Récemment élu Adjoint au maire délégué au bien-être animal à Montpellier, Eddine Ariztegui a fait le vœu d’interdire les cirques avec tous les animaux. Pour le magazine-web « Savoir-Animal », l’élu du parti animaliste s’est exprimé sur ses engagements et projets à long terme.
La ville de Montpellier souhaite interdire les cirques avec TOUS les animaux. Les animaux domestiques n’ont-ils plus leur place dans ces spectacles au même titre que les animaux sauvages ?
Aucun animal ne devrait effectuer ces exercices-là qui sont contre-nature. Nous savons que le dressage est souvent cruel. La répétition des exercices pendant plusieurs heures, plusieurs années leur crée des problèmes de santé. Ils ont des troubles musculo-squelettiques qui leur génèrent des douleurs. Un chat n’est pas fait pour sauter dans un cerceau de feu pas plus qu’un tigre et un chien n’est pas fait pour marcher pendant plusieurs heures sur ses pattes arrière. Ce sont donc pour toutes ces raisons que nous avons soumis ce vœu qui a d’ailleurs été voté à l’unanimité. Cela montre bien qu’il s’agit d’un souhait partagé par tous les partis au sein du Conseil municipal. Montpellier est la seule grande ville de France à avoir voté ce vœu.
Cela fait maintenant plusieurs années que la municipalité de Montpellier travaille avec les Bouglione. Ces anciens dompteurs de fauves présenteront d’ailleurs leur nouveau spectacle 100% humain du 1er décembre 2020 au 3 janvier 2021 dans votre ville. En soutenant leur projet, quel est le message que vous souhaitez faire passer ?
Nous soutenons toutes les activités qui font la promotion du bien-être animal. Les Bouglione sont les précurseurs du cirque 100% humain dans le monde des grands circassiens. Les autres doivent suivre le mouvement. Aujourd’hui la population est consciente des souffrances animales et n’en veut plus.
En plus du spectacle, il y aura autour du chapiteau un éco-village formé de conteneurs recyclés qui seront mis à disposition des associations et des artisans. J’ai donc demandé que des associations locales que je connais bien puissent bénéficier de nos box pour présenter leurs activités, essayer de mobiliser sur le bien-être animal et diffuser d’autres bonnes pratiques. Les représentations doivent avoir lieu courant décembre mais avec le confinement nous sommes dans l’attente. Nous espérons vraiment que cela aura lieu. Ce serait un beau cadeau pour Noël.
L’avenir du zoo de Montpellier est actuellement à l’étude. Quelles sont les mesures que vous souhaiteriez mettre en place ?
Le zoo avait fait de gros efforts pour améliorer les conditions de détention des animaux depuis plusieurs années. Ils ciblaient prioritairement les animaux dont l’espèce était en danger. Pour ma part, je souhaite profondément modifier la philosophie du zoo en y créant un hôpital pour la faune sauvage. Cela a fait l’objet d’une délibération voté au tout début du mandat.
L’objectif est de soigner et libérer des animaux sauvages locaux trouvés dans la rue. Malheureusement, certains blessés ne pourraient pas survivre si on les relâchait. Nous les garderons donc dans le zoo dans de bonnes conditions. Ils pourront vivre et nous pourrons les « utiliser » comme animaux témoins car nous souhaitons faire de la pédagogie auprès des écoles. Les élèves pourront visiter le zoo et l’hôpital. Cela leur permettra de développer leur empathie envers les animaux et nous, de dénoncer les pratiques et les activités humaines qui engendrent ces malheurs comme les lignes électriques, les routes ou encore la chasse. Dans le Sud, nous savons que les animaux sauvages sont pour beaucoup victimes de saturnisme (une intoxication par le plomb dangereuse pour la santé, NDLR). Le sol est jonché de plomb dû à la chasse. Nous avons à cœur de dénoncer toutes ces pratiques.
Concernant la faune exotique, nous poursuivons le travail initié préalablement avec pour objectif de garder uniquement les espèces dites « en danger ». Nous travaillons sur des programmes de réinsertion. Il s’agit d’un travail sur le long terme dont les effets se verront sur plusieurs générations. Actuellement, les animaux n’auraient pas les codes pour survivre c’est pourquoi, nous ne pouvons pas les relâcher dans la nature. Ils ne survivraient pas. Il faut également prendre le temps de trouver des lieux où il n’y a pas de braconnage. Nous réfléchissons aussi à développer d’autres activités notamment celles de sanctuaires. Plusieurs projets sont à l’étude.
