La mode n’a rien d’un sujet superficiel.
Son impact sur les hommes et sur la planète n’est actuellement pas une réalité connue des seuls experts et si elle a obligatoirement une empreinte sur l’environnement comme toute activité de production, la mode n’est pas forcément à bannir.
En effet, il est possible de faire autrement, d’avoir un impact positif sur les millions d’individus qui dépendent plus ou moins de cette industrie.
L’industrie de la mode est à l’origine d’impacts sociaux et environnementaux très important et ceci tout le long de la chaîne de production. L’humain est souvent la variable d’ajustement afin de réduire les coûts de production.
Crise environnementale, conditions de travail très préoccupantes dans certains pays, bien-être animal, il est nécessaire et urgent d’agir.
Les consommateurs détiennent un réel pouvoir d’influence et peuvent agir de manière déterminante.
La mode est intimement liée à l’état de la société dans laquelle elle évolue. Aujourd’hui, elle est en pleine mutation, muée par la réalité des enjeux sociétaux et climatiques et poussée à se réinventer par des consommateurs de plus en plus exigeants vis-à-vis des marques de mode.
La production de matières premières végétales naturelles comme le coton, le lin, le chanvre, pèse pour beaucoup dans la balance environnementale de la filière textile et a dominé le marché de la mode jusqu’à l’arrivée des fibres synthétiques.
Les matières d’origine animale, comme la laine, la soie ou le cuir sont souvent considérés comme des produits nobles car synonyme de qualité. Ces produits finis sont également vendus beaucoup plus chers que ceux composés de fibres synthétiques ou végétales.
Mais en dépit de cette image positive, et parfois luxueuse, la production de matières animales même haut-de-gamme suscite aujourd’hui questionnement et interrogation.
Peut on continuer à exploiter les animaux, à utiliser leur peau, leur fourrure, à des seules fins de consommation de vêtements, de chaussures, ou de maroquinerie ?
Depuis des siècles, nous n’avons eu de cesse de prendre aux animaux leurs attributs pour fabriquer nos tenues. Qu’il s’agisse de cuir, de fourrure ou de corne, l’ensemble de nos vêtements ont été conçus avec nos « chères bêtes », trop souvent cruellement traitées pour notre confort. Alors que la préoccupation du bien-être animal se développe fortement, de plus en plus d’individus ont fait le choix de changer leur alimentation et, de manière plus globale, leur consommation.
La mode ne fait pas exception.
Il y a 10 ans, la principale remise en cause de l’industrie était orientée vers l’usage de la fourrure. Par la suite, les interrogations se sont étendues à l’utilisation du cuir, des cornes, et du pelage (poil, laine …). De fait, une attention particulière au traitement des animaux a vu le jour et a donné lieu à un certain nombre de certifications. Si celles-ci affirment toutes garantir le respect des animaux, elles n’officient pas toutes sur les mêmes périmètres.
Aujourd’hui encore, un grand nombre d’articles de mode sont confectionnés avec de la souffrance animale. On estime que, chaque année, plus d’un milliard d’animaux sont tués uniquement pour le commerce du cuir. La majeure partie du cuir produit dans le monde provient de Chine, où il n’existe pas de règlementations contre la maltraitance animale dans les élevages. Très largement décriée, l’industrie de la fourrure fait également partie des plus cruelles, impliquant dans la plupart des cas capture, détention dans des conditions ignobles, et sévices en tout genre. Par exemple, pour une capuche en fourrure, deux renards ou ratons laveurs sont abattus. Citons également la collecte du duvet des oies et des canards qui est réalisée à vif et qui est une pratique extrêmement douloureuse pour ces volatiles. Enfin, même le commerce de la laine, qui peut pourtant apparaitre inoffensif pour la plupart des consommateurs, implique souvent des conditions d’élevage intensif et, de fait, engendre des pratiques barbares comme le mulesing, qui consiste en une mutilation des moutons pour éviter les infestations de mouches.
De manière globale, l’industrie de la mode contribue à capturer des espèces en liberté, parfois des espèces protégées ou en voie d’extinction, ou à exploiter des animaux pour produire des vêtements ou des accessoires.
Mais alors, comment définir ce qu’est une mode respectueuse des animaux ?
La condition animale est un sujet particulièrement complexe qui donne lieu à des échanges parfois houleux, et pas toujours constructifs. Selon les critères pris en compte -la mort ou non d’animaux, la présence ou non de matière animale, les conditions d’abattage …- les curseurs peuvent varier.
Pour beaucoup de consommateurs, à ces convictions en matière de bien-être animal, s’ajoutent des préoccupations environnementales qui les amènent à se tourner vers une consommation dite végane qui utilisent des substituts aux matières animales.
Il faut néanmoins être vigilants aux matériaux utilisés, produit vegan ne veut pas dire 100% naturel, et aux appellations ambiguës comme « cuir végétal » qui décrit un cuir tanné végétalement donc sans produit chimique mais composé à partir de peau animale.
Les certifications Vegan Society et Vegan EVE sont présentes dans l’univers des cosmétiques.
L’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), propose la certification Approved Vegan, uniquement dédiée à l’univers du textile et des accessoires.
Pour être certifié “Approved Vegan”par PETA, le produit ne doit pas contenir de matériau d’origine animale, et ne doit pas avoir été testé sur des animaux.
“Le logo « PETA-Approved Vegan » est un excellent moyen de reconnaître les efforts de ces entreprises progressistes qui répondent à la demande pour une mode respectueuse des animaux. Il permet également d’aider les consommateurs éthiques à identifier les marques et articles qu’ils peuvent acheter en toute confiance, en sachant qu’ils ne soutiennent pas l’exploitation des animaux » Un certain nombre de marques de mode habillement et accessoires proposent une consommation éthique et végane, afin de permettre à chacun de consommer de manière consciente, en accord avec ses valeurs.
Isabelle Pierard
Créatrice de Soulyé, chausseur éthique & Vegan