Numéro 14Cultures ancestralesLa Baleine gardienne entre «terre et ciel»

Dalila Baha15 janvier 20247 min

La baleine contient dans sa mémoire cellulaire et son ADN l’histoire de l’humanité. Elle est présente depuis plus de 500 millions d’années et son chant est connecté à la vibration primordiale AUM et de fait aux vibrations de l’univers. C’est la raison pour la quelle elle symbolise la sagesse, la paix universelle et la longévité. Elle peut vivre 200 ans.

Elle est également reliée  aux émotions et nous accompagne lors de purification émotionnelle.

Sa taille immense  symbolise le fait d’être surchargé ou dépassé par ce qui semble arriver dans la vie des personnes noyées par leurs émotions et pensées.

Les baleines émettent des chants inaudibles par l’homme. Elles ont la capacité d’utiliser des fréquences très graves ou très aiguës pour communiquer avec leur environnement et leurs congénères. Sous l’océan, la communication et les sons jouent un rôle fondamental afin de  retrouver les lieux où se nourrir , se reproduire, jeûner et jouer sans se perdre et cela à travers le monde entier sans GPS!. Grâce à leur chant unique , les baleines peuvent se connecter entre elles à  des milliers de kilomètres les unes des autres.

Les baleines sont des êtres solitaires. Elle représente le fait de se reconnecter à Soi et en Soi sans distractions extérieures qui nourrissent l’égo inférieur et le mental. Le silence dont elles sont l’emblème représente comme elles-mêmes notre véritable nature immuable et ineffable.

La baleine annonce un passage  d’épuisement nerveux dans votre vie personnelle,professionnelle, sociale, familiale. Elle vous guidera en eau profonde,sombre et silencieuse afin de reprendre votre discernement et votre centre. Ceci afin de  mieux  reprendre votre souffle arrivé à la surface des eaux matricielles de votre renaissance spirituelle. Elle représente de manière plus subtile notre petite voix intérieure Qui sait ce qui est le mieux pour chacun d’entre nous.

Ce cétacé  nous guide dans la profondeur des océans silencieuse et sombre afin se se dissoudre en la totalité et de lâcher-prise pour renaitre à Soi par le biais de l’alchimie spirituelle.

On la retrouve dans  les religions : chrétiennes (Jonas*), juives (Yônah) ou musulmanes (Yûnus ou Dhû-n-Nūn).
Les noms même du prophète en témoignent : Jonas signifie « Baleine » en araméen et Dhû-n-Nūn «L’homme à la baleine» en arabe.

“Le symbolisme de la baleine relève à la fois de la “bouche d’ombre” et du poisson. Dans l’Inde, l’avatar vishnouite du poisson guide l’arche sur les eaux du déluge. Dans le mythe de Jonas, la baleine est l’arche elle-même : l’entrée de Jonas dans la baleine, c’est l’entrée dans la période d’obscurité, intermédiaire entre deux états ou deux modalités d’existence (Guénon). Jonas dans le ventre de la baleine, c’est la mort initiatique. La sortie de Jonas, c’est la résurrection, la nouvelle naissance, comme le montre de façon particulièrement explicite la tradition islamique. En effet nûn, vingt-neuvième lettre de l’alphabet arabe, signifie aussi poisson et en particulier la baleine. C’est pourquoi le prophète Jonas, Seyidna Yûnûs, est appelé Dhûn-Nûn. Dans la Kabbale, l’idée de nouvelle naissance, au sens spirituel, s’attache à cette lettre nûn.

La forme même de la lettre en arabe (à savoir la partie inférieure d’une circonférence, un arc surmonté d’un point qui en indique le centre) symbolise l’arche de Noé flottant su les eaux.

Cette demi-circonférence représente également une coupe, qui peut, sous certains aspects, signifier la matrice. Considérée de la sorte, c’est-à-dire en tant qu’élément passif de la transmutation spirituelle, la baleine représente en un certain sens chaque individualité dans la mesure où elle contient le germe de l’immortalité et son centre, représenté symboliquement contre le cœur. Il convient de rappeler ici l’étroite relation qui existe entre le symbolisme de la coupe et celui du cœur.

Le développement du germe spirituel implique que l’être émerge de son état individué et de l’environnement cosmique auquel il appartient, de même que le retour de Jonas à la vie coïncide avec sa sortie du ventre de la baleine… Cette sortie équivaut à celle de l’être qui émerge de la caverne initiatique, dont la concavité est représentée également par la demi-conférence de la lettre nûn.

