaitait faire passer en choisissant le thème des animaux ?

Christian Estrosi a été élu très confortablement et souhaite faire plaisir à ses électeurs. Nice est l’une des villes de France où il y a le plus grand nombre d’animaux domestiques par habitant d’où le choix du thème. Malheureusement, le carnaval n’aura pas lieu cette année mais en 2022.

C’est important de les mettre à l’honneur car aujourd’hui, on nous fait culpabiliser d’avoir des animaux. Ils ne sont pas toujours admis dans les restaurants et les taxis, c’est de plus en plus compliqué. C’est en partant de ce constat que nous souhaitons organiser une sorte de « marche » sur le modèle de la Gay Pride pour revendiquer notre fierté d’avoir un animal. L’année prochaine, nous partirons de l’hôtel Negresco car c’est un endroit symbolique qui revêt une grande importance dans la protection animale. La propriétaire Jeanne Augier, aujourd’hui décédée, a fait énormément en faveur des animaux. Nous emprunterons la Promenade des Anglais avant de revenir dans le centre-ville, devant la Mairie où nous attendrons le Maire. Une réception pour chiens sera organisée.

Les amoureux des animaux seront aussi contents d’apprendre que nous souhaitons organiser un canicross et un cani-VTT. Pour favoriser le partage, des nouvelles ruches à abeilles devraient aussi être installées en ville, sur le toit de l’Opéra. Nous offrirons ce miel dans les écoles, les Ephad et en guise de cadeau lors des mariages.

Amandine Zirah
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Rédactrice freelance

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