Numéro 4Animaux domestiquesLa muselière pour le chien, bon ou mauvais plan ?

David Roussin15 juillet 202110 min

Un simple mot en fait mais qui génère énormément de réactions (plus souvent négatives que positives) dans le monde du professionnel comme du simple amateur canin… Bref cet accessoire fait couler beaucoup d’encre alors voici une vision globale et la plus neutre possible de ce qu’est cette muselière et des différentes versions que vous pourrez voir.

Définition

  • Appareil constitué d’un réseau de courroies, de lanières, servant à emprisonner le museau de certains animaux, à les museler (CNRTL).
  • Appareil, généralement en cuir, que l’on met au museau, à la gueule, à la bouche de certains animaux, pour les empêcher de mordre… (Dictionnaire de l’Académie française).

Pourquoi une muselière

Le principe d’une muselière est de protéger les personnes et les autres animaux d’une potentielle morsure d’un chien stimulé et potentiellement agressif ou réactif lors d’une rencontre.

On utilise une muselière pour chien pour de multiples raisons :

Sécurité

  • Protection des personnes et des autres animaux face à un chien potentiellement mordeur
  • Dans le cadre du métier de toiletteur, faciliter son travail en toute sécurité
  • Consultation chez le vétérinaire
  • Dans le cadre des métiers de la cyno-sécurité, le maître-chien doit en équiper son chien tel que le prévoit la réglementation en vigueur
  • Permettre la mise en œuvre d’un geste de premiers secours sans risque de morsure

Obligations légales et réglementaires

La législation française impose le port d’une muselière sur la voie publique pour les chiens dits de catégories 1 et 2 (attaque et défense). 

Art. L.211-6 du Code rural et de la pêche maritime : cette obligation s’étend également aux parties communes dans les immeubles collectifs, les lieux publics ou les transports en commun (train, métro…).

Cependant, il y dispense du port de la muselière pour les chiens-guides d’aveugles ou d’assistance (Arr. du 20 mars 2014).

Les textes de référence sont :

  • Loi 99-5 du 6 janvier 1999 relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux
  • Loi 2008-582 du 20 juin 2008 renforçant les mesures de prévention et de protection des personnes contre les chiens dangereux

Une réglementation locale du niveau du Maire ou d’un règlement interne à un établissement recevant du public (ERP), voire d’utilisation de transport en commun peut imposer le port de la muselière à toute race de chien sous peine d’en interdire l’accès.

Rappel 
Chiens de catégorie 1 : Il s’agit des chiens non-inscrits à un livre généalogique reconnu par le Ministère en charge de l’agriculture (le livre des origines françaises ou LOF).

Leurs caractéristiques morphologiques peuvent être assimilées aux races suivantes :
– Staffordshire terrier ou American Staffordshire terrier (chiens dits pitbulls)
– Mastiff (chiens dits boerbulls)
– Tosa

Chiens de catégorie 2 : Il s’agit des races :
– Staffordshire terrier ou American Staffordshire terrier
– Rottweiler
– Tosa
Et assimilables par leurs caractéristiques morphologiques aux chiens de race Rottweiler, sans être inscrits à un livre généalogique reconnu par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche.

Les up and down de la muselière

Les qualités OBLIGATOIRES d’une muselière

Quel que soit l’argumentaire de « vente », prenez en compte qu’une muselière qui doit être portée par un chien sur la durée doit pouvoir respecter son intégrité physique et ses besoins physiologiques :

  • Il doit pouvoir respirer et thermoréguler aisément, c’est-à-dire via le halètement (gueule ouverte), c’est encore plus important lorsqu’il doit fournir une activité physique (balade ou plus).
  • Il doit pouvoir boire en portant cette dernière, ce qui impose d’avoir des gamelles d’eau assez profondes.

Les défauts d’une muselière

Les défauts du port d’une muselière par un chien sont nombreux et touchent de nombreux domaines. Il ne faut jamais oublier qu’il s’agit d’un accessoire répondant à un cahier des charges purement lié au risque de morsure…

Ainsi :

  • Il est très compliqué pour un chien porteur de muselière de communiquer avec un congénère (communication intraspécifique), la lecture du faciès est très importante chez le chien, ce filtre loin d’être minime peut générer un très grand frein avec possible mauvaise interprétation.
  • Lorsque qu’une personne voit dans la rue un chien porteur de muselière, son analyse est souvent d’interpréter négativement la situation. L’association chien/muselière renvoie souvent à l’idée de croiser un chien dangereux, ce qui est heureusement très loin d’être toujours le cas. Malheureusement, la réaction et les signaux non-verbaux envoyés par cette personne au chien peuvent créer une erreur d’analyse (réciproque)…
  • Si on ne connaît pas les besoins physiologiques de son chien, on peut (très souvent par méconnaissance) se retrouver à acheter une muselière DANGEREUSE pour la santé de son animal. Haleter et boire est vital pour le chien et pas uniquement lorsqu’il fait chaud, une promenade est déjà une activité physique.
  • S’il advenait que votre chien doive se défendre face à un congénère pour un échec de communication par exemple, il en est en totale incapacité. S’il n’a aucune possibilité de fuite…

