Il arrive que le nom d’une association ne soit guère le reflet de son but. Ainsi en est-il de l’association Adopteunchat.org, située à Châteauneuf du Faou dans le Finistère : certes, cette association s’occupe de chats… mais pas que ! De cobayes, lapins, et d’autres petits rongeurs également. De plus, l’adoption n’est qu’assez anecdotique pour eux : il s’agit en réalité d’un refuge, d’un centre de soins pour les « cassés de la vie », mais aussi d’une maison de retraite. C’est ce qui arrive quand la réalité et les besoins du terrain remodèlent votre but de vie…
On commence avec des chats…
Quand sa vocation pousse un jeune homme de 12 ans à protéger les animaux, être bénévole dans une association féline est une évidence. Mais parfois, parce que les choses n’avancent pas toujours au bon rythme, on se retrouve aussi à trapper les chats errants mal en point pour les soigner, les stériliser, les nourrir ou leur trouver une famille s’ils se montrent sociables, (presque) tout seul dans son coin. Puis arrive un moment où il faut passer à l’étape suivante : créer son association et être « dans les clous » tout en exprimant ses convictions profondes. C’est là que naît Adopteunchat.org, association volontairement et profondément militante et antispéciste. Avec néanmoins beaucoup de tolérance, le message de la protection animale, quel que soit l’animal, et du rejet de la supériorité de l’espèce humaine constitue son ADN.
Elle fut d’abord dédiée, dans la suite logique des actes de son président, Isaac Simon, à aider les chats errants que les mairies souvent ne prennent pas assez en compte, malgré les pouvoirs qui leur sont confiés : capter les chats errants, les déparasiter, les identifier et surtout les stériliser, quartier après quartier. Des conventions sont signées avec les pouvoirs publics, voire avec certains ministères comme celui des armées, pour la gestion des populations félines vivant sur leurs sites. Chats certes, mais adoptions ? Ponctuellement, pour certains où cela constitue une évidence. Puis, après les chats, sont venus les lapins et petits rongeurs, cobayes, rats, gerbilles, hamsters, octodons… parce que peu de structures leur sont dédiées dans ce territoire, et parce que pour les plus petits, l’adoption n’est pas facile, ils vivent si peu de temps !
Et maintenant, quelles actions ?
Ce sont finalement les besoins des animaux en détresse qui ont « transformé » l’association et donné les buts qui sont à présent les siens depuis 2017.
Le but principal est d’être un centre de soins, de convalescence et de retraite pour les chats : pour tous ces chats abandonnés, errants, blessés, malades, il offre les soins et le temps de convalescence nécessaire au rétablissement, parfois sur de longs mois. A l’issue se pose la question : le chat veut-il vivre en famille, veut-il retourner dehors, ou ses soins nécessitent-ils qu’il reste à vie dans les chatteries (intérieures et extérieures) du centre ? La décision sera prise en fonction de son caractère et de son état de santé. C’est ainsi que de nombreux chats du dehors « cassés de la vie » peuvent finir leur vie soignés et chouchoutés, à l’abri. Peu d’adoptions de ce fait, uniquement les chats en bonne santé et en recherche de famille, tels TiZeff et Chipie, inséparables, et orphelins depuis le décès de leur humain : ceux-là ne sont pas faits pour la chatterie mais pour une nouvelle famille[i]…
Il en est de même pour les lapins par exemple : mis à l’adoption s’ils sont « remis sur pattes », mais gardés au centre si leurs soins (notamment dentaires) sont trop lourds. Eux, comme les cochons d’Inde, bénéficient de terrains extérieurs et de maisonnettes chauffées, à l’abri des prédateurs.
Beaucoup de ces chats ne proviennent pas d’abandons mais de captage de chats errants. La stérilisation de ces derniers est la base du travail de l’association, pour éviter la misère féline liée à une prolifération trop importante. S’y ajoutent le déparasitage et l’identification de ces chats, devenus dès lors des chats libres, et leur nourrissage pour les chats restant semi-sauvages : environ 150 chats sont ainsi gérés, nourris par les bénévoles de l’association dispersés dans les plus grandes villes du Finistère. Les plus sociables sont récupérés dès que possible, sociabilisés quelque temps si nécessaire dans les locaux, ou confiés à une autre association partenaire dédiée plus spécifiquement à l’adoption, c’est le cas des rares chatons accueillis par le refuge. Les « sauvageons » sont soignés puis relâchés dans leur territoire.
D’autres animaux peuvent être occasionnellement captés par les sauveteurs : des oiseaux, hérissons, biches… Ces animaux sont amenés chez le vétérinaire si nécessaire puis l’association les confie aux centres de soins de la faune sauvage, dans le respect de la réglementation.
Quelles perspectives dans le futur ? Comment les aider ?
Adopteunchat.org et son président, Isaac Simon, ont l’ambition de faire vivre le centre Bretagne au rythme de la protection animale, et de la connaissance des animaux, domestiques ou sauvages. Le centre de soins, encore en pleine structuration, aspire à offrir un espace de conférences, rencontres, animations sur les animaux, notre environnement, la végétalisation de notre alimentation, sujets actuels de notre société. Cet espace s’adressera aux particuliers, aux écoles ou centres aérés, l’éducation des jeunes étant une priorité.
Ce centre de soins et de retraite, unique en son genre en Bretagne, ne vit que par le parrainage des animaux vivant définitivement au centre et par les dons, ainsi que par le travail formidable de ses bénévoles investis dans ces tâches chronophages sur des animaux profondément affaiblis par la vie qu’ils ont menée auparavant. Car effectivement peu d’adoptions signifie, de manière très pragmatique, peu de ressources financières ! Pour offrir à ses pensionnaires le meilleur, l’association a créé un fonds de dotation qui lui permettra de faire appel à la générosité publique, tant en dons qu’en legs.
Où les trouver sur les réseaux ?
Le site de l’association présente tous les domaines sur lesquels elle travaille, ainsi que les pensionnaires, leur histoire, leur caractère… La page Facebook d’Adopteunchat.org est riche en posts : adeptes de la transparence, ses membres montrent le quotidien de l’association et de ses animaux, et ces posts permettent aux parrains et marraines des animaux d’avoir des nouvelles et des photos de leur protégé. Allez visiter ces sites, posez vos questions, vous serez toujours bien accueillis, renseignés, et, c’est évident, vous allez les aimer !
[i] Si ces deux adorables chats vous « parlent », n’hésitez pas à joindre Isaac, il saura vous dire si vous êtes « compatibles » pour une adoption !
Brigitte Leblanc
Vétérinaire