La connexion aux animaux et à la nature a de tout temps été présente chez l’Homme.
Nous voilà propulsé, par un souffle tellurique, sorti tout droit des entrailles de la terre. Nous sommes en France, au cœur de la grotte des Trois-Frères, située dans les Pyrénées Ariégeoises.
Qui aurait pu imaginer que nos ancêtres pouvaient vouer un culte aux animaux et à leurs Totems ?
L’héritage universel de cet art minéral magdalénien, de la préhistoire, nous emmène à la découverte des cultes et cérémonies des sorciers, chamanes de l’aire paléolithique du sud-ouest de l’Europe. Nous sommes à l’origine du monde, auprès des Homos sapiens chasseurs cueilleurs de l’Ariège. Les gravures et peintures pariétales des cavernes nous apprennent que le cheval, le bison, le renne, le cerf, l’ours et le bouquetin étaient des animaux de cultes et d’initiations. On découvre alors une gravure d’un être moitié homme ; moitié cerf à la queue touffue qui danse. Est-il en transe ? Dans une autre gravure : un homme-bison est muni d’un instrument de musique. Tout cela nous renvoie à cette idée de chamanisme. Le fait d’être habité par le pouvoir, les capacités d’un animal mais aussi de son esprit…
A l’origine de la grotte…
Le comte Henri Bégouën emmène, un jour d’été 1912, ses 3 fils visiter la grotte du Mas d’Azil. L’un des 3 frères y découvre une incisive de renne percée. L’envie d’en savoir d’avantage anime les 3 garçons qui décident de visiter, dès le lendemain, une grotte voisine. Ils s’en trouvent interdit d’accès par le propriétaire. Celui -ci a été effrayé par la dangerosité de ce magnifique propulseur taillé et sculpté dans du bois de renne, trouvé par les 3 frères. Les jeunes garçons excités par ces trouvailles parcourent, à l’aide d’un radeau de fortune, les alentours de leur château ariégeois. Ils se retrouvent, ainsi, dans la caverne du Tuc d’Audoubert face à des gravures. Des peintures de bisons les accueillent dans une autre caverne.
Ces cavernes seront destinées à la recherche scientifique et non accessible au grand public. Ce fabuleux témoignage de la préhistoire doit être préservé.
Cavernes partagées & symbolique des totems
Les hommes et les animaux se succédaient, dans ces lieux, en fonction des possibilités d’accès, des saisons et du climat. Elles étaient habitées par des ours, des lions des cavernes et autres animaux. A d’autres période, elles étaient utilisées par des hommes à des fins cultuelles et rituelles.
Le Totem est souvent révélé lors d’un rite de passage, d’une vision ou lors d’une initiation. Il est choisi comme un protecteur, un allié, un guide. En algonquin cela signifie gardien personnel, puissance tutélaire. (Dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant)
L’ours des cavernes, en Europe, représente l’expression de l’ombre dans l’alchimie spirituelle, au premier état de la matière. Il a une fonction d’initiateur. Il symbolise la divinité des montagnes. Chez les celtes l’ours est associé à la divinité et au roi Arthur.
Le cheval est également associé de manière archétypale à l’ombre, l’inconscient. Il est relié à la mémoire du monde.
Le bouquetin est lié au dieu de la fertilité, la force vitale d’où naît la vie
Le renne est associé à la lune, il est psychopompe c’est-à-dire qu’il accompagne les défunts dans l’Autre monde.
Le cerf symbolise par sa ramure l’Arbre de Vie, les cycles de croissances, la renaissance, le soleil levant, la lumière, la puissance de l’Enseignement, la pureté primordiale. Il voyage également dans l’Autre monde.
Le bison représente l’abondance et la prospérité
Un animal Totem guide un clan, un foyer et un individu. Le clan peut avoir pour Totem l’Ours, chaque foyer de ce clan possède un Animal Totem différent. Chaque individu du foyer est guidé à son tour par son propre animal Totem. Celui-ci est reçu lors de son initiation ou rite de passage. Cela peut expliquer en partie toutes ses représentations organisées d’animaux dans les cavernes.
Aujourd’hui, l’homme renoue avec sa véritable nature qui est la nature.
Cela fait tout simplement appel à nos souvenirs ancestraux de notre appartenance à la nature tout entière. Cette unicité, ce savoir universel est encodé dans les circuits synaptiques inhibés de nos cerveaux qui ne demandent qu’à être réactivés. Cela afin de parvenir à une plus grande connexion aux animaux, aux végétaux, aux minéraux et à notre biodiversité. Finalement, cet engouement actuel du néo-chamanisme n’est peut-être qu’une rémanence de souvenirs lointains enfouis dans les méandres de la mémoire collective. Ce savoir ancestral, cette sagesse venue de la nuit des temps, du ventre de la Terre, de la naissance de l’humanité sont en chacun de nous. Le respect de la nature et de la biodiversité est l’héritage que ces sorciers ou chamanes ariégeois nous ont brillamment légués. Ce cadeau nous a été offert sous une forme artistique et naturelle. On y apprend à inclure les animaux et leurs sagesses dans les rites de passages initiatiques de la vie de l’Homme. Il s’agit d’une pure alchimie spirituelle. L’art, la nature et les animaux sont un pont intemporel de sagesse universelle. La transmission peinte de cette connaissance primordiale est par le biais de cet art minéral, une successions de toiles gravées à jamais dans les profondeurs abyssales de la terre. Elle vient nous rappeler, à l’origine du monde, nos racines oubliées certes mais bien présentes.
Photos © Association Louis Bégouên – Propriété, conservation, études des Cavernes du Volp http://cavernesduvolp.com
Dalila Baha
Fondatrice de B formation & Conseil et Wisdom & Joy