Numéro 11Animaux domestiquesBien-être animal et amélioration du quotidien de nos pensionnaires au refuge de la SPA de Laon : notre priorité pour 2023

Réale Couchaux17 avril 20235 min

Comment améliorer le quotidien de nos pensionnaires et réduire le stress lié à l’enfermement, et ce dans l’optique d’une adoption dans un laps de temps réduit ? Nous avons taché d’apporter des réponses à cette question fondamentale via notre projet de site 2023 à la SPA de Laon, projet de site dont le fil conducteur est le bien-être animal.

Le bien-être animal est défini comme « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal » (Avis Anses, février 2018). 

Le bien-être animal est donc propre à chaque individu, et nous devons garder à l’esprit que chacun de nos pensionnaires aura son propre curseur pour exprimer son bien-être. De plus, cette définition induit l’aspect physique et émotionnel dans l’évaluation du bien-être de l’animal. Aussi, les émotions ressenties par l’animal vont donc être primordiales pour évaluer son bien-être. Enfin, évaluer le bien-être d’un animal implique de s’éloigner d’une vision anthropocentrée et de s’appuyer sur les perceptions et attentes des animaux, et non sur celles des humains. Le bien-être animal doit impérativement être évaluer du point de vue de l’animal et non de l’humain !

Nous utilisons deux outils pour mieux définir nos champs d’actions en terme de bien-être animal au refuge :

Les 5 libertés fondamentales définies par l’OIE :

  • Absence de faim, de soif, de malnutrition
  • Absence de peur et de détresse
  • Absence de stress physique et /ou thermique
  • Absence de douleur, de lésions, de maladie
  • Liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce

La pyramide de Maslow :

Dans un premier temps, nous tachons de répondre aux besoins « basiques » de l’animal, à savoir ses besoins physiologiques et de sécurité. Nous veillons à l’alimentation, à l’abreuvement, au repos, à la propreté et au confort de l’espace de vie de l’animal. Ces conditions sont indispensables pour combler son besoin de sécurité qui va ensuite lui permettre de s’ouvrir à une relation avec un ou des référents au refuge. En effet, nos agents animaliers tachent de créer un lien privilégié avec les animaux le plus rapidement possible afin de les aider à prendre leurs marques dans ce nouvel environnement anxiogène. Pour nos chiens à besoins particuliers, nous instaurons un binôme référent afin qu’ils puissent créer ensemble un lien de confiance indispensable à leur réhabilitation.

Une fois ces fondations en place, nous nous attelons aux autres besoins de la pyramide : les besoins psychologiques (besoins sociaux, besoins d’estime), et les besoins d’épanouissement (besoins d’utilité).

En termes de besoins sociaux, nous allons privilégier les interactions inter et intraspécifiques, en tenant compte toutefois des individualités de nos pensionnaires. Certains félins ne sont en effet pas très friands du contact prolongé avec les autres chats ou l’humain, tandis que certains chiens peuvent avoir développé une réactivité humains et/ou congénères. Il s’agira donc de respecter ceci, et de travailler à une plus grande stabilité émotionnelle de l’animal dans des situations spécifiques. C’est là qu’intervient le travail en positif avec notre éducateur canin qui accompagne les agents dans la rééducation des chiens, et plus particulièrement des chiens à besoins particuliers. Ce travail de réhabilitation permet d’instaurer une relation de confiance, respectueuse des besoins spécifiques de chacun, et ainsi de répondre aux besoins d’estime de nos pensionnaires.

C’est aussi dans le cadre de ces besoins sociaux que nous mettons en place des enrichissements dans nos chatteries pour favoriser le jeu et l’interaction intraspécifique ; et que s’inscrivent nos missions bénévoles Accompagnement du chat et du chien à la SPA. Ces dernières permettent à des bénévoles d’interagir avec nos pensionnaires. Nous avons également instauré à Laon des cani-randos mensuelles qui permettent à nos chiens des interactions avec d’autres chiens et des humains hors du refuge. Une vraie bouffée d’oxygène pour eux ! Dans le cadre de la privatisation du parc de loisirs We Can Dog It à Reims, nous offrons chaque mois à nos protégés la possibilité d’interagir et de partager ensemble des moments de loisirs dans un espace neutre, loin du refuge, car « La clé du changement de comportement est de changer les conditions » Dr Susan Friedman. Un focus est donc mis sur le management d’environnement dans le planning de nos activités.

Enfin, nous tachons de répondre aux besoins d’épanouissement de nos animaux. Pour vivre une « vraie vie » de chien, nos pensionnaires devraient pouvoir s’épanouir selon leur race et leur personnalité propre. Les races de chiens ont été créés par l’homme à des fins d’utilité (chasse, garde, troupeau…) et les chiens en gardent des prédispositions génétiques et des patrons-moteurs[1] spécifiques. Aussi, pour le bien-être du chien, nous nous devons de répondre à des besoins d’utilité spécifiques en fonction de la race et de l’individualité de ce dernier. C’est dans ce cadre que nous mettons en place des enrichissements en parc de détente et en box, et toute une série d’activités permettant une dépense physique et mentale, activités que nous ajustons en fonction de nos pensionnaires : Agility avec le club canin de Laon, Canicross, Jeux de flair, sports canins (Frisbee, Hooper, Treibball…) sont autant activités que nous développons, et qui ouvrent à nos protégés une parenthèse de bien-être dans un quotidien difficile. Car nous sommes conscients que le refuge est un espace où la notion de bien-être animal mérite une plus grande attention : bruits, enfermement, passages réguliers d’inconnus, proxémie, manque d’interactions… sont autant de paramètres à prendre en compte dans l’amélioration du quotidien de nos pensionnaires. Si ces activités ne permettent pas de créer un environnement parfaitement serein, elles servent malgré tout de palliatifs à l’altération de l’état physique et mental de nos protégés.

Ces activités permettent en sus de fédérer l’équipe salariés et bénévoles autour du bien-être animal, et de faire converger Protection Animale et Education Canine / Sport Canin dans une optique de réhabilitation, véritable clé de leur adoption.

[1]Patron-moteur :  « Un patron-moteur est une posture, un mouvement, ou une séquence de mouvements instinctive et auto-renforcée (autosatisfaction lors de la réalisation du comportement). Trotter, galoper, poursuivre un objet mobile, pointer, fixer un objet avec les antérieurs accroupis sont des patrons-moteurs » (Joël Dehasse, Tout sur la Psychologie du chien, Odile Jacob, 2009).


Réale Couchaux
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Responsable du Refuge de Laon
La Société Protectrice des Animaux

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