Spécialisé dans le sauvetage et l’accueil d’animaux maltraités, malades ou abandonnés, le zoo-refuge de La Tanière (Eure-et-Loir) traverse une période difficile en raison de la crise sanitaire. Contacté par « Savoir-Animal », le patron de l’établissement, Patrick Violas, appelle à la mobilisation de tous.
Vous êtes toujours dans l’attente d’ouvrir vos portes au public. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
C’est difficile de se projeter. Nous avons bon espoir d’ouvrir notre établissement début juin même si l’ouverture avait déjà été annoncée pour avril. Nous sommes tristes de la situation mais toute l’équipe est mobilisée et se serre les coudes. Tout le monde est bien conscient du problème. Il y a de la solidarité du côté des soigneurs mais aussi venant de l’extérieur. Le grand public nous soutient avec des dons, des encouragements et des courriers. Nous allons y arriver.
Vous avez lancé un SOS pour demander le soutien du plus grand nombre. A combien s’élève quotidiennement le coût de fonctionnement du refuge ? Quelles sont les dépenses que vous devez faire et comment sont-elles couvertes habituellement ?
Chaque jour, le zoo-refuge de La Tanière nous coûte 15.000 euros soit environ 450.000 euros par mois. Cette somme couvre les soins prodigués aux animaux, les soigneurs, les frais vétérinaires et l’alimentation mais l’addition augmente lorsqu’il y a des sauvetages un peu difficiles. En temps normal, ces frais sont essentiellement couverts par les billets d’entrées. Au total, nous en avions prévu 200.000 par an pour faire fonctionner le parc. Aujourd’hui, le manque à gagner s’élève à près de cinq millions d’euros.
Avez-vous reçu des aides de l’Etat ?
En 2019, nous n’étions pas ouverts, nous n’avions pas de chiffre d’affaires et n’étions pas dans les cases pour recevoir des aides. Malgré cela, le député Guillaume Kasbarian (député de la 1ère circonscription d’Eure-et-Loir) nous a bien aidé. Il a remué ciel et terre pour nous accompagner et grâce à lui, la situation de notre établissement a pu être relayée. Finalement, le gouvernement a consenti à nous verser 360.000 euros. La Région Centre a également pris en compte notre dossier et devrait nous débloquer une aide. Les banques ont aussi accepté de nous faire des prêts et si tout se concrétise, La Tanière sera sauvée.
Avez-vous peur pour le devenir de La Tanière ?
Nous avons peur mais nous pouvons compter sur le grand public pour nous aider si les choses tournent mal. Les appels à l’aide que nous lançons fonctionnent très bien mais ce n’est pas notre but. Nous voudrions plutôt utiliser cette aide pour de nouveaux sauvetages ou pour agrandir la taille des enclos. Malgré tout, le chantier est une vraie fourmilière, ça ne s’arrête jamais. Nous continuons à construire des aménagements car une fois la crise terminée, tout repartira de plus belle. C’est une nécessité. Aujourd’hui, je passe 90 % de mon temps à régler les problèmes financiers. Nous sommes inquiets mais nous gardons espoir. Dans tous les cas, nous ferons tout, avec mon épouse, pour nous en sortir.
Avez-vous un mot à faire passer au public ?
Si l’établissement existait depuis cinq ans, nous aurions fait des réserves et ce cap aurait pu être passé. Nous sommes gênés de demander au public de nous aider mais la cause est présente. Il n’y a aucun but lucratif ni pour mon épouse ni pour moi. On peut tous se considérer comme responsables. Nous avons tous regarder des pubs, des émissions et des films dans lesquels nous observions des petits lionceaux adorables sans voir l’envers du décor. On doit tous ensemble se donner la main pour sortir enfin de ce problème.
A La Tanière, nous accordons autant d’importance à un petit écureuil de quelques grammes qu’à un éléphant. Tous les animaux ont la même valeur et notre objectif est de se concentrer uniquement sur le bien-être animal en enlevant tout aspect lucratif. On ne doit pas mettre de prix face à un animal. La France compte 67 millions de personnes. Il suffirait qu’1% soit sensible à notre cause (670.000) et nous aide de quelques euros pour passer cette crise.
Pouvez-vous rappeler à celles et ceux qui ne connaissent pas le zoo-refuge de La Tanière ses principales missions ?
Les animaux sont récupérés, remis en état physique (ou administratif si besoin) et replacés autant que possible. Qu’ils aient été abandonnés, maltraités, détenus illégalement, utilisés en laboratoire ou encore saisis dans des aéroports ou chez des particuliers, tous sont issus de sauvetages. Nous ne sommes pas dans le jugement, nous leur apportons simplement une solution lorsqu’il n’y en a aucune autre. Ils ont tous une histoire.
https://lataniere-zoorefuge.fr/
https://www.facebook.com/zoorefugelataniere/
https://www.youtube.com/channel/UCOjGZc_35ZqDYBBAi2383yw
https://twitter.com/TaniereZoo
contact@lataniere-zoorefuge.fr
Amandine Zirah
Rédactrice freelance