Numéro 8SantéAnatomie comparée des mammifères terrestres

Simon Lombardy15 juillet 20226 min

Que l’on soit humain, équin, canin ou félin, on appartient tous la même classe du vivant : celle des mammifères. Cette même appartenance signifie que l’on partage une anatomie commune, des tissus communs, voire des physiologies communes. Je précise tout de même mammifère terrestre, exit ainsi les dauphins et autres otaries. Non pas que l’anatomie comparée ne soit pas valable, tout simplement parce que je méconnais le sujet des mammifères marins.

Donc en ce qui concerne les mammifères, on distingue 5 composantes communes :

  • La première est que le mammifère est vivipare. C’est-à-dire, une reproduction gestante, le fœtus se développe en intra-utérin. Durant la gestation, il est nourri par le corps de la mère. Une fois la parturition (accouchement chez la Femme, mise-bas chez l’Animal), la mère nourri son nouveau-né par allaitement.

Ca fonctionne à tous les coups. Bien que le temps de gestation présente une variabilité énorme : environ 9 semaines chez la chienne, 11 mois chez la jument, le double pour l’éléphante. Plus le mammifère est gros, plus le temps de gestation est important. Jusque-là c’est logique.

  • La deuxième est l’homéothermie. L’organisme des mammifères est une usine à chaleur. Il régule sa température corporelle de manière autonome, afin qu’elle soit constante et indépendante de son environnement, grâce notamment à l’énergie qu’il tire de son alimentation.

Je ne dis pas que les facteurs environnementaux n’influent pas. Qui n’est pas ressortit transis de froid d’un bain de minuit au mois d’Avril ? Mais pas non plus besoin de faire le lézard sur une pierre chaude au soleil pour retrouver de la vitalité. Vous voyez beaucoup de lézard en hiver ?

  • La troisième est un cœur à quatre cavités. La portion de droite, dite « pulmonaire « avec son oreillette et son ventricules (2 cavités) et la portion de gauche, dite « aortique » avec son oreillette et son ventricule (2 cavités)

Son innervation (autonome) permettant la circulation sanguine, qui joue un rôle essentiel dans l’homéothermie.

  • La quatrième est le nombre de vertèbres cervicales constituant le cou / encolure. Elles sont au nombre de 7. Oui, nous avons le même nombre de vertèbre cervicale que le Bouledogue, l’éléphant et la girafe.

Exception faite du Lamantin et de certaines variétés de Paresseux (didactyle – deux doigts – et tridactyle – trois doigts).

  • Et enfin, le fait que nous sommes des animaux vertébrés. Nous possédons un squelette osseux dont le rachis compose la partie axiale, qui renferme le système nerveux central, et les membres la portion appendiculaire.

Et c’est là que c’est intéressant car oui l’animal dispose d’une tête, face et crane la composant, portée par un cou / encolure (et donc ses 7 vertèbres cervicales), un tronc avec des côtes et un sternum, deux bras, un abdomen, un bassin, deux jambes.

Pour lui comme pour nous, la conception de base est la même. Ce qui change c’est le positionnement, quelques variations de constitutions, de longueur et de développement osseux.

L’animal quadrupède marche sur ses pieds, comme nous, mais en plus, il prend appui sur ses mains. Là, nous ce n’est pas notre cas, sauf dans certaines situations de vie bien particulières propres à chacun.

Donc en appui sur ses pieds et ses mains. Quoi que pas tout à fait comme nous. Le chien et le chat sont dits digitigrades. C’est-à-dire qu’ils marchent uniquement sur leur doigts et leurs orteils. Certes ils n’en ont plus que quatre complet, le pouce étant réduit dans sa conformation. Mais ni la paume de la main ni la voute plantaire ne sont, normalement, en contact avec le sol. Leur poignet correspond à la première articulation au dessus de la main, qui est le plus souvent positionné en hyperextension. C’est-à-dire que son alignement est situé légèrement en arrière des doigts. Leur talon est la petite pointe osseuse qui pointe vers l’arrière juste au-dessus de leur pied. D’un point de vue locomoteur, cela les rend plutôt agile, rapide et efficients.

Quant au cheval, il est dit onguligrade. C’est-à-dire qu’il ne marche même pas sur ses doigts ni ses orteils. D’abord parce qu’il n’en a plus qu’un. Les autres sont soit très réduits dans leur conformation (index et annulaire), soit inexistant (pouce et auriculaire). Il marche sur son unique troisième et dernière phalange. Il est littéralement en appui sur le bout de son doigt. Imaginez-vous faire l’équilibre sur le bout de votre majeur ? Compliqué. Imaginez en plus quand il s’agit d’un animal qui pèse plusieurs centaines de kilos. 500 kilos sur le bout du doigt ! Bon, là où l’anatomie est remarquablement adaptée c’est par la présente de la boite cornée, son sabot, qui lui confère une surface d’appui plus importante et protège cette fragile troisième phalange. Mais quant à son poignet et sa cheville, ils sont situés à mi-hauteur respectivement du bras (membre antérieur) et de la jambe (membre postérieur). Ce qui présente l’avantage de segments osseux longs et donc de grandes foulées, aisément bien plus grande que notre enjambée la plus souple.

On peut citer bien d’autres comparaisons et leur variabilités anatomiques selon l’espèce considérée.

Par exemple :

  • Le chien et le cheval disposent d’une omoplate, dénommée aussi scapula, qui fait le lien entre le membre antérieur et le thorax. Toutefois, la clavicule (segment osseux confère une articulation vraie) n’existe pas chez l’animal. Ceci se conçoit notamment par le fait de l’omoplate / scapula est situé dans l’axe du bras / membre antérieur chez l’animal, alors que chez nous elle est postérieure (dans le dos).

  • Le chien et le cheval disposent d’un coude, la pointe osseuse portée vers l’arrière, située au niveau du sternum (base du thorax). Coude composé du radius et d’un cubitus, dénommé également ulna. L’ulna est complète chez le chien. Il peut faire des mouvements de pronation/supination, c’est-à-dire faire pivoter sa main et son poignet sur eux-mêmes. Dans des amplitudes moindres que chez nous. Et rarement de manière isolée. Par contre pour le cheval, pronation/supination impossible. L’ulna est réduite dans son développement, soudée au radius. Ce qui confère plus de rigidité, mais aussi plus de résistance, à son gros coude proportionnel à son volumineux poids du corps.

  • Le chien et le cheval disposent d’un genou avec sa rotule, ses ménisques, ses ligaments croisés… Le genou est situé sur le membre postérieur, donc la jambe. Logique, non ? Pourtant en hippologie, on a longtemps appris au cavalier que l’articulation sur le membre antérieur, située à mi-hauteur du membre, qui se plie dans le même sens que notre genou, s’appelait donc genou. Alors qu’en réalité il s’agit… du poignet. Rien à voir !!

  • La présence des vertèbres coccygiennes (jusqu’à 22 possibles), qui constituent la queue, alors que chez nous il ne reste que deux ou trois vertèbres soudées entre elle, formant le coccyx, extrêmement douloureux quant on rate sa chaise en s’asseyant.

Les comparaisons ne manquent pas. Oui, les variations anatomiques sont grandes. Je veux dire, il n’y a qu’à regarder pour se rendre compte que le corps athlétique d’un cheval n’a rien à voir avec d’un Homme. Et pourtant, ses articulations, ses tissus, ses systèmes physiologiques sont semblables aux nôtres. Nous sommes une grande famille, dénommée mammifère, et dont il convient de prendre soin de chacun des individus la composant sans priorisation.


Simon Lombardy
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