Numéro 4Animaux domestiquesFaut-il laisser sortir son chat ? L’éternel questionnement des propriétaires

Eva Morand15 juillet 20215 min

Dans une étude, des scientifiques ont voulu observer l’impact de l’installation de différentes clôtures pour permettre de laisser sortir les chats dans un périmètre restreint. Une solution qui a le mérite de protéger nos chers compagnons et de rassurer les propriétaires les plus anxieux. Néanmoins, cette idée n’a pas fait l’unanimité parmi les félins participant à l’étude. Certains restent définitivement très attachés à leur liberté, sans grillage.

À l’heure où les humains n’ont pas vraiment apprécié qu’on leur impose un périmètre de sortie avec des horaires limités, il convient de se demander comment nos chats vivent leur enfermement dans nos doux foyers ?

Arbre à chat, étagère, tronc à griffer, tout est bon pour aider les « indoors » à supporter cette captivité, pendant que d’autres chats « outdoors », jouent librement les Yamakasi dans les jardins.

Heureusement, certains humains soucieux du bien-être de leur chat, mènent des études scientifiques pour tenter de savoir si des compromis sont possibles avec cette espèce au besoin insatiable de vagabonder.

L’étude des jardins sous protection

Des chercheurs ont mené une étude auprès de 400 propriétaires de chats britanniques. Le but était de savoir si l’installation de barrières de protection dans les jardins (pour empêcher le chat d’en sortir), pouvait être une bonne alternative pour leur donner accès à l’extérieur en toute sécurité.

Trois modes de clôtures ont été mis à l’essai :

  • Une barrière grillagée, accrochée sur le haut du mur ou d’un grillage déjà existant. Son inclinaison empêche les chats de passer par-dessus ;
  • Un grillage spécialement conçu pour éviter les « fuites » de chats. Le concept est le même que le précédent, mais s’utilise lorsqu’il n’y a aucune clôture existante ;
  • Un enclos pour chat ;

Les chercheurs ont interrogé des personnes ayant fait l’achat de ce type de protections et ont comparé le comportement de leur animal avant et après leur installation. La moitié des chats avait déjà accès à l’extérieur avant l’expérience et l’autre moitié a eu la joie de fouler le gazon pour la première fois de leur vie.

Pour tenter de mesurer correctement l’impact de ces installations sur le bien-être des chats, les scientifiques ont observé un certain nombre de paramètres chez chaque animal :

  • Son attitude détendue et sa volonté de jouer avec son propriétaire ;
  • Ses comportements basiques comme : la soif, la faim, le sommeil, la chasse, etc.
  • Ses éventuels problèmes de santé ou les craintes survenus ou disparus lors de l’expérience ;

La liberté surveillée, ça peut marcher

Résultat, malgré le temps pluvieux de Grande-Bretagne, 98 % des chats ont passé au moins 1h par jour dehors. C’est dire le besoin vital des chats de mettre leur museau à l’extérieur !

Pire, plus les chats étaient dehors plus ils étaient heureux. D’ailleurs, cet impact positif a été le même pour les chats indoors que pour les chats outdoors.

Par ailleurs, les visites des chats voisins ayant drastiquement diminué (grillage oblige) les chats de l’étude semblaient beaucoup moins stressés. Une sécurité aussi ressentie par les propriétaires qui n’avaient plus de raison de stresser à l’idée que leur petit protégé soit victime d’un quelconque accident.

En d’autres termes, un environnement plus sécurisé, mais limité, semble avoir un impact très positif sur les chats quelles que soient leurs conditions de vie précédentes. Fini les intrus dans le jardin (chats étrangers, faunes avoisinantes, etc.), leur territoire n’a plus besoin d’être partagé, ils peuvent régner en toute sécurité.

Mais comme toute étude sur les chats, on sait qu’il reste les quelques récalcitrants. Ces chats, au caractère bien trempé, ces insaisissables qui n’apprécient pas la liberté surveillée. Eux n’ont que faire de ces barrières et de ces clôtures, ils veulent vivre de chasse et d’eau fraîche, les propriétaires devront donc s’adapter.

Vie en intérieur versus extérieur, le débat

On sait que la vie sans accès à l’extérieur peut générer des problèmes de comportement (agression, auto-mutilation, etc.) qui ont le don de remplir les consultations des comportementalistes animaliers. Les chats sont heureux quand ils sont libres de faire ce qu’ils souhaitent (la liberté étant le pilier fondamental du bien-être des chats), mais cette vie de saltimbanque n’est pas sans risques.

En effet, nombreux sont les chats qui disparaissent. On pense souvent que notre jardin suffira à leur bonheur et on se convainc naïvement qu’il « ne va pas loin », et pourtant. En 2020, l’i-Cad, le fichier national d’identification des carnivores domestiques, a comptabilisé environ 49 000 chats perdus en 2020 soit l’équivalent de la disparition d’un chat toutes les 10,53 minutes ! Et encore là, il ne s’agit « que » des chats dont les propriétaires ont officialisé leur disparition, beaucoup d’autres manquent sûrement à l’appel (de leur maître).

À ces disparitions s’ajoutent les dangers de la vie, comme : les accidents de la route, les voisins malveillants, les voleurs, etc. Oui ce monde est bizarre, alors que de nombreux animaux sont lâchement abandonnés, d’autres sont volés et revendus sur internet. On marche sur la tête.

Alors même si cette étude n’a pas de valeur universelle, elle semble montrer que l’accès à un extérieur clôturé est un bon compromis pour les chats comme pour les humains, alliant liberté (surveillée) et sécurité. De quoi permettre à votre chat d’être bien dans ses pattes et à vous, de profiter de sa douce présence en toute sérénité.

Pour en apprendre plus, écoutez les épisodes du podcast Baleine sous Gravillon consacrés aux chats.

Eva Morand
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Rédactrice et comportementaliste pour animaux

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