La baleine apparaît également dans le Coran (La Caverne, sourate 18) avec la parabole d’un voyage de Moïse, qui avait emporté avec lui un poisson. Moïse parvient au confluent des deux mers. A la croisée des deux mers, au point où s’unifient les contradictions, le poisson échappe à Moïse et retrouve son élément, pour y renaître à une vie nouvelle. Le symbolisme de la lettre arabe, nûn, et du croissant qui la figure, rejoint ici de manière curieuse le symbolisme de la croix, représenté par la jonction des deux mers, et celui du poisson, emblème de vie, l’ichthus, qui fut également, pour les premiers Chrétiens, un signe de résurrection. Il n’est certainement pas fortuit que les prières destinées au service des morts aient des versets qui riment principalement en n.

Du point de vue du symbolisme cosmogonique, la tradition islamique rapporte que la terre, une fois créée, se balançait sur les eaux. Dieu fit descendre un ange, qui souleva la terre sur ses épaules. Pour que ses pieds pussent se poser, Dieu créa un rocher vert, reposant lui-même sur le dos et les cornes d’un taureau qui a quarante mille têtes et dont les pattes sont posées sur une immense baleine. Elle est tellement immense que, si toutes les eaux des mers se réunissaient dans une de ses narines, le tout serait comparable à un grain de sénévé dans une terre déserte. Tha’labi dit : Dieu créa Nûn ; c’est la grande baleine.

Etant donné que la terre repose sur l’ange, l’ange sur le rocher, le rocher sur le taureau, le taureau sur la baleine, la baleine sur l’eau, l’eau sur l’air et l’air sur les ténèbres, et que toute cette structure dépend des mouvements de la baleine, Iblis, le démon, induisit celle-ci en tentation, dit-on, de se débarrasser de sa charge. Les tremblements de terre sont dus aux soubresauts de la baleine. Mais elle fut maîtrisée : Dieu envoya sur le champ à la baleine une petite bête qui lui entra dans une narine et pénétra jusqu’au cerveau. Le grand poisson gémit (implora) Dieu qui permit à la petite bête de sortir. Mais elle se tient face à la baleine, menaçant de rentrer, chaque fois que cette dernière est tentée de se mouvoir.

Comme d’autres animaux, le crocodile, l’éléphant, la tortue, la baleine est donc un symbole de support du monde, un cosmophore.

La Polynésie, l’Afrique noire, la Laponie font intervenir la baleine dans des mythes initiatiques analogues à celui de Jonas. Le passage par le ventre du monstre, souvent marin, est parfois expressément considéré comme une descente aux enfers. Sur les côtes du Vietnam les os des baleines échouées sont recueillis et font l’objet d’un culte ; divinité de la mer, la baleine guide les barques des pêcheurs et les sauve du naufrage. Le génie-baleine est aussi secourable – par simple extension – dans le passage vers le séjour des immortels. La baleine semblerait donc jouer ici un rôle de psychopompe, ce qui n’est pas sans rappeler la place importante qu’elle tient dans les cultures indiennes de la côte ouest du Canada (Kwakiutl, Haïda, Tlingit, etc.) et notamment les célèbres masques à parois mobiles, qui représentent un visage humain à l’intérieur d’une baleine ou d’un autre monstre ouvrable. Quoi qu’il en soit le culte vietnamien ci-dessus mentionné semble descendre des Chams, que certaines traditions font venir de la mer et aborder, comme la baleine, sur les côtes de l’Annam. La tradition austro-asiatique des dieux échoués existe également au Japon. C’est, il faut le dire, une baleine merveilleuse qui amena aux Montagnards sud-vietnamiens l’Enfant sauveur du monde, libérateur du mal.

Enfin symbole du contenant et, selon son contenu, symbole du trésor caché ou parfois aussi du malheur menaçant, la baleine recèle toujours la polyvalence de l’inconnu et de l’intérieur invisible ; elle est le siège de tous les opposés, qui peuvent surgir à l’existence. Aussi a-t-on comparé sa masse ovoïde à la conjonction de deux arcs de cercle, qui symbolisent le monde d’en haut et celui d’en bas, le ciel et la terre.” 

Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant

La lettre arabe ” ن ” qui évoque la baleine, symbolise la matrice. En grec, la matrice se traduit  delphús (δελφύς), delphís (δελφίς) ou delphínos signifie « poisson qui a une matrice »

C’est ainsi qu’en ce nouveau début d’année civile, la baleine nous invite au silence et à l’intériorité des profondeurs afin de calmer les tsunamis émotionnels de la vie moderne.  Revenir à la paix notre réalité primordiale reliée au cosmos, à l’univers entier apporte la sérénité au monde intérieur et extérieur de chaque «Un».  Ainsi tel le colibri, chaque «Un» apportera sa part unique de créativité au service de la Vie Elle-même qui présente la totalité et Est en toute chose.


Dalila Baha
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Fondatrice de B formation & Conseil et Wisdom & Joy

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