Cosmétiques et mode éthiquesNuméro 1Ethique or not éthique ?

Sandrine Deslavier15 octobre 20206 min

Quand on m’a proposé d’écrire une rubrique sur les cosmétiques éthiques, l’ascenseur émotionnel est resté coincé entre les étages Surprise, Envie et Panique !

Qui étais-je pour prétendre affirmer ce que sont ou ne sont pas les cosmétiques éthiques et surtout que pouvait bien représenter une telle notion ?

Après un bref sondage dans mon entourage, j’ai pu constater qu’il n’était pas facile d’avoir une définition commune, chacun, probablement en fonction de ses propres convictions, mettant l’accent sur telle ou telle facette du concept.

Local ? Naturel ? Doux ? Sain ? Bio ? Solidaire ? Sans tests ou maltraitances envers les animaux ? Respectueux de l’environnement ?… Probablement un peu tout ça à la fois !

Mais alors, devenir un consommateur éthique, est-ce si difficile au quotidien ? Faut-il faire la révolution dans sa salle de bain ?

A ces questions, je dirais (ou du moins commencerais par dire…) que chaque petit pas franchi à son importance. Chaque changement d’habitude, chaque achat réfléchi contribuera au développement d’une cosmétique sensée et raisonnable.

Réduire les quantités : choisir moins mais mieux

C’est en 2012 qu’est né le concept de « Slow cosmétique ». Fondé par Julien Kaibeck, cosméticien aromathérapeute, le mouvement remet en question les mastodontes de l’industrie cosmétique et préconise l’utilisation de produits simples et sains.

Il prône le retour à un mode de consommation qui ne céderait pas aux sirènes d’un marketing trompeur et angoissant, plus naturel, intelligent et raisonnable.

Est-il en effet nécessaire de multiplier les flacons dans la salle de bain quand une huile végétale bien choisie suffirait à hydrater la peau, les cheveux et même à se démaquiller ?

CeriseS sur le gâteau (oui, oui…elles sont plusieurs…) :

  • Même en choisissant une huile de grande qualité, on pourra réaliser des économies puisqu’un même produit aura plusieurs usages.
  • Moins de produits dans la salle de bain, c’est moins d’emballage et moins de bazar sur le bord du lavabo et dans les placards !
  • En ayant quelques produits chez soi, on pourra fabriquer rapidement et facilement l’essentiel de la cosmétique de base sans avoir besoin de la parfaite panoplie du petit chimiste.

Par exemple, quelques gouttes d’huile et d’hydrolat ou de gel d’aloe vera mélangées au creux de la main et hop…une lotion hydratante pour le visage ! Ce même hydrolat remplacera aisément le nettoyant visage et l’eau micellaire.  

Quant au gel d’aloé vera, ses propriétés calmantes et régénérantes en feront le compagnon idéal pour soulager les brûlures légères type coup de soleil et permettront à la peau de se réparer plus rapidement.

La cosmétique maison est aujourd’hui en plein essor et Internet foisonne de sites qui proposent des recettes mais surtout commercialisent une abondance de matières premières pour les réaliser.

Si le fait maison permet de comprendre la composition d’un produit cosmétique il est important de s’interroger sur ce qu’un cosmétique contient, ce qu’il suffirait qu’il contienne et ce qu’il devrait contenir.

Gardons en effet à l’esprit le principe de la slow cosmétique et n’oublions pas qu’il n’est pas nécessaire de consacrer beaucoup de temps et d’investissement dans des quantités importantes d’ingrédients pour réaliser des cosmétiques de base préparés « à la minute ».

La nature fait souvent bien les choses. Faisons lui confiance en privilégiant, lorsque c’est possible, les matières qu’elle produit et pour lesquelles l’homme n’est intervenu que pour une transformation sommaire.

Tout n’est pas si simple…une question de choix avant tout

Dans une démarche éthique, la qualité des ingrédients et les processus de fabrication des produits sont des éléments qu’il est important de considérer.

Est-ce un produit naturel ou d’origine naturelle, chimique ou synthétique ?

Enfin d’où provient-il ? Est-il local ? Si non, d’où vient-il ? Dans quelles conditions a t’il été récolté et produit ?

S’il parait à première vue évident que le naturel est à privilégier, naturel ne signifie pas pour autant éthique.

Prenons l’exemple des huiles essentielles. Issues de plantes sauvages ou cultivées écologiquement, elles seront composées d’une centaine de molécules actives et, utilisées avec précautions, elles possèderont de nombreuses vertus. Plutôt naturelles à première vue…

Mais quand des pesticides ou insecticides sont employés et que ceux-ci se retrouvent malheureusement dans le produit final, a-t-on affaire à un produit éthique ?

Autre exemple, celui du savon solide. Bien qu’issu d’un processus chimique de transformation de corps gras (huiles et beurres d’origine végétale ou animale) mélangés à une base forte (potasse ou soude), un savon artisanal bien choisi, exempt de substances synthétiques inutiles, représentera un choix bien plus naturel qu’un gel lavant contenant des huiles minérales ou ingrédients de synthèse potentiellement nuisibles à notre santé et à celle de l’environnement.

Et la provenance alors ? Si le local semble être un choix évidemment plus éthique, doit-on pour autant rejeter un ingrédient qui ne serait pas produit localement ?

Ainsi, devrait-on renoncer au beurre de karité malgré ses nombreuses vertus simplement parce qu’il n’est pas produit en France ?

S’il est issu de coopératives agricoles pratiquant une récolte raisonnée et valorisant la production des paysans et entrepreneurs locaux et qu’il garantit une source de revenus équitables et fiables, doit-il être considéré comme étant hors des circuits de la cosmétique éthique ?

Autre exemple, l’huile de coco couramment employée dans la fabrication de savons artisanaux pour sa capacité à produire un savon à la mousse abondante (qualité tant appréciée par les utilisateurs).

Son usage est parfois décrié du fait de pratiques employées par des producteurs peu scrupuleux.

Pour baisser les couts et augmenter les rendements, la production se fait de plus en plus par le biais de la monoculture (au détriment des cultures vivrières) et certains exploitants utilisent des singes pour récolter les noix de coco.

En dehors de ces pratiques largement discutables, on trouve heureusement des producteurs responsables qui privilégient les exploitations familiales et les coopératives agricoles et travaillent dans le respect des normes sociales et environnementales.

Dans un savon, si on souhaite néanmoins éviter la coco et privilégier les graisses locales, il sera alors difficile de ne pas avoir recours aux graisses d’origine animale (boeuf, cochon, canard…) s’il on cherche un savon moussant et bien dur. C’est de cette manière que les savons utilisés par nos anciens étaient d’ailleurs fabriqués.

Pour autant, cette option n’est pas celle privilégiée aujourd’hui et la majeure partie des savonnier(e)s préfère l’utilisation d’huiles végétales, locales ou non, provenant de circuit de production vertueux. Une question de choix avant tout, de conviction peut être, de valeurs probablement.

En résumé, si la cosmétique éthique n’est pas une notion toujours simple, s’interroger, s’informer et faire des choix raisonnables et raisonnés contribuent à faire de nous des utilisateurs plus responsables. L’objectif étant de trouver un équilibre entre nos besoins, nos valeurs et nos possibilités tout en gardant à l’esprit la notion de durabilité des ressources et de respect du vivant.

Sandrine Deslavier
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