Numéro 5Animaux sauvagesLes orques résidentes du sud sont en grand danger d’extinction

Victoire Theismann15 octobre 20215 min

Les orques résidentes du sud meurent de faim car elles se nourrissent essentiellement de saumon quinnat, une espèce spécifique de saumon, et car quatre barrages empêchent ces poissons de remonter la Snake river pour se reproduire.

Ce qui est étonnant, est que ces barrages ne fonctionnent plus depuis plusieurs années et qu’il suffirait de les détruire pour permettre à la biodiversité de renaître.

Mais, le gouvernement considère que ce serait trop cher d’entreprendre des travaux d’abattage des barrages. Quand on sait que le retour des saumons dans leur lieu de reproduction originel pourrait tout résoudre ou presque, on reste interdit devant de tels arguments.

La mauvaise santé des résidentes du sud est causée par le manque de saumons quinnat dans l’océan et aussi par la surpêche et l’existence de fermes à saumons.

La surpêche prive les orques des quelques saumons sauvages qui vivent en mer de Salish, autour de San Juan et de Vancouver. Quant aux fermes à saumons, elles sont source de pollution et de maladies qui peuvent se transmettre aux saumons sauvages car il arrive que les saumons d’élevages s’échappent des bassins surpeuplés et se reproduisent avec leurs cousins sauvages. Ces accouplements sont à l’origine d’hybridations et de transmissions de maladies telles que le virus sea lice.

Une solution pourrait être de ne plus autoriser ces élevages de poissons aussi nocifs pour les humains qui les achètent et s’en nourrissent que pour les orques qui subissent les intoxications liées à l’implantation de ces fish farms  sur leur territoire. La mauvaise nouvelle est que ces fermes semblent intouchables comme tout ce qui est à l’origine de grands profits dans notre monde et peu importent qu’elles soient source de dégradation majeures pour la biodiversité et les humains.

Depuis peu, il a été observé que les résidentes du sud dédaignent de plus en plus souvent les eaux jadis poissonneuses autour de San Juan et les biologistes ne savent pas où elles vont. Il semble qu’elles s’éloignent de leur territoire pour tenter de se nourrir mais ces voyages aussi les épuisent. Les scientifiques s’inquiètent car les orques sont des êtres vivants très unis et sociables. Or, la faim les prive de temps et d’énergie pour jouer et communiquer entre elles. Toutes leurs forces sont orientées vers la survie. Il a aussi été découvert que les orques sont actuellement tellement faibles que leur immunité est fragile et que tout peut les vulnérabiliser. Aussi les scientifiques ont-ils choisi de ne pas leur implanter des balises pour découvrir leurs nouveaux itinéraires car ils craignent que ces balises soient source d’infection.

Aujourd’hui les orques résidentes du sud sont au nombre de 74 individus, leur clan nommé J, est réparti en 3 pods ou familles. Le pod J compte 24 membres, le pod K en compte 16 et le pod L 34.

Ces familles ont été grandement fragilisées dans les années 70 quand elles ont été chassées pour prélever des individus qui ont ensuite été vendus et parqués dans différents centres d’attractions aquatiques. L’une de ces orques est la fameuse Lolita qui vit depuis 51 ans en captivité et qui avait été capturée avec 7 membres de sa famille (tous décédés aujourd’hui). Lolita fait partie du pod L et lui permettre de retrouver la liberté et sa famille sont les motivations des associations qui se battent pour elle. Ces chasses des années 70 ont été d’autant plus atroces qu’elles ont causés de nombreux décès collatéraux liés à des blessures et au stress subis pendant les poursuites.

Par la suite, les résidentes du sud ont eu beaucoup de mal à se reproduire pendant des décennies, profondément traumatisées par ces événements. Ceci est d’autant plus bouleversant quand on sait que les orques vivent en famille dans lesquelles chacune à sa fonction et sa place. Quand on sait qu’elles ont élaboré un système social très puissant et qu’elles ressentent des liens affectifs forts fédérés par la matriarche, qui connaît le territoire, ses dangers, ses ressources et qui impulse une culture, des codes, un langage. Les orques ont un fonctionnement familial très proche des éléphants, autres grands mammifères. Les orques, filles et fils, vivent avec leur mère toute leur vie qui peut être très longue dans l’océan quand les conditions de leur survie sont réunies. Et comme les éléphants, quand un membre de la famille meurt ou disparaît, la famille est en deuil et le pleure.

Pisciculture intensive, barrages non détruits, surpêche, nuisances sonores dues aux 11 000 cargos qui naviguent sur le détroit de Haro, territoire des orques, et les empêchent de vivre, de bien communiquer entre elles et de se nourrir grâce à l’écholocation.

Alors que faire pour aider ces êtres vivants magnifiques véritables baromètres de la qualité de nos écosystèmes ? Que faire face à leur disparition annoncée ? 

Des bénévoles et des associations se battent depuis de nombreuses années. Encourager les actions mises en place par le gouvernement canadien qui semble enfin prendre la dimension du drame. Des règles ont été établies pour les navires leur interdisant de naviguer à moins d’une certaine distances des pods et leur imposant de ralentir quand une famille est a moins de 1000 mètres. Le gouvernement a apporté son aide aux scientifiques et à différents intervenants pour tenter de restaurer une partie de l’habitat des saumons quinnat notamment dans le bassin Kennedy Flats. De plus, des zones refuge ont été créés autour des îles Pender, Saturna et dans le banc Swiftsure. Les bateaux y sont interdits de juin à fin novembre. Espérons que ces décisions seront développées et reconduites au-delà de 2021. La disparition des orques est uniquement causée par l’activité humaine et signe l’échec et l’incohérence de notre système économique  courtermiste  qui produit toujours plus et déséquilibre tous les écosystèmes.

Ce que vivent les orques dans cette région du monde, n’est pas qu’un problème local. Ce qui se joue autour de San Juan et de Vancouver, le drame des résidentes du sud, est l’arbre qui cache la forêt. Les orques sont au sommet de la chaîne alimentaire. Si elles meurent de faim cela signifient que toute la chaîne alimentaire et donc tout l’écosystème est bancal et mourant. Si la mer de Salish est vide ou presque, le reste des océans le sera bientôt. Aussi notre responsabilité individuelle et collective est-elle de manger moins voire plus du tout de poisson et de soutenir les actions des bénévoles et des associations. Merci pour les résidentes du sud et merci aussi pour le Vivant dans sa globalité. Comme je l’écris dans mon dernier livre Si je change, le monde change, plus nous serons nombreux à mettre en adéquation nos valeurs profondes et nos choix quotidiens, plus nous aurons de chance de préserver le paradis qu’est notre belle planète. On s’y met tous ?


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Auteur, conférencière, psychanalyste

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