Les associations de protection animale ont obtenu gain de cause. L’autorisation d’extension de l’élevage de visons de Montarlot-lès-Rioz, délivrée par la Préfecture de la Haute-Saône, a finalement été annulée le 10 novembre dernier par le Tribunal administratif de Besançon.
Nouveau coup dur pour l’éleveur de visons de Montarlot-lès-Rioz (Haute-Saône). Alors qu’un arrêté en date du 7 décembre 2017 avait été pris en sa faveur, lui permettant d’étendre son exploitation de 2.000 à 7.700 animaux, le Tribunal administratif de Besançon l’a annulé mardi 10, donnant raison aux associations de protection animale.
Des problèmes environnementaux en cause
« Nous sommes très satisfaits. Il faut savoir qu’un élevage de visons est plus polluant qu’un élevage de cochons. C’est toxique, nous l’avons démontré», a rappelé Fabien Robert, le Président de l’Association Combactive. Toute aussi ravie de cette décision, son avocate, Me Bouvier, est revenue sur l’élément clé ayant permis leur victoire.
« L’éleveur, qui ne dispose d’aucun réseau d’eau courante sur son élevage, avait déclaré vouloir puiser une partie du volume nécessaire pour son exploitation dans le ruisseau voisin. Non seulement les volumes prélevés et spécifiés n’étaient pas cohérents d’une page à l’autre et surtout il n’avait pas renseigné le débit du ruisseau qui de toute évidence était largement insuffisant », a-t-elle confié à « Savoir-Animal ». D’autres carences de « l’étude impact » ont également été relevées comme la gestion du lisier mais aussi le risque d’évasion de cette espèce dite « invasive ».
Fermeture des élevages ?
Galvanisée par ce succès, l’Association estime qu’il est désormais temps de passer à la vitesse supérieure. A quelques jours de l’abattage des visons (qui intervient annuellement à cette période de l’année), elle préconise de laisser les éleveurs les abattre « une dernière fois » afin qu’ils puissent vendre leurs fourrures. En revanche, « aucune reproduction ne doit avoir lieu après », a insisté Fabien Robert. Un sentiment partagé par l’Association One Voice qui avait elle aussi déposé un recours aux côtés du représentant de Combactive.
« L’heure est à la fermeture de ces élevages. Fermeture qui ne peut plus attendre en France non plus. Car les visons dans les fermes à fourrure sont eux aussi victimes du Covid19 partout dans le monde et le virus mute en eux, risquant de rendre tout futur vaccin inopérant chez l’humain. Il est urgent d’agir avant que le problème ne se présente en France », a écrit l’Association sur son site Internet faisant référence au Danemark et à sa campagne d’abattage généralisée lancée par le Gouvernement. Selon les autorités danoises, une version mutée du virus, issue des visons, aurait été transmise à douze personnes. Elles ont annoncé leur intention d’abattre quelque 17 millions de ces animaux.
Pour Fabien Robert, cette configuration ne pourrait avoir lieu en France. « Tant que nous n’aurons pas le nez dedans, tant qu’il n’y aura pas de cas avérés de Covid sur les visons, il y a bien moins de risques d’en arriver là. Nos effectifs sont beaucoup plus insignifiants par rapport à ces pays-là », a-t-il expliqué. De son côté, le député LREM des Alpes-Maritimes, Loïc Dombreval, a estimé au micro de RTL qu’il fallait rapidement prendre « des mesures de précaution » au regard « de toutes les similitudes (…) entre le vison et l’homme» concernant la Covid .Un problème sanitaire qui pourrait, de ce fait, accélérer la fin de l’industrie de la fourrure de vison dans le pays, initialement prévue en 2024.
Dans la perspective où les élevages venaient à fermer, il serait en revanche « impensable » de les replacer ou de les relâcher dans la nature. « C’est la croix et la bannière de les placer. Sachant qu’un vison vit sur un territoire d’environ 1,5 km² et qu’il y en a 40.000 en France, vous imaginez la place qu’il faudrait », a expliqué le président de l’association Combactive. Précisant qu’il serait impossible de leur rendre leur liberté : « Le vison d’Amérique est considéré comme nuisible et invasif. Ce serait une aberration écologique de les relâcher dans la nature». L’adoption ne serait pas non plus une option à privilégier. « Il faut être titulaire d’un certificat de capacité pour cette espèce donc nous ne pouvons pas les faire adopter à tout un chacun ».
Reconversion possible ?
Quant au devenir des éleveurs de visons, la solution est déjà toute trouvée pour Fabien Robert. Il préconise de transformer les élevages en centre pédagogique pour les éleveurs qui le souhaiteraient. Un projet qui permettrait de réduire considérablement le nombre de visons, de 2.000 à 10 à titre d’exemple, et d’expliquer aux visiteurs «ce qu’est réellement la vie d’un vison d’Amérique dans un milieu pseudo naturel ».
« Nous en parlons depuis plusieurs mois avec l’éleveur de Montarlot. Nous avons des contacts occasionnels avec lui. Lors de notre dernière discussion, il m’a fait comprendre qu’il n’était pas contre cette proposition si le gouvernement versait des fonds. Un accompagnement doit être fait », a-t-il conclu.
Amandine Zirah
Rédactrice freelance
Il y a un commentaire
DOYEN
20 novembre 2020 à 10h37
C’est ATROCE. MERCI DE TOUS VOTER PIUR CES PAUVRES BÊTES. 🙏🙏