Animaux dans l'arméeNuméro 1Le binôme militaire/chien au sein de l’Armée de Terre

David Roussin15 octobre 20208 min

Le maître-chien de l’Armée de Terre est une profession à part entière qui revêt de multiples facettes car c’est le seul militaire ayant la charge et la chance de travailler avec un binôme canin à des postes et des missions dédiées. La formation des maîtres-chiens et des chiens militaires de l’Armée de Terre est confiée au 132ème Régiment d’Infanterie Cynotechnique (SUIPPES) et au 17ème Groupement d’Artillerie (BISCARROSSE).

Des Hommes

On peut devenir maître-chien au sein des armées françaises que l’on soit une femme ou un homme de nationalité française.
Il s’agit d’un métier très riche et exigeant car il possède deux volets :

  • Etre un soldat ayant le goût de l’effort avec une forte capacité d’adaptation, sportif et rustique afin de pouvoir être apte à réaliser ses missions efficacement sur les différents théâtres d’opération ou encore en France.
  • Le potentiel maître-chien doit être un passionné afin d’être en harmonie avec le métier recherché. Il doit avoir une sensibilité et un respect du chien afin de développer la confiance et les résultats de son binôme sans jamais oublier qu’il ne s’agit pas de SON chien mais de son binôme militaire canin. Il aura la charge d’un CHIEN DE TRAVAIL militaire en aucun cas d’un chien de « compagnie » au sens où beaucoup de personnes non militaires peuvent l’entendre… ce qui ne remet pas en cause l’attachement entre l’homme et son frère d’arme canin.

Les opportunités de postes et de missions en opération extérieure sont très nombreuses, en particulier pour assurer la sécurité des enceintes militaires françaises ou en soutien des unités engagées.
La richesse de ce métier en comparaison avec beaucoup d’autres au sein de l’institution est de pouvoir travailler entre experts d’un domaine de compétence, ce n’est pas un statut « grade » qui fait norme mais bien une « expertise dans sa compétence ».
Au cours de sa carrière chacun des maîtres-chiens aura l’opportunité de se perfectionner en suivant des stages de spécialisation en pistage, en recherche, en intervention, en premiers secours…

Les cursus de formation

Maître-chien (Militaire du rang)

Cette spécialité unique au sein des armées met en valeur un binôme interspécifique constitué d’un Homme et d’un Chien.
En plus de son entrainement en tant que fantassin (Infanterie, la Reine des batailles), le maître-chien doit éduquer, dresser et entraîner un chien dédié à une mission mettant en avant ses qualités sensorielles, physiques et comportementales afin de remplir des missions de protection d’installations sensibles, d’appui au combat, de recherche d’explosifs ou de recherche de stupéfiant.

  • Formation initiale du soldat (futur maitre-chien) : avant de devenir maître-chien, la nouvelle recrue doit devenir un militaire à part entière. A cette fin, il suit une formation initiale de soldat de l’infanterie (stage de 3 mois et demi au sein d’un Centre de Formation Initiale du Militaire du rang).
  • Formation spécialisée du maître-chien : cette formation se déroule en 2 phases
    • La 1ère débute au 132ème Régiment d’Infanterie Cynotechnique par une Formation technique de spécialité́ Infanterie (sans chien) d’une durée de 2 mois.
    • Afin de comprendre et d’apprendre les bases de son futur métier, un chien déjà dressé est confié au nouveau maître-chien lors de la 2nd phase de la formation spécialisée (stage de 2 mois au sein du 17ème Groupement d’Artillerie).
  • Affectation du maître-chien en poste : en fonction des places existantes au Référentiel en Organisation des différents corps militaires possédant des chenils, des places dans les différentes spécialités et surtout des résultats du maître-chien lors des différents examens et tests avec ou sans chien, il débute enfin sa carrière opérationnelle. Le maître-chien pourra avec l’expérience et de bons résultats lors des différents examens qu’il passera lors de sa carrière, être promu du grade de Soldat à Caporal-chef.

Chef d’équipe maître-chien (Militaire du rang)

Il s’agit du cursus de carrière proposé à tous les maîtres-chiens au nom de l’évolution dans leur carrière. Après avoir passé les stages et les examens correspondant à la formation de spécialiste élémentaire, le Caporal ou le Caporal chef gère une équipe de plusieurs maîtres-chiens. De mission d’exécutant, il a par ce biais accès à des missions de commandement et de gestionnaire de son niveau de compétence.

