ActualitésAnimaux domestiquesVergèze : la corrida, c’est bel et bien fini

Amandine Zirah27 octobre 202014 min

Ils ne prendront plus le taureau par les cornes

La ville de Vergèze (Gard) a annoncé le 16 octobre dernier qu’elle mettait fin à la pratique de la corrida sur son territoire. Une décision justifiée par des raisons financières et sécuritaires selon la municipalité. 

Vergèze a franchi le cap et rejoint ainsi la liste des 23 autres villes françaises ayant déjà renoncé à la corrida. Dirigée par Pascale Fortunat-Deschamps, la nouvelle municipalité a annoncé le 16 octobre dernier la fin de la pratique tauromachique sur son territoire. Un véritable coup dur pour les afficionados et les toreros qui ne pourront plus jouer des banderilles lors de la traditionnelle Féria du Rhôny organisée chaque printemps. 

«Il n’est pas question ici de débattre de l’interdiction de la corrida et en aucun cas de porter un jugement moral ou philosophique sur cette pratique. Les corridas sont légales chacun est libre de les apprécier, d’y assister ou pas. Notre décision ne s’appuie ni sur des goûts personnels ni sur une démarche partisane», s’est justifiée l’élue dans un communiqué de presse tout en mettant l’accent sur les problèmes liés à la sécurité. 

La ville est «encore sous le traumatisme de l’accident survenu en mai 2019 qui aurait pu être encore bien plus dramatique et qui a mis à jour nos insuffisances à organiser en toute sécurité ce type de manifestation. Ces férias génèrent aujourd’hui de trop nombreuses et trop lourdes contraintes pour une commune telle que la nôtre», a-t-elle ajouté. 

Interrogé par Midi-Libre, le Président du club taurin Fiesta Brava, Camille Martinion, a exprimé son désarroi : «C’est notre passion qui est prise pour cible. On respecte le maire mais on pense qu’elle se trompe profondément. On en est très déçus», a-t-il fait savoir craignant que Vergèze ne devienne «définitivement un village dortoir». 

Mais que les afficionados se rassurent un peu: la Féria sera remplacée par un «grand week-end festif taurin» lors duquel les traditions locales seront promues et mises en lumière. Au programme, plus de mise à mort mais des courses camarguaises, taureaux piscines, spectacles équestres, abrivados, bandidos mais aussi encierros. 

Contacté par Savoir-Animal, Didier Bonnet, le Président du Comité Radicalement Anti-Corrida (CRAC), s’est réjoui de cette prise de décision. «C’est une excellente nouvelle. Peu importe le motif pour lequel elle ne fait plus de corrida dans sa commune, l’essentiel c’est qu’il y en ait plus du tout. La maire de Vergèze a tenu un discours très politique. Les pro-corridas ne peuvent rien lui dire parce qu’elle met la sécurité en avant. Il est possible aussi qu’elle en ait eu ras-le-bol de voir les anti-corridas venir chaque année faire des manifestations du matin au soir. Les déploiements de force y sont assez importants»,  a-t-il expliqué. 

Pour lui, rien d’étonnant à cette nouvelle car de plus en plus de spectateurs désertent les gradins: «Il y a des matadors comme Sébastien Castella ou José Tomas qui attirent beaucoup de monde mais les novilladas (corridas réservées aux jeunes toreros, NDLR)  n’intéressent quasiment plus personne. Les arènes sont très souvent remplies gratuitement. Il y a un vrai déclin. De moins en moins de jeunes vont dans les corridas. Ils ont autre chose à faire que d’aller voir des taureaux se faire massacrer à coups d’épée». S’ajoute à cette baisse de fréquentation notable, les problèmes d’ordre financiers. Le coût est «onéreux» selon les mots de la maire Pascale Fortunat-Deschamps. Les bilans financiers des arènes se sont alourdis. 

Pour rappel, la décision de la municipalité de Vergèze est intervenue quelques jours avant que ne soit voté au Parlement européen un amendement pour que les aides de la PAC (Politique Agricole Commune) ne soient plus distribuées aux éleveurs de taureaux de combats. Bien qu’approuvé grâce aux 335 votes favorables, tout n’est pas encore gagné. L’amendement doit désormais être ratifié par le conseil de l’Union Européenne. 

«Je pense que la France et l’Espagne feront opposition comme d’habitude. Cela fait des années que dure ce cinéma. Mais dans le cas où ce serait voté,  ce sera fini pour la corrida. Ils ne pourront plus s’en sortir du tout. Il ne faut pas oublier qu’au début de l’année, le groupe Pernod Ricard a stoppé les subventions envers l’Union des Clubs Taurins. Des dizaines de milliers d’euros étaient donnés aux villes taurines», a-t-il rappelé se disant  «très optimiste» pour l’après. Pour le président du Crac Europe, la pratique tauromachique est vouée à disparaître assez rapidement, dans les cinq ans à venir. «Avec le Covid, l’économie s’effondre. De nombreux pays sont pris à la gorge et vont refuser de payer pour les corridas. Ce ne sera plus prioritaire», a-t-il conclu.  

Lien : https://www.midilibre.fr/2020/10/19/on-a-peur-que-vergeze-devienne-definitivement-un-village-dortoir-9148495.php

Amandine Zirah
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Rédactrice freelance

Il y a un commentaire

  • Lion

    28 octobre 2020 à 17h40

    Enfin une bonne décision faire cesser cette boucherie taurine je comprends la passion de certain mais toutes les passions ne sont pas bonne a vivre pour tous les êtres vivants notre époque ne supporte plus ce genre de passions que je qualifie de sadique intolerable

    Répondre

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