Numéro 6SantéTechniques ostéopathiques, plusieurs outils à disposition de l’ostéopathe

Simon Lombardy17 janvier 20226 min

Afin de prendre en compte et traiter les dysfonctions somatiques que présente l’animal, l’ostéopathe animalier dispose de plusieurs techniques. Sans être exhaustif, on peut distinguer deux type de pratique :

  • L’ostéopathe qui manipule. Celui qui fait bouger la structure. Il mobilise les articulations, étire les muscles, teste les grandes amplitudes articulaires…
  • L’ostéopathe qui pose les mains à des endroits précis et durant un temps donné. Celui qui ne laisse rien paraitre de visuel.

Dysfonction ostéopathique et dysfonction somatique

Pour rappel, la dysfonction ostéopathique est définie par une restriction de mobilité. Etendre cette conception à la dysfonction somatique revient à concevoir cette restriction de mobilité ainsi que ses répercussions tant localement qu’à distance. Et donc ses conséquences sur tous les systèmes du corps : musculosquelettique, viscérale, vasculaire, cutané et psychologique.

Quelques notions de nomenclature

On qualifie et quantifie une restriction de mobilité dans l’espace, soit le type de mouvement et le sens dans lequel il est anormalement réduit. Afin de bien se comprendre entre ostéopathes, une nomenclature existe. Cette nomenclature permet de définir la restriction de mobilité dans un plan et selon un axe donné.

Succinctement, il existe :

  • trois plans : sagittal, frontal et horizontal
  • trois axes : horizontal, transverse et vertical

Et enfin, il existe deux types de mouvements articulaires :

  • les rotations, c’est-à-dire lorsqu’un os pivote autour d’un axe sur un plan donné
  • les translations, c’est-à-dire lorsqu’un os se déplace le long d’un axe sur un plan donné

Cette nomenclature explique les termes barbares que vous pouvez trouver sur les comptes rendus de votre ostéopathe.

Techniques manipulatives

Ici, on peut regrouper les techniques manipulatives en deux catégories principales :

  • Les techniques directes : il s’agit ici de corriger la dysfonction ostéopathique en allant dans le sens de la restriction d’un os. La correction ostéopathique se fera en exacerbant le mouvement dans le sens (axe et plan définit) de la restriction afin de franchir la barrière motrice (limite anormale du mouvement) induite par le blocage (dysfonction ostéopathique).

C’est le cas notamment des manipulations structurelles.

  • Les techniques indirectes : dans ce cas, la correction se fait dans le sens opposé à la restriction. La correction ostéopathique se fera en accentuant le mouvement dans le sens opposé à la restriction, afin de provoquer une levée de la barrière motrice.

C’est le cas notamment des manipulations fonctionnelles.

Techniques tissulaires

Ici, il s’agit d’une technique de manœuvre douce. L’ostéopathe recherche une prise de contact avec un tissu afin d’aider à sa libération. Tout tissu, quel que soit sa nature histologique, est concerné. Sa motilité, c’est-à-dire ses mouvements spécifiques afin s’assurer sa fonction, est permanente. Toute altération de sa motilité est considérée comme une dysfonction et peut être traitée au même titre qu’un blocage articulaire. Ici, la notion de dysfonction somatique prend tout son sens.

Par cette approche, l’ostéopathe peut traiter n’importe quel tissu vivant et n’importe quel type de dysfonction.

Pourquoi ça craque lors de manipulation ?

Le craquement que l’on entend parfois lors de manipulation est un bruit de capsule articulaire. En réalité, il s’agit plutôt d’un claquement. Ce claquement signifie une libération de la capsule et une normalisation de l’articulation, c’est-à-dire une levée de la restriction de mobilité.

Il existe plusieurs types d’articulations dans le corps animal (de la même manière que dans le corps humain). Mais, ici, celle qui nous intéresse est l’articulation synoviale. C’est un grand type articulaire permettant une plus ou moins grande mobilité. C’est le cas du genou, épaule, poignet, entre les phalanges… On le trouve même entre les vertèbres.

Une articulation synoviale est caractérisée par le contact de deux os via leur surface articulaire, couverte de cartilage, séparée par de la synovie (liquide viscoélastique). Cette articulation est hermétiquement fermée par une capsule articulaire. Outre son rôle de barrière protectrice contre tout agent extérieur, la capsule permet de maintenir une pression atmosphérique au niveau articulaire. Cette pression est accentuée lors de restriction de mobilité. La tension des fibres de la capsule articulaire est également accentuée. Cet état de tension et de pression augmentées est maintenu tant que la restriction de mobilité n’est pas levée. Et lorsque l’ostéopathe corrige la dysfonction, le relâchement rapide des fibres de la capsule articulaire et leur retour à leur position de référence induit ce claquement. Ce n’est ni plus ni moins qu’un bruit d’air en réalité. Comme le claquement d’un fouet dans l’air.

Certains imaginent le craquement d’un os contre un autre mais cette vision est erronée. Et heureusement ! Aucunement dans le corps animal, ni humain, un os ne frotte directement contre un autre os. Du moins pas sans structure complémentaire (cartilage, synovie…). Sinon, on parle de pathologie et c’est extrêmement douloureux.

Par ailleurs, lorsqu’une articulation claque, c’est un bruit sain. Ce bruit traduit un blocage articulaire simple sur une articulation saine. Par exemple ce n’est pas le cas lors de correction d’articulation arthrosée ou âgée.

Faut-il que ça « craque » pour que ce soit efficace ?

Non, le claquement articulaire n’est pas indispensable à la réussite de la manipulation. Au-delà même, ce n’est pas un gage de qualité. Une manipulation peut être parfaitement réussie sans aucun bruit. Une correction peut être incomplète même si on a entendu un claquement articulaire.

Pourquoi l’ostéopathe pose ses mains puis attend sans bouger ?

Il n’attend pas. Il ne s’endort pas non plus. Il est actif et concentré. Il traite une dysfonction en tissulaire. Pour se faire, on recherche des paramètres tels que la densité du tissu, sa tension, sa vitesse. Ce qui demande un toucher, une pression précise. Et puis de la patience. Car pour traiter en tissulaire, il faut que l’ostéopathe obtienne l’accord du corps. Par le toucher, on réinforme le tissu sur son état et on l’aide à retrouver sa capacité fonctionnelle. Autrement dit, on demande la coopération du corps pour traiter.

En ostéopathie, il existe plusieurs techniques permettant à chaque ostéopathe de pratiquer selon son affinité, son ressenti. Mais au-delà de sa préférence, ce panel permet au praticien de s’adapter à la dysfonction et de la corriger avec efficacité. Enfin et surtout de s’adapter à la sensibilité de l’animal, sa disponibilité au moment de la consultation, provoquer sa coopération. On ne peut traiter efficacement un animal uniquement avec son accord. Lui seul peut accepter qu’on le manipule. On ne peut le contraindre et l’y forcer. Alors autant s’adapter à lui et lui donner envie de nous faire confiance.

Simon Lombardy
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