ActualitésPolitique & AnimauxInterview de Pauline Rapilly-Ferniot, candidate écologiste et antispéciste aux élections législatives

Sarah Champagne9 juin 20225 min

Comment vous êtes-vous intéressée à la cause animale ?

Enfant, comme beaucoup de gens, j’étais sensible aux animaux, mais je n’avais pas intégré  la dimension politique de ce qu’était la cause animale, et j’intégrais peu dans ma réflexion les animaux non domestiques. La cause qui m’a toujours tenu à cœur, c’est le dérèglement climatique, et c’est ma conscience de l’enjeu climatique qui m’a fait devenir végétarienne. Ma sœur était végétarienne avant moi, et je me disais qu’elle avait raison. Quelque part, je savais que c’était la bonne chose à faire, mais j’avais cette idée dans ma tête que les êtres humains sont faits pour manger des animaux et que c’était normal de continuer à le faire.

Puis un jour, lors de la Journée Mondiale sans viande, je suis tombée sur une vidéo montrant l’impact de la production de viande sur le climat. Je me suis dit : « Je ne peux plus me dire écologiste si je continue de manger de la viande ». Donc j’ai arrêté d’en manger, et très vite, par cohérence, j’ai retiré les œufs et le lait de mon alimentation et je suis devenue végane. Au bout d’un an sans manger d’animaux, j’ai commencé à réfléchir à la condition animale dans son ensemble, à nos rapports avec les animaux, à comment on les considère dans la société. Quel sens ça a aujourd’hui de les tuer pour les manger, alors même qu’on peut parfaitement vivre sans ? Je ne vois pas comment la simple notion de plaisir peut justifier de telles atrocités. En fait, mon angoisse du réchauffement climatique m’a menée au végétarisme, puis mon végétarisme m’a fait prendre conscience de l’ampleur de la maltraitance animale, et maintenant c’est ça, plus encore que l’enjeu climatique, qui motive mon véganisme.

Est-ce que vous avez milité dans des associations de protection animale ?

Je me suis souvent engagée ponctuellement, en allant à des manifestations contre la fourrure par exemple, mais pas de manière permanente et active. Mon premier engagement de long terme, c’était de fonder un collectif dans mon université pour aider les exilés à se réinscrire à la fac. Mais c’est mon engagement chez Europe Écologie – Les Verts qui me convient le plus, parce qu’un parti politique concerne la vision globale qu’on a d’une société, et quand on s’engage pour EELV, on n’a pas à choisir entre différentes causes, qu’il s’agisse du climat, des animaux ou de l’aide aux exilés. On s’investit dans un projet politique qui concerne tous ces aspects-là en même temps pour défendre un projet global de société.

Avez-vous le sentiment que tes engagements pour les animaux sont bien représentés et défendus au sein d’EELV ?

Évidemment, comme je suis antispéciste, je pourrais considérer que mon parti pourrait aller plus loin sur la cause animale. Mais il faut savoir qu’un parti politique, c’est une structure mouvante, il y a des rapports de force internes et l’enjeu est d’y faire avancer la cause le plus possible. D’où l’intérêt de la Commission Condition Animale d’EELV, qui porte à bras-le-corps ce sujet et dont le rôle est précisément de faire bouger les lignes, pour contraindre celles et ceux qui ne s’intéresseraient pas à la question animale à la considérer avec sérieux. Et les Verts défendent depuis longtemps les animaux : mise en place d’un jour sans chasse en 2000, propositions de loi sur l’abolition de la vénerie et de la corrida, végétalisation de l’alimentation dans les cantines scolaires gérées par les maires écologistes, etc. On pourrait penser que le Parti Animaliste, parce qu’il est uniquement centré sur la cause animale, défend mieux les animaux. Mais pour moi, paradoxalement, le fait de se concentrer seulement sur la cause animale la dépolitise : cela revient à considérer qu’on peut se battre pour la cause animale sans se positionner sur d’autres sujets comme le droit des femmes à disposer de leur corps ou l’accueil des personnes exilées, alors que pour moi ce sont des combats aussi importants.

Voyez-vous des liens entre ces différents combats ?

Absolument. La manière dont on traite les autres espèces reflète la manière dont on traite les femmes, les personnes exilées, les plus pauvres. Beaucoup de chercheurs et chercheuses ont démontré qu’il y a un lien entre ces oppressions, notamment entre la domination des animaux et la domination patriarcale, comme Carol J Adams dans son livre La Politique Sexuelle de la Viande. Par ailleurs, les personnes qui luttent contre ces différents systèmes de domination sont souvent les mêmes : beaucoup de féministes, faisant le lien entre leur condition et l’oppression des animaux, sont devenues véganes et antispécistes. On retrouve beaucoup de femmes dans les groupes militants antispécistes. Il y a aussi des croisements politiques qui sont faits par les militants et militantes antiracistes entre antiracisme et antispécisme. La question animale n’est pas et n’a jamais été isolée des autres questions politiques, au contraire, et c’est en cela qu’elle gagne à s’inscrire dans le projet global de l’écologie politique.

Vous êtes candidate écologiste NUPES aux élections législatives, dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine à Boulogne-Billancourt. Pour vous, quel est l’enjeu pour les animaux dans ces élections ? Comment une députée écoféministe de Boulogne pourrait défendre les animaux à l’Assemblée ?

Cela va dépendre fortement de si la NUPES réussit à former une majorité, ou si nous sommes dans l’opposition. Si on a une majorité, on aura un gouvernement qui portera ces sujets, et je ferai partie des députées qui essaieront de pousser en interne, puis auprès des autres groupes parlementaires, pour que nos mesures soient les plus ambitieuses possibles. Si nous sommes dans l’opposition, l’enjeu sera de forcer la majorité à se saisir de la cause animale, en imposant le sujet dans le débat parlementaire, et ce travail devra se faire en lien avec la société civile. Ce qui est sûr, c’est qu’en tant que députée, je voterai pour toutes les lois qui iront dans le sens d’une amélioration de la condition des animaux, et je m’opposerai à toutes celles qui iront à leur encontre.


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Sarah Champagne
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Responsable du pôle politique et chargée de plaidoyer à l’Association Végétarienne de France et membre de la commission condition animale de EE-LV

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