Sauver les équidés maltraités, abandonnés ou destinés à la boucherie, prendre soin d’eux, leur redonner confiance en l’être humain, les sociabiliser avec des compagnons équins avant de les placer à l’adoption, c’est le rôle de l’association de sauvetage Les Crins de Liberté, créée en avril 2007 et située au cœur de l’Auvergne, dans le Puy-de-Dôme.
Fondée à l’origine par Jesahel Juignet, sa présidente actuelle, pour donner une seconde chance à des trotteurs réformés de courses qui, par manque de résultats prometteurs ou en fin de carrière étaient en partance pour la boucherie, l’association a étendu son champ d’action au fur et à mesure des années. Elle est reconnue d’intérêt général depuis 2016 et agit sur une grande partie de la France grâce à une équipe de délégués bénévoles.
Sauver de l’abattoir
Le circuit de la boucherie est malheureusement un secteur encore florissant. Nombreux sont les équidés à avoir “servi” toute leur vie pour finir dans les couloirs sombres de la mort. Retraités de club, chevaux de traits élevés pour la viande, réformés de course, chevaux de propriétaires désireux de faire un petit bénéfice sur le dos d’un animal vieillissant… La provenance de la viande équine est multiple et souvent méconnue.
Bien évidemment contre l’hippophagie, l’association tente d’aider tous ces équidés promis au “mauvais camion” en travaillant auprès des éleveurs, des maquignons et des particuliers et en les convainquant de lui laisser la possibilité de trouver un adoptant avant qu’il ne soit trop tard.
Des délégués région sont ainsi en relation avec des maquignons afin de diffuser en ligne les annonces de chevaux menacés d’être tués, négociant les délais et les mettant en relation avec un éventuel adoptant.
Gérer les abandons et des cas de maltraitance
Deux chevaux laissés dans un pré sans soins ni nourriture, un poney laissé sur place alors que sa famille déménage, un poulain divaguant sur une commune, cachectique… Ces histoires sont des cas d’abandon que l’association doit traiter régulièrement. Des équidés au passé nébuleux, qu’il faut recueillir et remettre en état, vermifuger alors qu’ils sont parfois complètement sauvages ou traumatisés par leur passé.
L’association intervient également régulièrement sur des cas de maltraitance. Celle-ci revêt de nombreuses formes et certains bourreaux s’ignorent. Par manque de moyens, de connaissances, certains propriétaires n’effectuent pas les soins à leur animal qui souffre ou dont la corne des sabots s’allonge et façonne de douloureux appuis. D’autres les laissent à l’attache pendant des mois sans considération pour l’être sensible qui oublie peu à peu la douceur du contact avec un congénère équin ou le contact de l’herbe sur sa bouche et sous ses pieds. Les plus malchanceux sont les martyres d’un humain qui ne compte plus les coups ou qui punit d’eau, de nourriture et de lumière un être qui n’a pas correctement répondu à sa demande.
L’association répond ainsi à de nombreux appels signalant des animaux en danger, livrés à eux-mêmes ou tenus dans des conditions de vie indignes. Pour la plupart, des particuliers qui témoignent de ce qu’ils voient près de chez eux, à l’occasion d’une balade ou encore, des maires qui, responsables du danger que représente un animal divaguant sur leur commune, demandent à l’association d’intervenir afin de récupérer l’animal.
De plus en plus, l’association est réquisitionnée lors de saisies judiciaires pour récupérer des équidés, les remettre en état et subvenir à leurs besoins jusqu’au jugement de l’affaire. Les procédures pouvant durer de quelques mois à plusieurs années, certains équidés restent ainsi à la charge de l’association sans pouvoir être mis à l’adoption pendant longtemps.
Elle intervient régulièrement aux côtés des grandes associations de protection animale nationales.
Le refuge
Les Crins de Liberté disposent de son propre refuge : une vingtaine d’hectares situés dans le Puy-de-Dôme. L’association qui ne compte qu’une salariée (cavalière-soigneuse) et une équipe de bénévoles, y accueille une vingtaine d’équidés (chevaux, poneys, ânes). Une partie du refuge abrite des résidents permanents qui ne sont pas proposés à l’adoption parce que trop âgés, ayant des problèmes de santé trop importants ou parce trop instables psychologiquement (ils comptent parmi eux deux aveugles Atout et Kaline, Malbo, castré sans anesthésie par un maquignon et ne supportant pas l’enfermement ni la contrainte, ou encore Cochise, âgé de 34 ans…). Ces équidés finiront leurs jours dans les prés de l’association.
Les autres sont également soignés, manipulés, débourrés, vermifugés, castrés, puis mis à l’adoption. Les adoptions sont finalisées par la signature d’une convention d’adoption signée par les deux parties, stipulant notamment l’interdiction de la reproduction, de la revente de l’animal et de son utilisation dans un cadre professionnel. Les familles d’adoption en deviennent totalement propriétaires mais l’association s’attache à assurer un suivi de l’animal tout au long de sa vie. Ainsi, les nouveaux propriétaires s’engagent à donner des nouvelles régulièrement de l’animal et à informer l’association de tout changement de situation.
Fonctionnement
L’association fonctionne sans aucune subvention d’Etat, grâce aux cotisations de ses membres, aux dons, aux frais d’adoptions et à la vente d’objets publicitaires à son effigie ou grâce à l’organisation de manifestations telles que des portes ouvertes ou des courses d’orientation. L’association peut également compter sur le soutien de parrains et marraines qui participent au frais d’un ou plusieurs équidés.
Quelques chiffres (au 31 décembre 2020)
Depuis la création, 2 108 chevaux ont été sauvés via le forum de l’association et 250 chevaux ont été accueillis au refuge, soit un total de 2 358 chevaux sauvés en 14 ans.
La cotisation annuelle est de 35 euros.
https://www.lescrinsdeliberte.fr/
http://lescrinsdeliberte.1fr1.net/
Photo © Jesahel Juignet
Carole Cottier
Déléguée Région, Association Les Crins de Liberté