Le Guêpier d’Europe est magnifiquement coloré, avec sa livrée arc-en-ciel qui fait de lui l’un des plus bel oiseau de nos contrées. Ce raffinement esthétique l’installe en tête de liste de l’oiseau le plus convoité par les curieux, les observateurs et les photographes, durant la période la plus critique pour la survie de l’espèce, celle de la nidification. Ce dérangement provoque souvent le déplacement ou l’éclatement de colonies entières, qui doivent s’astreindre à trouver et à aménager un nouveau site pour nidifier.
À ce dérangement volontaire, s’ajoute le dérangement non volontaire du public par du mouvement à proximité où au dessus des nids, ce qui peut générer des affaissements de terrains ou empêcher les parents de nourrir les petits, l’usage des pesticides, les actes volontaires de nuisances, la restructuration des carrières amenant à la destruction des terriers, les crues et phénomènes climatiques qui finissent par provoquer un affaissement des berges, et le déménagement de l’ensemble de la colonie suite à une forte prédation.
Tous ces événements, pour la grande majorité, consécutifs aux actions ou à l’activité humaine, sont extrêmement néfastes pour l’espèce. Les colonies de guêpiers d’Europe qui sont ainsi poussées au déménagement doivent rechercher activement un nouveau site pouvant accueillir leurs nidifications.
Or, les sites pouvant les héberger et qui offrent le biotope parfait sont rares. Pour nidifier, l’espèce a besoin d’un écosystème pouvant accueillir les insectes butineurs à proximité immédiate des terriers, d’une falaise verticale assez haute pour offrir une protection efficace contre les prédations (belettes, serpents…), d’un substrat assez malléable pour faciliter le creusement d’un terrier de un à deux mètres de profondeur terminé par une chambre suffisamment large pour accueillir la nichée (en moyenne quatre à six petits).
La tendance climatique de ces dernières années avec l’aggravation de la canicule et de la sécheresse n’est plus propice à faciliter les réaménagements avec de telles conditions défavorables. Les insectes paient un lourd tribut aux chaleurs extrêmes, ce qui diminue fortement les possibilités alimentaires pour l’élevage des jeunes et entraîne une forte mortalité.
La sécheresse provoque un assèchement du substrat des falaises alluviales ou de carrières, surtout celles déjà anciennes, ce qui a pour conséquence d’endurcir la matière dont elles sont composées, déjà bien tassée par les différents phénomènes climatiques, ce qui rend difficile, voire impossible l’élaboration d’un nouveau terrier.
Si nous ne pouvons avoir une action immédiate sur le climat, il nous est possible de réduire l’impact anthropique sur cette espèce en limitant au maximum le dérangement causé par notre présence à proximité immédiate des sites de nidifications, en arrêtant tous travaux autour des nids sur les sites exploités par l’homme, et en protégeant de façon efficace (panneaux, balisage, sensibilisation…) les environnements connus qui accueillent l’espèce. Dans les zones que les guêpiers fréquentent nous pouvons, aussi, leur aménager de nouveaux habitats.
Nous avons le devoir d’éduquer, et de sensibiliser les observateurs et photographes, qui parfois dérangent volontairement les nidifications dans le but de voir les oiseaux de plus près, ou de rester de longues heures à proximité des terriers, sans artifices de camouflage, uniquement dans le but de les photographier.
Le guêpier d’Europe, Espèce protégée (article 1 et 5 de l’arrêté modifié du 17/04/81), inscrite à l’Annexe II de la Convention de Berne et à l’Annexe II de la Convention de Bonn, a un statut Européen défavorable(1), ensemble faisons en sorte que sa situation ne s’aggrave pas.
(1) Cahiers d’Habitat « Oiseaux » – MEEDDAT- MNHN
Photo : ©Corinne Rolland
Corinne Rolland
Cofondatrice et porte parole du Collectif Renard Blaireau, Collectif Nature & Vivant