Ce ne sont pas trois petits cochons mais trois petits hamsters russes, et cela ne se passe pas par une pluvieuse et venteuse nuit d’Halloween mais par une journée fériée d’août… Pourtant l’horreur est la même.
Plantons le décor : après-midi de jour férié, clinique fermée, veille d’une reprise après vacances le lendemain à 9 heures, comme l’indique le panneau écrit en grandes lettres apposé sur la porte.
Décision sur un coup de tête de sortir la poubelle après grand ménage post-vacances, mais pourquoi donc ? Cela pourrait attendre le lendemain…Mais il doit y avoir un ange gardien spécial hamsters.
Sortie par la porte de la clinique pour gagner du temps et, surprise, découverte par terre d’un petit bac plastique sans couvercle, rempli de litière de chanvre moisi…sous l’affiche annonçant la réouverture le lendemain. Je souffle et je peste, encore un cadavre déposé obligeamment, pense-je, sans aucun respect ni pour le corps de ce petit animal ni pour moi. Poubelle sortie, petit bac rentré. Gants enfilés pour farfouiller à l’intérieur, que vais-je y trouver ?
Un petit nez sort en frétillant, un second… et un troisième ! Trois petits hamsters russes ! Intérieurement pour ne pas les effrayer je hurle ma colère, ma rage, devant cet abandon lâche et cruel. Immédiatement les deux premiers attaquent le troisième, eh oui, ce sont des animaux solitaires et territoriaux, les combats sont à mort. Je les sépare et les met à l’abri rapidement car une pensée m’assaille : le bac n’était pas couvert, combien étaient-ils ? Certains sont-ils sortis, ont-ils été attaqués, dévorés, écrasés par les voitures roulant ici à toute allure ? Je sors de nouveau, je fouille partout, buissons, égouts, sous les containers, derrière les containers… durant de longues minutes. Personne, pourvu que rien n’ait échappé à mon regard !
Retour à l’intérieur, où il a fallu, avec les moyens du bord (grandement améliorés depuis) loger de façon décente chacun des trois petits rescapés.
Aujourd’hui, Aglaé, Ambre et Alistair vont bien. De sauvageons, voire mordeurs, ils sont devenus les plus gentils petits hamsters du monde. Ils ont échappé à la faim, à la prédation, à l’écrasement, à la lâcheté et à la cruauté humaines, à tout.
Cet abandon est un délit, dont la peine peut aller jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Pire, « perpétré en connaissance de cause, dans des conditions présentant un risque de mort immédiat ou imminent pour l’animal », « les délits mentionnés au présent article sont punis de quatre ans d’emprisonnement et de 60 000 euros d’amende », dispose l’article 521-1du Code pénal.
Bien sûr, il n’y aura aucune peine prononcée : pas de témoins, pas d’identification individuelle de ces petits hamsters permettant de retrouver leurs bourreaux.
Espérons qu’il y ait un Karma. Et quel dommage qu’en ces temps d’Halloween je ne sois pas une sorcière !
Brigitte Leblanc
Vétérinaire
