Nombreux sont les enfants fascinés par les chevaux, ces grands animaux majestueux doués d’une intense douceur. Lors de la première rencontre, les yeux écarquillés, ces jeunes humains captivés, tendent leurs mains avec prudence pour toucher cet être quasi-féérique pour la première fois. Le temps s’est suspendu. La peau du cheval frissonne sous les chatouilles de cette caresse timide, la respiration de l’animal ralentit et son souffle chaud caresse à son tour l’enfant qui découvre un nouveau monde. Les deux êtres s’observent avec bienveillance et amour, tous deux désintéressés.
A la suite de ce contact l’enfant pensera-t-il de lui-même à monter à cheval ?
Est-ce un désir inéluctable ? Quelle est la responsabilité de l’adulte dans l’aspiration de l’enfant ?
Aujourd’hui si un enfant souhaite rencontrer et côtoyer un cheval cela se fera pour la grande majorité au sein d’Ecoles d’Equitations. La magie y est rarement préservable, même si des professionnels passionnés existent, la vie d’un cheval “maître d’école” n’est pas toujours évidente. Dans leur formation équestre, les enfants en quête de relation apprennent souvent trop rapidement l’utilisation du cheval : l’objectif sera de contrôler, de se faire obéir en se faisant plaisir au détriment parfois de l’intégrité mentale et physique de ce noble animal, et bien sûr le but inévitable (ou presque) : le monter, ordinairement dès la première rencontre.
Dans cet apprentissage méthodique, la curiosité et le désir d’entrer en relation avec cet être imposant et délicat se retrouvent altérés.
Je suis cavalière professionnelle, coach, artiste équestre, je travaille 3 à 8 chevaux chaque jour depuis plus de 10 ans, et pourtant je m’interroge : est-ce que je monterai à cheval pour toujours ?
Certains chevaux apprécient -apprennent à apprécier- d’avoir un cavalier sur leur dos, et participent pleinement à cette relation atypique, pour eux je continue actuellement. Pour leurs humains en quête d’évolution respectueuse, aussi.
Toujours est-il que je sais aussi rester à l’écoute lorsque l’un de mes propres chevaux extraordinairement doué et intelligent ne supporte pas la responsabilité de porter un humain, je le respecte et ne le monte plus car le plaisir n’est pas dans l’aliénation mais dans la réciprocité.
Cette force d’écoute j’ai pu la préserver probablement car j’ai eu la chance d’être entourée d’adultes intègres, passionnés et respectueux des êtres vivants. La priorité a toujours été le bien être du cheval jamais son conditionnement. Je vis pour la force du lien qui nous unit aux Vivants. La relation unique et singulière que je partage avec chaque cheval me permet de devenir une humaine un peu meilleure chaque jour, et mon évolution m’offre l’accès à des compréhensions qui me permettent d’accompagner les chevaux à être eux-mêmes plus épanouis. Grâce au dialogue subtile des corps et des cœurs, ils suivent leur propre “thérapie de développement personnel” à mes côtés et vont pouvoir ensuite s’accorder à leur humain qui se sera formé également au langage équestre.
Monter ne devrait pas être une finalité mais une option dans la relation, la priorité étant de toujours s’adapter aux aptitudes et à la sensibilité émotionnelle de chaque cheval.
Les chevaux sont un trésor pour ceux qui seront à leur écoute.
Un adulte aura la possibilité de retrouver son instinct, de se reconnecter à son corps, à ses émotions parfois enfouies et ainsi de s’émerveiller à nouveau, grâce à cet animal bienveillant et authentique.
Un enfant apprendra à rester à l’écoute de son cœur et de son corps, tout en se reliant à cet être aux mille facettes qui pourra l’accompagner dans cette vie à accepter et surmonter les épreuves. Adultes et enfants pourraient alors apprendre à observer, respecter, trouver leur place juste et ne pas chercher à contrôler le Vivant au risque de passer à côté de la richesse du lien, la source de cet enseignement essentiel.
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Manon Comparini
Artiste équestre, spécialiste de la relation aux chevaux et facilitatrice en transe cognitive auto induite
Il y a un commentaire
Emmanuelle
15 avril 2021 à 18h19
Mais je suis entièrement d’accord! Monter n’est pas la finalité !