Les différents types de muselières

Choisir une muselière

Quel que soit le type de muselière, il faut faire essayer cette dernière à votre chien car plusieurs mesures sont nécessaires (longueur et circonférence du museau, tour de cou du chien). Il faut aussi vérifier que cette dernière ne gêne pas la vision de l’animal.

Plus la muselière sera adaptée à VOTRE individu chien, moins il aura de gène à la porter et moins cette dernière risquera de le blesser (museau, truffe, babines, chanfrein, yeux). La légèreté et l’ergonomie sont de mise.

Pour les muselières en matériaux solides plastique et acier, il peut être nécessaire de légèrement modifier la forme générale afin de ne pas irriter ou blesser le chien (sèche-cheveux ou eau à 60°C pour la Baskerville par exemple.)

Apprentissage

Quelle que soit la muselière choisie, vous devez absolument passer par une phase d’apprentissage pour sa mise en place et son port sur la durée. Une méthode en renforcement positif est plus que préconisée. Une muselière doit être confortable et solide, elle est disponible en de nombreuses tailles et doit être adaptée à VOTRE chien.

Les muselières PLEINES et AJOURÉES en nylon ou en cuir

Très souvent proposées car peu chères mais aussi peu solides, ce type de muselières maintient en position fermée la gueule du chien (quoi que celles fermant par velcro vieillissent très vite et deviennent dès lors inefficaces). Le gros point négatif de ces muselières étant qu’elles ne respectent pas la possibilité pour le chien de ventiler correctement et de boire !

La muselière de type PANIER ou CAGE, (grillagée en acier ou de marque Baskerville en plastique)

Solides, aérées et pas nécessairement les plus chères, elles permettent au chien de respirer, haleter et de boire. Elles sont les plus respectueuses des besoins physiologiques du chien.

Les muselières pour CHIEN BRACHYCÉPHALE

Les chiens de ce type n’ayant pas ou peu de longueur de museau, les muselières proposées pour les brachycéphales sont souvent un morceau de textile grillagé qui se positionne devant le faciès du chien. La problématique santé générée par cette muselière est liée au fait que les chiens de ce type ayant déjà une problématique naturelle à respirer et thermoréguler alors qu’il ne porte aucun artifice…cela peut largement faire empirer la situation.

Les muselières de FRAPPE

Ces muselières sont liées à l’emploi de chien de travail plus particulièrement dans le domaine de la protection d’installations ou des populations (chien militaire, chien de sécurité, …)

Les LICOLS ou muselières À SANGLES

Bien que ressemblant de loin à des muselières, elles ne le sont absolument pas car elles ne sécurisent pas de la morsure.

Les muselières d’URGENCE 

On doit TOUJOURS avoir la capacité de mettre en place une muselière à son chien avec un moyen de fortune, surtout en ce qui concerne un accident, une douleur ou une situation stressante pour le chien (lui avoir appris par avance à l’accepter positivement devrait être un apprentissage de base pour chacun à notre sens).

Lors de nos formations aux Premiers Secours Canin Humanimal, nous apprenons à nos stagiaires la mise en œuvre d’une muselière de fortune afin de pouvoir leur permettre d’exécuter un geste salvateur sans risque de morsure.

On ne doit pas museler le chien dans les cas de détresse respiratoire, de régurgitation, d’inconscience

Technique des 3 nœuds :

  • Préparer en amont un nœud permettant d’englober le museau du chien
  • En restant derrière le chien, glisser le 1er nœud au niveau du chanfrein du chien jusqu’au stop
  • Réaliser un second nœud sous la mâchoire inférieure
  • Réaliser le dernier nœud (il s’agit d’un double nœud), derrière la nuque du chien (ce double nœud doit être serré)

Technique du nœud de cabestan :

  • Préparer en amont un nœud de cabestan permettant d’englober le museau du chien
  • Glisser le nœud au niveau du chanfrein du chien jusqu’à son centre (les bouts sont en dessous de la mâchoire)
  • Réaliser un nœud plat derrière la nuque du chien (ce double nœud doit être serré)

Plus le nœud sur le chanfrein sera proche du bout du museau, plus le maintien sera efficace.

David Roussin
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Président et formateur de formateurs - Humanimal

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