Chef de groupe de maître-chien (Sous-officier)

Ce poste est généralement occupé par un sous-officier (Sergent ou Sergent-chef) mais il peut l’être aussi par un Caporal-chef expérimenté. Ce poste de leader et de technicien consiste à entraîner et guider (techniquement, physiquement ainsi que moralement) l’ensemble des maîtres-chiens et des chiens dont il a la charge.
Que cela soit au sein d’un chenil militaire, au 132ème RIC, au 17ème GA ou en engagement opérationnel, les missions qui lui sont confiées par la chaîne de commandement sont multiples, très prenantes et responsabilisantes (car souvent en autonomie). Il doit aussi gérer le quotidien, les missions et le suivi des chiens dont il a la charge tout en conseillant le commandement sur l’utilisation de ces derniers.

S’il n’est pas issu du « Rang », le cursus de formation d’un jeune chef de groupe est le suivant :

  • Formation initiale du chef de groupe : afin de devenir Chef de groupe de maitres-chiens, la recrue (bachelier) suit une formation générale initiale d’une durée de 8 mois au sein de l’Ecole Nationale des Sous-officiers d’Actives de SAINT-MAIXENT.
  • Formation spécialisée du chef de groupe cynotechnique : cette formation spécialisée se déroule durant 1 an au sein du 17ème GA situé à BISCAROSSE.
  • Affectation en tant que chef de groupe cynotechnique : en fonction de ses ambitions, des postes existants au Référentiel en Organisation des différents corps militaires possédant des chenils dans les différentes spécialités et surtout de ses résultats lors des différents examens et tests avec ou sans chien, le chef de groupe cynotechnique débute sa carrière. Il pourra avec l’expérience et les résultats des différents examens ou concours qu’il passera lors de sa carrière évoluer en grade et en responsabilité…

Des chiens

  • Au sein des armées, les chiens ainsi que les soldats qui en ont la responsabilité sont employés dans deux spécialités pour lesquelles des dressages et des apprentissages différents sont mis en place
  • Chien d’intervention (dressage au mordant et en obéissance afin de remplir les missions de sécurisation et de dissuasion)
  • Chien de détection (dressage basé sur la très grande capacité olfactive des chiens sélectionnés pour répondre à des missions de fouilles opérationnelles et de recherche)

Au même titre que les hommes, les chiens militaires possèdent un livret militaire, portant son matricule, un livret sanitaire de chien militaire (sans oublier le passeport pour animal de compagnie comme chaque animal civil devant passer une frontière). Acteurs lors de missions opérationnelles, ils peuvent se voir remettre médailles et grades. Enfin ils sont mis en retraite (réforme) lorsqu’ils arrivent en fin de carrière (dans certaines conditions, ils peuvent être adoptés par leur maître-chien).

Quelles races

La bonne sélection des chiens tant pour leur races, provenance, santé (dentition, yeux, radiographie des hanches) et capacités est une priorité pour l’institution car c’est un investissement sur la durée qui ne peut se faire au hasard.
Une cellule spécialement dédiée à cette mission prioritaire avec un cahier des charges très strict est en place au sein du 132ème Régiment d’Infanterie Cynotechnique afin de fournir les chiens de l’ensemble des armées, mais aussi à certaines administrations (douane et police).
Un chien militaire doit avant tout être un chien intelligent, rustique, sociable avec une très grande capacité d’apprentissage. Il débute sa formation technique (éducation et dressage spécifique) à compter de ses 10 mois.
Les chiens militaires appartiennent à plusieurs races de chiens de travail. On estime à plus de 1 100 chiens en 2018 le cheptel canin de l’armées est composé en majorité des races suivantes : Berger belge malinois, Berger allemand, Berger hollandais, Berger belge tervuren…

Des missions

Les équipes cynotechniques sont déployées dans 3 domaines de spécialités suivants :

  • Aide à la détection et neutralisation humaine (ADNH)
  • Aide à la recherche et à la détection d’explosif (ARDE)
  • Aide à la recherche et détection de stupéfiant (ARDS)

Chien d’intervention et d’appui au combat

  • Missions de sécurisation et de protection des installations militaires ou dites sensibles sur tous les théâtres d’opérations
  • Missions d’appui au combat débarqué sur tous les théâtres d’opérations

Chien de détection

  • Missions de recherches d’explosifs et fouilles opérationnelles sur tous les théâtres d’opérations basées sur la capacité olfactive du chien
  • Missions de recherche de stupéfiant
David Roussin
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Président et formateur de formateurs - Humanimal

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