Vous êtes depuis plusieurs mois Adjoint au Maire délégué au bien-être animal à Montpellier. Quels sont vos engagements et projets à long terme ?
Nous avons maintenu dans les cantines scolaires le repas végétarien pour tous les élèves une fois par semaine. Mais bientôt, à partir de 2021, nous le proposerons quotidiennement pour celles et ceux qui souhaiteraient une option végétarienne toute l’année. Nous continuerons de subventionner les associations de protection animale notamment, pour les campagnes de stérilisation des chats puisqu’avec le confinement, beaucoup moins de stérilisations ont été effectuées. Nous avons eu beaucoup de naissances de chats, désormais à l’adoption. Nous envisageons aussi de faire des corridors écologiques afin de permettre la migration naturelle des animaux. En parallèle, nous souhaitons travailler auprès des écoles et mettre en place des ateliers d’éthologie pour développer l’empathie des enfants.
Enfin, nous allons former un policier municipal au droit animalier et aux cas de maltraitances afin qu’il puisse devenir le référent « Protection animale » lorsqu’une personne souhaitera dénoncer un acte de maltraitance. Elle pourra ainsi avoir un contact direct auprès de la police municipale qui pourra intervenir le cas échéant.
La secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, a pris la décision de permettre aux Préfets d’autoriser la chasse en période de confinement. Qu’en pensez-vous ?
Je suis très insatisfait. Certaines associations oeuvrant pour le bien-être animal n’ont pas été autorisées à maintenir leur activité à cause du Covid car cela générait un risque. D’un autre côté, les chasseurs ont le droit d’aller tuer des animaux. Il y a deux poids deux mesures. Je dénonce le lobby de la chasse qui est surpuissant dans notre pays et qui parvient à avoir constamment des passe-droits par le gouvernement comme par exemple la diminution du prix du permis de chasse. Tout ce qu’ils demandent, ils l’obtiennent. Il y a un vrai problème.
Vous soutenez la proposition de référendum d’initiative partagée (RIP) sur le bien-être animal. Pour le moment, 140 députés sur les 185 nécessaires ont apporté leur soutien au projet. Etes-vous confiant pour la suite ?
C’est une excellente initiative car elle fait parler de la protection animale. Cela permet de faire évoluer les consciences et de remettre le sujet au cœur du débat. Je félicite les initiateurs du RIP. Néanmoins, je suis un peu perplexe. Je pense qu’il faut être conscient que nous avons des lobbies d’exploitation animale surpuissants. Ils ont des accointances avec un grand nombre de parlementaires qui feront probablement blocage comme ils ont su le faire pour la proposition de loi visant à interdire les pratiques génératrices de souffrances pour les animaux. Il y a urgence à renouveler un grand nombre d’élus qui sont soumis à tous ces lobbies. C’est ainsi que l’on pourra faire évoluer la législation et les pratiques.
Amandine Zirah
Rédactrice freelance
Il y a un commentaire
Geneviève Fages
9 novembre 2020 à 11h50
Oui, je pense que le “dressage” d’animaux domestique pour des spectacles est probablement cruel parfois : mais ça, on ne nous le montre pas ! On préfère nous dire que tout se fait en douceur, “à la croquette” . Mais…il faudrait être présent quotidiennement pour en avoir la certitude. Pour les chevaux, la question que je me pose est : ont-ils entre chaque spectacle et chaque entraînement , ont-ils un endroit pour s’ébattre et galoper, librement, ou bien sont-ils en box? Je pense malheureusement , avoir la réponse. Je suis d’accord : c’est contre nature . Mais à ce sujet : pas de “jusqu’au boutisme” Parce qu’alors on devrait rendre à la nature les chiens et les chats. . Mes chats entrent et sortent comme ils veulent grâce à une chatière, mais ils préfèrent venir dormir chez eux, pendant le jour, voire même sur “mon” lit pour l’un d’eux. A propos de chats, ceux qui vivent en appartement sont souvent transformés en animaux diurnes , ce qui est vraiment contre nature : les chats sont des nocturnes! C’est bien pour cette raison qu’il font la sarabande pendant la nuit, en courant partout, ce qui ne plaît pas à leurs maîtres! Histoire à suivre…