Prêts à présenter leur tout nouveau spectacle depuis bientôt un an, Sandrine et André-Joseph Bouglione ne cessent de reporter les représentations en raison de la crise du Covid. Face aux difficultés financières, l’ex-dresseur et son épouse ont lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme KissKissBankBank.
Vous avez lancé un appel à la solidarité via une campagne de dons sur la plateforme KissKissBankBank. Pourquoi cette démarche et à quoi servira la collecte ?
En tant que salle de spectacle, nous n’avons aucune visibilité en raison de la crise sanitaire. Pour l’instant, la trésorerie tient bien. Tout le monde est au chômage partiel mais nous devons être prudents si nous voulons continuer sur cette lancée et faire face aux imprévus. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé cette cagnotte, par sécurité.
Au total, deux reports ont déjà eu lieu. Le premier date d’avril 2020, il y a bientôt un an. Le deuxième remonte à décembre dernier. Nous étions pourtant persuadés de pouvoir ouvrir nos portes pendant les fêtes de Noël mais hélas, ça n’a pas été le cas. Pour autant, nous restons très optimistes pour la suite des évènements.
Après toute cette attente, vous devez avoir hâte de présenter au public votre nouveau spectacle… Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Nous avons hâte de présenter au public notre spectacle et de commencer la tournée. Rien ne sert de se taper la tête contre les murs, nous restons sages et disciplinés, nous allons bien ouvrir un jour ! Nous avons pris beaucoup de plaisir à l’imaginer, à le créer et nous souhaitons maintenant le partager. Comme beaucoup d’autres, je suis sûr qu’une fois la crise sanitaire passée, les Français auront une folle envie de sortir, de bouger et d’assister à des spectacles. Je l’espère en tout cas. Le public, la scène et l’ambiance nous manquent.
Vous avez pour objectif de sensibiliser le public à la préservation de l’environnement et des animaux. En quoi votre « écocirque » se démarque-t-il d’un cirque traditionnel ?
Parmi les cirques traditionnels, nous sommes les premiers à avoir décidé d’arrêter toute exploitation animale. Notre mode de fonctionnement est aussi écoresponsable. Tout a été repensé dans une perspective écologique. Par exemple, pour nos déplacements, des containers maritimes recyclés sont utilisés et nous permettent de voyager par train ou par voie fluviale. Le réseau routier est ainsi évité au maximum afin de limiter les gaz à effet de serre. Une fois sur place et déchargés, ces containers serviront de boutiques à des commerçants, artisans locaux et associations au sein de l’écovillage, une sorte de galerie commerciale itinérante. Concernant l’énergie utilisée, nous sommes le premier spectacle en France à fonctionner uniquement à l’électricité verte grâce à notre partenaire Enercoop. Nous avons aussi permis à notre équipe (26 artistes et une trentaine de techniciens) de bénéficier du chômage partiel. Nous sommes le seul cirque à l’avoir fait et nous en sommes très fiers.
En échange d’un geste financier, vous proposez à vos contributeurs plusieurs contreparties dans le cadre de votre campagne de financement participatif. Lesquelles ?
Plusieurs contreparties sont possibles. Par exemple, vous pouvez rencontrer les artistes, avoir une plaque à votre nom sur un de nos fauteuils, accéder à des tarifs préférentiels, recevoir des affiches dédicacées ou encore des places de spectacle. Vous avez aussi la possibilité de visiter les coulisses ou de faire planter un arbre grâce à notre partenaire Reforest’Action. Pour nous, c’est très important.
Dans le cas où votre activité circassienne venait à s’arrêter, avez-vous pensé à vous reconvertir dans un tout autre domaine ? Continueriez-vous dans la voie de la protection animale ?
C’est le projet d’une vie. Si nous voulons que notre écocirque fonctionne, il ne faut pas penser à un plan B. Notre métier c’est le spectacle. Avec mon épouse, nous n’avons jamais pu nous projeter dans un autre domaine. C’est notre vocation et je suis persuadé que ça va cartonner ! Dans tous les cas, hors de question pour moi de faire machine arrière, de retravailler avec des animaux et de recommencer ce cercle vicieux horrible. C’est définitivement banni. Lorsque nous avons voulu donner un nouveau souffle au cirque traditionnel, tout le monde disait que nous courrions à la catastrophe. Nous avions des doutes. Trois ans ont été nécessaires pour réaliser notre projet. Aujourd’hui, je suis persuadé que c’est la seule voie possible pour aider le cirque à retrouver le succès perdu depuis très longtemps.
Amandine Zirah
Rédactrice freelance