ActualitésAnimaux domestiquesBrigade Animale Bénévole : les forces de l’ordre unis contre la maltraitance

Amandine Zirah15 mars 202125 min

Créée en mars 2016 sous la forme d’un collectif, la Brigade Animale Bénévole a pour mission de lutter contre la maltraitance perpétrée sur les animaux. Désormais dotée du statut d’association, elle regroupe des membres des forces de l’ordre et des civils.

Ils sont civils ou membres des forces de l’ordre et ont un point en commun : la protection animale. Au total, 3.200 bénévoles, dont plus de 1.200 policiers et gendarmes, font actuellement partie de la Brigade Animale Bénévole, un collectif créé en 2016 désormais doté du statut d’association. Leur mission, agir et lutter contre la maltraitance, un fléau en pleine recrudescence puisqu’entre 2016 et 2018, 4.401 personnes ont été mises en cause pour des faits de maltraitance et abandon d’animaux domestiques selon un rapport publié en juillet dernier par l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales). 

Pour lutter contre cette réalité, ils ont donc décidé d’œuvrer ensemble à défendre et protéger les animaux en détresse. Pour « Savoir-Animal », Héloïse, gardien de la paix et responsable communication, est revenue sur leurs missions. « Nous nous occupons principalement des signalements pour maltraitances. Suivant le cas et l’urgence, des enquêteurs ou des forces de l’ordre interviennent. Nous avons l’avantage de connaître les lois ce qui simplifie les procédures judiciaires », a-t-elle expliqué tout en rappelant que l’association n’était pas fermée à d’autres prises en charge. « Il nous arrive de nous occuper d’animaux non malmenés mais c’est vraiment au cas par cas. Nous avons par exemple récupéré un Berger Australien il y a peu. Il était âgé, aveugle et se déplaçait difficilement. S’il finissait en fourrière, il risquait d’être euthanasié alors nous l’avons pris en charge ».

 Manque de formation

Soucieuse du devenir des animaux, la Brigade Animale Bénévole s’occupe ensuite de leur trouver une famille d’accueil mais aussi de les soigner, de les éduquer si besoin avant de les mettre en règle afin qu’ils soient adoptés. Une finalité pas toujours possible : « avec les procédures, les animaux se retrouvent parfois sous réquisition. Du coup, ils restent à la charge de l’association. Ils ne sont pas adoptables tant que le dossier n’est pas clos ».

En parallèle, l’association participe aussi à la sensibilisation de la cause animale et à la connaissance de la législation auprès des forces de l’ordre dans le but de faciliter les démarches des requérants. Peu sensibilisés à la cause animale et peu formés dans ce domaine, certains policiers et gendarmes ne savent pas toujours comment agir face à certaines situations. « A l’école de police, les problèmes concernant les animaux ne sont pas longuement évoqués. On en parle pendant une heure et puis c’est tout. Vous savez, un civil lambda ne peut pas déposer plainte pour un animal s’il ne lui appartient pas. Pourtant, certains collègues prennent les plaintes car ils ne savent pas, ils sont mal informés ».

Mais pour Héloïse, l’un des principaux problèmes viendrait des enquêteurs. Comme elle a tenu à le rappeler, ce sont eux qui effectuent les comptes-rendus auprès des magistrats. De ce fait, s’ils ne sont pas sensibles à la cause animale, la synthèse s’en ressent inéluctablement et c’est sur cette base que les magistrats se décident et déterminent les suites à donner. « Lorsqu’ils prennent contact avec les magistrats pour relater les faits, on ne sait pas réellement si les faits exposés sont exprimés avec la gravité dont il est parfois question dans un dossier. Si ce n’est pas le cas, le magistrat le ressent et les sanctions ou suites données sont minimes voire inexistantes. Le magistrat n’a pas la procédure sous les yeux, il n’a pas les éventuelles photos ou vidéos et ne peut constater la détresse de l’animal ».

S’appuyer sur des preuves

Ainsi, pour éviter ce type de situations, Héloïse a rappelé l’importance de s’appuyer sur des preuves solides (vidéos, photos, enregistrements, etc.) afin de procéder à la saisie de l’animal et aux éventuelles poursuites contre le propriétaire. « La majorité des témoins ne pensent pas à filmer, simplement à demander au propriétaire d’arrêter. C’est peut-être horrible à dire, mais il vaut mieux filmer plutôt que de demander à la personne de stopper car sans preuve, le dossier n’a pas de poids. C’est très difficile de prouver une maltraitance sans rien. Devant les autres, l’animal n’aura pas forcément le comportement d’un animal battu. Il pourrait très bien faire la fête à son maître alors qu’il se prend des coups ». 

Du côté de son financement, l’association fonctionne principalement avec des dons. Mais d’autres sources de financement sont également utilisées pour subvenir aux besoins de l’organisme comme par exemple la vente d’autocollants, d’écussons, de sweats et de t-shirts. Les frais d’adoption, les adhésions, les cagnottes sur les réseaux sociaux et le teaming constituent aussi une partie de son financement. « On arrive à s’en sortir mais l’année dernière nous avons dû faire plusieurs pauses dans les prises en charge parce qu’on était trop limite financièrement. Il faut pouvoir assumer les frais des animaux déjà présents. Et qui dit maltraitances, dit carences et problèmes de santé. Les frais vétérinaires sont onéreux ».

Au-delà du manque de finances, l’association a également été contrainte de réduire ses prises en charge en raison du premier et deuxième confinement. « Pendant ces périodes, nous avons dû freiner. Ce n’était pas évident de demander à un enquêteur de se déplacer chez un particulier. On l’a fait uniquement pour des cas très graves. Aussi, lors du premier confinement, les adoptions étaient impossibles, nous avons donc gardé des animaux bien plus longtemps en famille d’accueil ce qui a engendré des frais supplémentaires ». Depuis, la Brigade Animale Bénévole a repris ses sauvetages en espérant que les abandons et les cas de maltraitances diminueront avec le temps, notamment grâce à la proposition de loi en faveur du bien-être animal examinée fin janvier à l’Assemblée nationale. « Grâce à ce plan d’actions, j’espère que les choses changeront », a-t-elle souhaité.

Pour aider le collectif la Brigade Animale Bénévole

https://www.helloasso.com/associations/association-de-la-brigade-animale-benevole

https://www.facebook.com/4brigadeanimalebenevole/

https://twitter.com/bab_asso

Amandine Zirah
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Rédactrice freelance

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